Tarifs de 1704 et 1759

Bonjour,

Quelqu'un sait-il s'il y a une explication aux tarifs spécifiques pour les liaisons Perpignan - Lyon et Lyon - Perpignan figurant dans les rubriques "pays étrangers" des tarifs postaux de 1704 et 1759 ?

Ces tarifs sont-ils par ailleurs différents de l'application normale des barèmes en fonction de la distance ?

bonjour,

c'est lié (je pense) à l'existence de la malle espagnole d'Italie, qui desservait Lyon et Marseille depuis Valence et la Catalogne, en portant le courrier français.


Description générale des courriers etc ..., Blas de Arce 1736.

D.

Intéressant,

Tu suggères que ces lettres bénéficient d'un tarif particulier (réduit ?) parce qu'elles voyagent par la malle espagnole et pas par les courriers habituels ?

L'échange à cette époque des dépêches entre l'Espagne et l'Italie via la France (via Perpignan, Lyon et Pont de Beauvoisin) résulte d'une convention du 13 avril 1703. (Les relations de la France et l'Espagne de 1660 à 1849 de Michèle Chauvet).

Pas vraiment, dans la mesure où par convention (13 avril 1703), la malle espagnole est remise au courrier français à Perpignan-et-Pont-de-Beauvoisin qui se charge de la transmettre de l'autre côté en quatre jours, avec dépêche particulière pour Lyon.

Les lettres d'Espagne pour les villes françaises situées sur la route sont remises gratuitement à Perpignan et Pont-de-Beauvoisin, elles sont alors jointes aux lettres nées en France et soumises au tarif de 1704 comme si elles étaient nées en France.

Il me semble effectivement qu'il y a plus de cent lieues entre Perpignan et Lyon, le tarif "à la distance" devrait être de 8 sols.

D.

Dans le tarif de 1704, la taxe de 7 sols correspond à celle des lettres entre villes de province de 80 à 100 lieues.

Dans le tarif de 1759, la taxe de 10 sols correspond à celle des lettres entre villes de province de 100 à 120 lieues.

Il s'agit donc bien d'un tarif particulier, surtout si tu appliques la règle du double port. De Lyon à Perpignan, les lettres doivent bien passer par une ou plusieurs des villes de Narbonne, Montpellier, Nîmes, Avignon ou Valence pour augmenter le coût.

Doudad a écrit:

en portant le courrier français.

... je veux dire, "en portant aussi le courrier d'Espagne pour la France".

D.

marco a écrit:

Il s'agit donc bien d'un tarif particulier, surtout si tu appliques la règle du double port.

C'est un tarif particulier dans la mesure où il est inclus dans la rubrique "PAYS ETRANGERS" des tarifs de 1704 et 1759, et pas ROUTES (depuis Paris) ou PROVINCES les unes aux autres. Le double port ne s'applique pas. Le tarif porte sur un trajet entre bureaux d'échange, c'est un tarif hispano-italien (la taxe est prise de Lyon pour Pont-de-Beauvoisin).

De Perpignan à Montpellier ou Aix, c'est l'inter-provinces qui s'applique, je suppose, avec le double port.

D.

bonjour,

il est possible (simple hypothèse) qu'il s'agisse d'une survivance de l'accord passé en 1601 entre La Varanne et De Tassis pour le transport du courrier d'Espagne destiné à Rome, et retour.


Annales des ordonnances des postes d'Espagne, Madrid, Imprimerie centrale, 1870, tome 1

L'Espagne envoie ses ordinaires à Bordeaux (à l'époque, Perpignan ensuite), qui les fait acheminer jusqu'à Lyon, charge au directeur de Lyon de renvoyer à Rome et l'Italie. A Rome, le courrier espagnol est remis à la poste que l'Espagne y entretient, idem pour le courrier français. On retrouve les ordinaires de Lyon à l'Italie dans les chapitres LXXXVII du tarif de 1704.

Tassis paye à La Varanne trois sous par once de lettres, ou "ducientos" (deux-cents ?) écus d'or par ordinaire.

Les bureaux d'échange étaient alors Bordeaux (puis Perpignan) et Lyon, il n'y avait pas de bureau d'échange espagnol.

Pratiquement, en 1704, ça pourrait offrir à une lettre adressée de Perpignan à Lyon voyageant avec (sinon dedans) la malle d'Espagne (hebdomadaire*) de profiter d'un tarif préférentiel (la malle d'Espagne est livrée "en toute diligence", ce doit signifier qu'elle n'est pas retenue par les directeurs intermédiaires qui surtaxent le courrier de passage).

Hypothèses, je le répète.

D.

* il y avait trois courriers ordinaires hebdomadaires de Perpignan vers Paris et route (almanach), ceux-là devaient payer le tarif ordinaire. Paris à Perpignan, c'est la route de Provence, donc vallée du Rhône.

Bonjour,

Selon le livre de Michèle Chauvet, la 1ère convention France-Espagne daterait de 1601.

Ensuite, il y a entre autres 4 conventions pour l'échange des dépêches entre l'Espagne et l'Italie via la France en 1670,1680,1688 et 1696 avant celle de 1703.
Pour ces 4 conventions, les bureaux d'échange sont Oloron et Pont-de-Beauvoisin, avec un trajet Oloron, Toulouse, Bordeaux, Limoges, Clermont, Lyon et Pont-de-Beauvoisin.

En 1703, les bureaux d'échange deviennent Perpignan et Pont-de-Beauvoisin.

Doudad a écrit:

Pratiquement, en 1704, ça pourrait offrir à une lettre adressée de Perpignan à Lyon voyageant avec (sinon dedans) la malle d'Espagne (hebdomadaire*) de profiter d'un tarif préférentiel ...

C'est ce que j'ai suggéré dans mon 2ème post en m'exprimant de manière erronée puisque ces lettres françaises ne peuvent pas voyager dans la malle d'Espagne, mais avec.

Oui, on est d'accord ; ça reste à confirmer.

D.