Entre juillet et octobre 1940, une lettre traverse sans encombre la Ligne de démarcation

Effectivement, une lettre partie de Montpellier (en Zone non occupée) le 24 juillet pour un destinataire en Zone occupée, plus précisément à Mercurey (Saône et Loire), lui arrive finalement le 13 octobre 1940. La durée du trajet aura duré un peu plus de deux mois et demi.
Qui aurait une explication de cette situation ?
• En effet, si le pli traverse la Ligne de démarcation entre le 25  et le 31 juillet, etc., pourquoi reste-t-il en souffrance en Zone occupée avant d'être distribué le 13 octobre ?
• De même, s'il reste, pour une raison inconnue, en Zone non occupée, au delà du 31 juillet, comment fait-il pour arriver à sa destination en Zone occupée, alors que l'ordonnance de von Brauschitsch entre en vigueur le 1er août 1940, ordonnance qui interdit tout trafic postal entre les deux zones ?
Lulu

bonjour,
y a-t-il d'autres marques postales au verso (je vois un bout de trait de crayon rouge) possibilité de censure ou currier retardé volontairement ?

bernard

Bonjour,
C'est la seule marque postale au verso. Le trait rouge est une partie de la marque qu'un des possesseurs de ce pli a apposée pour — sans doute  (?) — mettre en évidence la durée du trajet.
Les autres éléments qui apparaissent sont ceux de la griffe de l'expéditeur,  J. A. LAURENT/Agent général/MONTPELLIER (Hérault), complétée par son adresse manuscrite, 12 rue Jacques Cœur.
Lulu

Bonjour,

C'est effectivement une lettre curieuse.

Si l'ordonnance allemande d'interdiction du trafic interzone est datée du 18 juillet, elle n'a été communiquée officiellement que tardivement (message téléphoné du 30 juillet de l'administration centrale des PTT à ses services).
Cependant, dès la dernière décade de juillet, des correspondances sont revêtues de la mention "Inadmis".
Le retour immédiat à l'expéditeur était possible puisque celui-ci avait écrit son adresse au dos.
Cela ne semble pas avoir été appliqué ici. En application d'une première note datée du 3 août 1940 et adressée à tous les chefs de service, de telles lettres étaient alors versées en rebut.
Dans le cas présent, il s'agit d'une lettre à destination d'une commune d'un département coupé par la ligne de démarcation. Cela a obligé l'administration postale à réformer son organisation: le chef-lieu (Mâcon) est situé en zone libre, mais les rebuts sont traités par Dijon R P (fin de la circulaire EP4 du 29 août 1940 parue au BO et que tu as communiqué à R. Sené, Yvon, pour son article paru dans le n° 136 de Relais), Dijon étant le siège de la direction régionale et situé en zone occupée.
Je ne sais comment la lettre a été acheminée depuis la zone libre aux rebuts à Dijon.
Une autre circulaire EP4, du 19 octobre 1940, évoque un renvoi vers la zone libre en sacs étiquetés mais il était ici plus simple de mettre la lettre en distribution localement plutôt que de lui faire franchir à nouveau et inutilement la ligne.

Bonjour,

Si je relance ce fil, c'est simplement pour communiquer l'une des toutes premières notes officielles de l'administration postale annonçant la rupture des relations postales entre les deux zones: