Postes ottomanes ?

bonjour,

un spécialiste de la poste ottomane pourrait-il me donner des pistes (chamelières ou pas) sur l'acheminement d'une lettre de Beyrouth à Bagdad en 1868 ?



Ce n'est pas pour moi, c'est pour un camarade allemand (devinez lequel).

D.

Bonjour,

question bien complexe puis notre confrère d'Outre-Rhin a posé, et fait poser, cette question sur quelques autres sites également.

Du coup, je profite de répondre ici en français : la médiocrité de mon allemand et le peu d'infos disponibles ne m'incitaient pas à lui répondre en allemand, ni même en anglais...

Turhan TURGUT a publié récemment un ouvrage (bilingue turc-anglais ; cf. la rubrique bibliographie de ce forum) sur l'histoire postale de l'Empire ottoman. 

Le dernier chapitre est dédiée aux routes de poste. Il a compulsé différents Almanachs des postes et a cartographié ces routes (non reproductibles ici : l'ouvrage épais ne supporterait pas d'être écrasé sur un scanner ; et il les a tracées sur des cartes Googleearth : bonne idée puisque les frontières actuelles ne polluent pas le paysage ; mauvaise idée car le rendu graphique est très faible).

Il ressort donc : 
- il n'y a pas de route de poste ottomane entre Beyrouth et Bagdad.
- Beyrouth est située sur la route Constantinople / Jerusalem. Les "distances" (et la tarification) sont exprimées par la poste ottomane en heures de route. Beyrouth est à 374 heures de Constantinople.
- Bagdad est située sur la route Constantinople / Bassora. La distance Constantinople - Bagdad est de 464 heures.
- Acheminée par la poste ottomane, la lettre mettrait donc, de Beyrouth, 374 + 464 (les deux routes ne se croisent pas avant Constantinople) heures dans les meilleures conditions, soit +/- 35 jours... Cela n'a pas de sens en effet. On déduit donc un acheminement Beyrouth / Bagdad "direct", sinon on posterait carrément pour Constantinople !

L'auteur de l'article suivant (intéressant puisqu'il traite du fameux service automobile) :



suggère une piste (qui serait à cartographier et à explorer), mais ne cite pas de sources :




Par analogie avec la poste maritime, comme pour bien d'autres destinations, on peut imaginer que l'expéditeur compte sur un intermédiaire qui fera suivre ou acheminer sa lettre à partir de Beyrouth (mais pas de mention ici). Ou que celle-ci sera acheminée par la première occasion, suffisamment régulière et connue (à l'époque) pour ne pas faire l'objet d'une indication sur l'adresse... mais nous n'en avons pas gardé trace.

Bref désolé, beaucoup de bla-bla de ma part pour peu de certitudes, mais un sujet vraiment passionnant... 

Laurent.

bonjour Laurent,

Mare Nostrum a écrit:

- il n'y a pas de route de poste ottomane entre Beyrouth et Bagdad.

Oui, j'ai vu l'ouvrage de Turgut sur internet en recherchant "ottoman empire postal routes". Pour ma part, j'ai trouvé une route postale syrienne "Beyrouth/Damas", que suivait un courrier tatar pour Bagdad (par Palmyre ou pas, je l'ignore). L'ouvrage date de 1906, mais il est en partie historique (et en partie réglementaire), et les choses n'ont pas dû évoluer énormement en Turquie entre 1868 et 1906

J'imagine que si le routage se faisait par Beyrouth, c'est qu'il y avait un débouché postal (sinon, à quoi bon ?).



D.

Doudad a écrit:

bonjour Laurent,

Mare Nostrum a écrit:

- il n'y a pas de route de poste ottomane entre Beyrouth et Bagdad.

Oui, j'ai vu l'ouvrage de Turgut sur internet en recherchant "ottoman empire postal routes". Pour ma part, j'ai trouvé une route postale syrienne "Beyrouth/Damas", que suivait un courrier tatar pour Bagdad (par Palmyre ou pas, je l'ignore). L'ouvrage date de 1906, mais il est en partie historique (et en partie réglementaire), et les choses n'ont pas dû évoluer énormement en Turquie entre 1868 et 1906
D.

Bonsoir Doudad, 

ce n'est pas étonnant car cette route Beyrouth - Damas est déjà desservie en 1865 : les deux villes sont deux étapes successives de la route Constantinople / Jérusalem, séparées d'une "distance" de 24 heures. De Damas, la route file ensuite vers le nord et nord-ouest : Alep, Adana, etc. 

La logique veut donc qu'il y ait une bifurcation vers l'Est (ou le nord-est) à Damas. La question qui reste à résoudre est : la liaison à dromadaire Damas / Bagdad mentionnée par ton document existait-elle sous cette forme en 1868 ? Elle n'apparaît pas chez Turgut.

L.

Je n'ai pas approfondi, j'ai juste refilé la piste des dromadaires à l'ami Rainer, qui va la suivre.

Merci pour ton aide.

D.

PS : dans le Corps de droit ottoman, les tatars sont encore payés à l'heure de route, unité de mesure postale au début du siècle. On trouve ça aussi dans les règlement postaux néerlandais du XVIIIème.

Bonjour Jean-François

Je viens de découvrir le post ! Mon assiduité au forum n'est pas sérieuse même en période de confinement
L'ami Rainer a la réponse ….. par le désert 
Une de mes consœurs m'a montré cette lettre et m'a demandé de la doc la dessus il y a une bonne semaine
L'article de référence sur le sujet a été publié par le London Philatelist N° 1467 de novembre 2016


Pour les personnes intéressées vous pouvez le consulter ici : https://1drv.ms/b/s!Aq-BgeZPYgKJgtYXYsgz2eZLwMQcRw


Il existe à l'époque seulement 2 voies possibles:  
Soit par la voie du nord (Turquie) Soit par le désert via les caravanes au départ d’Alep
La route par le sud via le canal et la P&O ne sera effective qu'en 1871-1872


Maintenant Il ne reste plus qu'à trouver le nom du chameau 

bonsoir Jean-Bernard,

heureux de te lire, tu es trop rare.

Merci pour le texte, je prendrai le temps de le lire attentivement. Le Monde de l'HP est petit, tout le monde se pose les mêmes questions en même temps sur les mêmes objets, semble t'il.

Bonne soirée,
JF