Ecrire au Rio Pongo en 1860 : les débuts de la desserte maritime des Rivières du Sud

Bonjour,

voilà une destination peu courante pour le milieu du XIXe siècle, le Rio Pongo...

Nous sommes en Afrique occidentale, au sud du Sénégal où les Français sont présents depuis l'Ancien régime à St Louis et Gorée.
Le Rio Pongo est un des cours d'eau qui composent la zone des Rivières du Sud, comprise entre les implantations anglaises de Ste Marie de Bathurst (future colonie de Gambie) au nord et Freetown au Sierra Leone :  


Atlas Garnier, 1861

L'embouchure du Rio Pongo a été reconnue par la marine française dans les années 1830 :



puis sous le IId Empire :



Le secteur n'a pas encore été colonisé, on y trouve quelques missions catholiques et protestantes et un tout petit nombre de commerçants européens que l'on appelle des traitants :

Ils vivent à terre dans des factoreries : quelques cases et entrepôts pour stocker la marchandise achetée aux autochtones (arachides, café, ivoire). 
Un navire de commerce vient régulièrement la chercher, et apporte dans ses cales les produits européens qui seront échangés.

Voici une gravure représentant la factorerie anglaise de Mokibb au Sierra Leone. Il faut aimer la vie rustique : 



Sur le Rio Pongo sont installés en 1860 deux traitants français, c'est l'Annuaire du Sénégal qui nous ledit :



et ma lettre est adressée à l'un d'eux :



La question est donc comment écrit-on là bas ?

Oui, je n'ai pas précisé, mais "là-bas", ça ressemble à ça :



pas le moindre bureau de poste à l'horizon bien évidemment...

Il vous faut donc un correspondant dans un des deux ports anglais desservis par la Cie maritime britannique ASSCo, Bathurst ou Sierra Leone.
Cette compagnie assure une liaison mensuelle au départ de Liverpool, et la voie des paquebots anglais est facturée 80 centimes à l'usager français depuis le 01.01.1857 :

 

Ce correspondant peut être un commis de votre maison de commerce marseillaise ou bordelaise, ou le représentant consulaire français. Ca tombe bien, ce sont les deux seuls ports de toute l'Afrique de l'Ouest où on en trouve :



et c'est cette deuxième solution qu'a choisie l'expéditeur de cette lettre, je vous laisse vérifier la suscription.

Ensuite il n'y plus qu'à attendre que L. Ropert passe prendre son courrier, ou à lui faire passer par la première occasion maritime locale...

Les autorités françaises ont eu à coeur de sécuriser la présence de ces rares ressortissants français et ont donc signé des accords avec les chefs autochtones :

le premier traité signé avec un des ces personnages concerne le Rio Nunes en 1839. Au Rio Pongo, il faut attendre 1859 puis surtout 1866 :


ANOM/40.COL.178





Ca s'appelle un "traité inégal" et on comprend que les prémices de la colonisation ne sont pas loin : c'est là que sera créée la colonie de Guinée française 20 ans plus tard avec Konakry pour chef-lieu...

Les plus courageux, qui voudraient en savoir un peu plus, lirons l'article que je viens de publier :

https://www.academia.edu/116765398/Les_d%C3%A9buts_de_la_desserte_maritime_des_Rivi%C3%A8res_du_Sud_%C3%A9crire_au_Rio_Pongo_en_1860

L.

Superbe article comme je les aime. Une belle pièce philatélique, et beaucoup de recherches pour la faire "parler", c'est ce qui fait son intérêt.

Bonjour Laurent,

Très joli travail de recherche et article superbement documenté .
Je vois que tu écumes les ANOM .

François

Bonsoir,

merci pour vos commentaires.

Pour répondre à François, j'aurais bien aimé descendre aux ANOM d'Aix en effet, en plus ça m'aurait rappelé mes années d'étudiant (recherches sur la Tripolitaine italienne quand j'étais en licence, et sur l'Oubangui-Chari pour ma maîtrise !). Je me suis contenté d'explorer leur site, ils y ont numérisé une toute petite partie de leur fonds. J'espère que ce n'est qu'un début...

L.

Bonjour à toutes et à tous et en particulier à Laurent alias Mare Nostrum,

Je n’aurais qu’un mot pour te dire l’immense plaisir que j’ai à lire ton remarquable travail : BRAVO.

A+

Mare Nostrum a écrit:

Pour répondre à François, j'aurais bien aimé descendre aux ANOM d'Aix en effet, en plus ça m'aurait rappelé mes années d'étudiant (recherches sur la Tripolitaine italienne quand j'étais en licence, et sur l'Oubangui-Chari pour ma maîtrise !). Je me suis contenté d'explorer leur site, ils y ont numérisé une toute petite partie de leur fonds. J'espère que ce n'est qu'un début...

L.

Bonsoir Laurent,

Tu vois, j'étais persuadé que tu avais trouvé ces infos aux ANOM. En tous cas bravo !
J'ai eu entre les mains hier un ouvrage magnifique et pesant sur les agences de distribution d'imprimés et pour me laisser le souffle court  la présentation d'un bonne douzaine de ces documents de Marseille.
(Je n'en avais vu à ce jour qu'un ).
J’attends  avec impatience de pouvoir commander un exemplaire du livre de Dominique H.

F.

Bravo !

Bonjour à tous et bises aux dames,

Que dire, que dire à Laurent, si ce n'est que continuer de nous instruire.
Le remercier aussi pour ce travail. "Merci Monsieur le Professeur"


J'ajoute, juste pour la forme, que les tàd "xxx/Rivières du Sud " sont parmi les plus rares à trouver.
Quant aux lettres !

À bientôt.
Michel   qui aimerait bien que François d'Aubagne précise les références des deux livres évoqués, des fois que...

Bonsoir,

merci pour vos appréciations... je vais avoir du mal à trouver destination plus originale pour la prochaine fois !!

Quoi que...   

L.