Favoritisme ou délit d'initié ?

Bonjour à tous,

petite interrogation sur le pli suivant : lettre maritime de Naples (Royaume des Deux-Siciles) du 19 avril 1859 pour Livourne (Grand-duché de Toscane) arrivée le 21 avril (cachet au verso).

Je vais essayer d'être clair... 

Les conventions postales signées par la France et le royaume de Piémont-Sardaigne (effective au 1° juillet 1851), et le Grand-duché de Toscane (effective au 30 octobre 1851), et les Etats pontificaux (effective au 1° octobre 1853), et enfin le Royaume des D. Siciles (1° juillet 1854) prévoient que les vapeurs postaux français transporteront en dépêches closes les correspondances maritimes entre les ports de ces Etats italiens. Il n' y donc pas de boite au lettre à quai ou à l'embarcadère où les usagers pourraient jeter leur missives juste avant le départ du bateau. Il faut passer par le bureau de poste qui confectionne la dépêche.

Exemple : lettre de Gênes pour Messine du 25 mars 1859. Affranchie pour 1,40 lire (double port), remise et transportée en dépêche close par le Vatican des MI puis taxée en arrivée à Messine pour 32 grana (pas de convention postale entre les 2 Etats : expéditeur et destinataire paient chacun une taxe postale non négligeable !)





Or cette lettre de Naples pour Livourne porte le cachet à date du vapeur des M.I. qui l'a transportée, le Pausilippe :  



cela n'est possible que pour les lettre remises à la boite du navire ou directement à l'agent postal embarqué. Non autorisé entre ports d'Etats italiens différents ! 
D'ailleurs la taxation à l'arrivée en Toscane témoigne de l'embarras du postier : elle est taxée 13 crazie, c'est-à-dire le tarif des lettres du Levant acheminées en Toscane par les navires des MI !! C'est le seul type de lettre transportée par les MI pouvant être débarqué à Livourne non affranchie et hors sac postal. Sinon, une lettre de Naples pour Livourne, transportée dans la dépêche close (et donc affranchie au départ), est taxée seulement pour 6 crazie... 

D'où ma question    
On notera que l'expéditeur a apposé son cachet... et qu'il s'agit de l'agence d'une société de transport maritime des Deux-Siciles... petits arrangement entre amis ?

Vos réactions et suggestions sont les bienvenues  
Laurent.

bonjour,

pas facile de répondre de façon pertinente lorsqu'on y connaît rien (même avec une longue pratique des discussions improbables sur les forums).

S'il semble effectivement que les conventions ne règlent que les transports en dépêches closes, et qu'elles interdisent la remise des lettres à découvert aux capitaines, elles n'évoquent pas le cas des boîtes mobiles. L'article 21 de la convention franco-toscane de 1851 évoque le cas des lettres en transit remises à découvert pour un pays tiers, mais elles n'évoquent pas les Etats italiens (art. 21, tableau A - Naples pour la Toscane pouvant être considéré comme "en transit par la France via  paquebot français"), qui ne devraient donc pas être concernées par les remises à découvert..

De plus, le roi de Naples étant un mégalo pas rigolo, il semble qu'il ait voulu centraliser tout le courrier pour l'extérieur à Naples (unique bureau de sortie), histoire de pouvoir jeter un coup d'oeil dessus à l'occasion, en particulier sur celui qui venait du sud (Messine). Les espagnols ont fait la même chose, en centralisant tout à Madrid.

Mais il semble aussi que ça n'ait pourtant pas empêché la remise des lettres aux boîtes mobiles des paquebots, ce qui devrait signifier qu'elles étaient à disposition du public, les boîtes, sur le pont des barlus dans les ports italiens.

Et si elles étaient à disposition ...


Messine 25 janvier 1854

D.

Bonjour,

Doudad a écrit:

Messine 25 janvier 1854

C'est quoi donc, 10 décimes pour Messine-Marseille ? Selon la circulaire 106 du 22/12/1853 (application de la convention France / Deux-Siciles de décembre 1852 à dater du 1/1/1854), c'est 13 décimes pour 7,5 g par bateau (15 d si le trajet se poursuit en France au delà de Marseille).

Bruno

bonjour,

bc92 a écrit:

C'est quoi donc, 10 décimes pour Messine-Marseille ?

... a priori, ce pourrait être la taxe du Levant par Paquebots de l'Etat, arrêté des 4/19 juillet 1849, art. 3. Ce qui serait analogue à la taxation de la lettre montrée par MN (13 crazie, lettres du Levant acheminées en Toscane par les navires des MI).

D.

Bonsoir,

comme tu le suggères justement, Doudad, si la boite mobile recueillait les plis en port dû pour la France, on pouvait y glisser une lettre pour un autre Etat italien... On en rencontre cependant aujourd'hui (quasiment) jamais !

Concernant les lettres pour la France postée dans ces boites, on rencontre plus fréquemment des lettres au départ de Messine que de Naples. Les intérêts économiques français y étaient peut-être plus représentés que sur la partie continentale du royaume ? ou l'injonction de passer par un bureau de poste moins forte qu'à Naples ?

La taxation à 10 décimes de l'illustration proposée ici ne cadre en effet pas avec le tarif de la convention France / D. Siciles... On trouve 13 ou 15 comme le rappelle Bruno.

Voilà des aspects qui restent à creuser  

Laurent.