Faux semblants

bonjour,

j'ai tourné un bon moment autour de cette lettre, à me demander si c'était du lard ou du cochon. J'ai fini par l'acheter, j'espère que mes héritiers ne m'en voudront pas trop.





Ecrite au Mans le 16 décembre 1866, avec deux timbres qui interpellent, au recto Le Mans Boîte Mobile, au dos 2188 (71).

La boîte mobile du Mans est (comme celle(s) de Bordeaux), une boîte urbaine supplémentaire, pour autant qu'on le sache. En bonne logique postale, elle a dû servir pour permettre la transmission aux ambulants des lettres en dernière limite d'heure, placée soit en centre-ville pour éviter aux usagers d'aller au bureau de poste, bien que Le Mans soit une petite ville en 1866, et que le bureau de poste soit assez central (rue de Paris ou rue Bourgeoise, selon les sources), soit sur la façade de la gare, ce qui paraît plus logique. Le bureau de gare du Mans n'était plus un entrepôt, mais un bureau annexe (BM113-janvier 1865), a priori doté des mêmes prérogatives et matériels (GC 2188, en particulier, et le droit de taxer) que la direction du Mans.

Il me semble comprendre, à la lecture du BM112 de 1864, que ce "bureau-gare de récente création" chargé de travaux analogue à celui des ambulants (ce qui n'a plus rien à voir avec le travail d'un entreposeur en gare) est tout bêtement devenu ce que les collectionneurs appellent un "bureau de passe", ce qui explique son dateur excentré 2188 (71). Il dispose aussi d'un timbre Le Mans-Gare, et non Gare du Mans, ce qui n'est pas pareil.

Tout ceci est bien joli, relié au trafic des ambulants et tout. Sauf que ni La-Suze-sur-Sarthe, ni Ecommoy ne sont concernés par le service des ambulants, mais probablement desservis par des courriers en voiture. Du coup, jeter sa lettre dans une boîte mobile urbaine n'avait aucun intérêt pratique. Et d'autre part, il faut admettre que les bureaux non ambulants (La Suze, en l'occurrence) transmettaient leurs réexpéditions en dépêche directe au bureau de passe du Mans, et non à leur direction de rattachement.

P.P. manuscrit en rouge signifie Partie pour, et pas Port payé. A noter que Guécelard et Moncé sont distants de quatre ou cinq kilomètres, mais pas desservis par le même bureau.

Si vous avez des commentaires approfondis, je suis preneur ...

D.

Bonjour JF,
 

Doudad a écrit:

Et d'autre part, il faut admettre que les bureaux non ambulants (La Suze, en l'occurrence) transmettaient leurs réexpéditions en dépêche directe au bureau de passe du Mans, et non à leur direction de rattachement.D.

 
Pas commentaire approfondi mais juste ce lien :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55094931/f33
 
Eric

bonjour,

merci pour le lien, je me suis aperçu qu'effectivement j'étais un peu à côté de la plaque avec mes courriers d'entreprise (vue trop restrictive du travail des ambulants).

En fait, fin 1866, il existe une ligne La Mans à Angers desservie par des courriers-convoyeurs. Ton tableau doit signifier que bien que le Paris à Rennes ne passe pas à La Suze (il faisait Tours Saumur Angers Nantes), ça ne l'empêchait pas de faire dépêche directe pour ce bureau, via les convoyeurs.

En grattant un peu, on doit pouvoir trouver la même chose avec Ecommoy sur la ligne du Mans à Tours. Possible aussi que le Paris à Brest (qui passait par le Mans) ait fait la même chose de son côté.

Du coup, La Suze (au moins) et Ecommoy étaient en relation directe avec les ambulants (au moins avec celui de Rennes), et donc il n'y avait pas de raisons qu'ils ne le soient pas avec les bureaux de passe du secteur (considérés comme "ambulants fixes", en quelque sorte).

Merci pour ce coup de projecteur.

D.

Doudad a écrit:

En grattant un peu, on doit pouvoir trouver la même chose avec Ecommoy sur la ligne du Mans à Tours. Possible aussi que le Paris à Brest (qui passait par le Mans) ait fait la même chose de son côté.

 
 
Ces deux tableaux, bien que l'un concerne la suppression des dépêches de l'Angers Paris vers Ecommoy et l'autre traitant "d'exception" le bureau d'Ecommoy (comme Le Mans), laisse suggérer que c'était probablement aussi le cas :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5824829z/f20
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55071741/f42
 
Eric

bonjour,

auriez-vous la bonté de m'infliger une bonne correction ? Juste au cas où mes délires prendraient trop d'ampleur ...

http://jef.estel.pagesperso-orange.fr/mobile/mobilemans.html

Merci.

D.

Belle page et ... rien à redire   

Eric

Bonsoir JF,

"Le guide mentionne plusieurs boîtes supplémentaires situées dans divers points de la ville, plus une à la gare où les correspondances peuvent être jetées "cinq minutes avant le passage des trains express". Peut-être est-ce là notre boîte mobile ?"
5mn avant le départ, ça faire un peu court pour que le préposé des postes en gare puisse timbrer toutes les lettres.

Un doc pouvant t'intéresser:

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58299093/f118.image.r=postes%20suze.langFR

Emmanuel

bonsoir,

vals59 a écrit:

5mn avant le départ, ça faire un peu court pour que le préposé des postes en gare puisse timbrer toutes les lettres.

Oui, je t'avoue que c'est là que le bât blesse dans ma démo. Le plus logique serait que la boîte pour la levée de dernière minute soit fixée au mur du bureau de gare (qui n'est donc pas un entreposeur, mais un bureau de poste), mais dans ce cas, cela justifierait-il le timbre spécial ? Et sinon, quel serait intérêt de mettre la boîte mobile à l'autre bout du pays, si c'est pour la lever trois heures avant ?

Merci pour le lien. Il y avait a priori deux convoyeurs quotidiens vers la Suze.

D.