bonjour,
Noël arrive à grands pas, et bien qu'étant profondément mécréant et résolument anti-consumériste, je me sens obligé de sacrifier à la Saincte tradition du Conte de Noël.
Serrez-vous au coin de l'âtre, prenez une gorgée de vin chaud à la badiane, et ouvrez grand vos esgourdes, mes Petits.
Il était une fois un dénommé Koch (dont le second prénom était Basile), qui découvrit en 1882 la cause de la tuberculose, laquelle fauchait à l'époque et sans faire le détail hommes, femmes et enfants, mais de préférence pauvres. On ne savait pas trop comment soigner la chose, sinon en envoyant les malades au sanatorium, et ça coûtait des sous. Et les pauvres, en général, ça n'a pas de sous, allez savoir pourquoi.
Au début du vingtième siècle, un certain Finar Holboll, ci-devant receveur des postes à Charlottenlund, au Royaume du Danemark, où tout n'est pas si pourri que ça, finalement, eut l'idée de proposer à la famille royale (dont la résidence d'été, par un heureux hasard, était toute proche), sous couvert de son Administration, la confection et la vente au public de vignettes non postales à coller sur le courrier, lesquelles seraient vendues au public à prix modique pendant les périodes des fêtes de Noël, au profit des tuberculeux. Il est bien connu que la fin de l'année est une période propice à la Générosité et à l'Amour de son prochain. Le projet fut approuvé par le roi Christian IX. En vendant chaque vignette 2 öre (Monseignöre, il est l'öre !), soit à peine deux centimes et demi, ce qui est donné, par rapport aux blindes qu'on va sortir en foie gras et en champagne, on se ferait suffisamment de thune pour envoyer quelques tubards nécessiteux à la montagne.
Et c'est ainsi qu'au mois de décembre 1904, les danois se virent proposer une jolie vignette bicolore, affichant la trombine de la reine Louise, décédée six ans plus tôt à l'âge de 81 ans, et probablement pas de la tuberculose. En prime, on avait droit aux armoiries du Danemark, le tout surmonté du mot JULEN, qui signifie Noël en danois, tout le monde sait ça.
L'opération fut un franc succès, et le bénéfice, une fois prélevés dix pour cent au profit de la caisse de retraite des postiers, fut suffisamment important pour qu'on recommence l'opération l'année suivante, et les autres après, et qu'on soit copiés par les autres pays. La France, toujours à la pointe du progrès, s'y mit en 1925.
Voila, c'est tout pour aujourd'hui. Vous pouvez vous rendormir en attendant Papa Noël. Et ne trichez pas sur le calendrier de l'Avent.
D.