Bonjour à toutes et tous,
il est un point que je n'ai pas abordé dans le texte publié, c'est la question de la tarification et de la compensation des tarifs postaux entre GB et colonies australiennes. Un, parce que ce n'est pas simple ; deux, parce que le cachet afférent ne m'avait pas sauté aux yeux de prime abord. En effet, outre son timbre à date, l'office londonien a aussi apposé une marque, dont on aurait pu penser qu'il s'agissait de la part du port à payer par le destinataire :
1d soit 1 penny. Je l'ai cerclée de bleu ici :
Dans la jungle tarifaire qui régnait entre le Royaume Uni et les différentes colonies australiennes, dont chacune avait sa propre administration postale, une éclaircie bienvenue fut constituée par l'heureuse mise en place du tarif "
6 pence - tout compris" (
the All-In 6d Rate disent les britons) le 1er octobre 1854.
Cette somme payée par l'expéditeur (en règle générale) couvrait trois parts :
- 1 penny de port intérieur pour le pays de départ,
- 4 pence pour l'administration qui finançait ou subventionnait la ligne empruntée par le navire,
- 1 penny de port intérieur pour le pays d'arrivée,
dispensant le destinataire de toute taxe à payer.
Généralement, le transport s'effectuait sur les lignes régulières (à voile pour la période de ma lettre) qui étaient financées par le Post Office britannique : ainsi Londres conservait 1 + 4 pence en règle générale sur un affranchissement et accordait 1 penny à l'office australien. D'où cette marque (
accountancy marking) dite de compensation en français je crois.
Voici deux exemples (tirés du livre de Tabeart) :
lettre pour la Tasmanie, postée au Royaume-uni et affranchie pour 6d : l'office britannique frappe la marque
1d pour la part due à l'office australien (elle en garde 5 pour le port intérieur et le prix du transport maritime) :
Dans le sens inverse : lettre d'Adelaide (Australie du Sud) affranchie pour 6d. L'office australien doit 5d à Londres (4 pour le transport et 1 pour le port intérieur à l'arrivée) :
Manifestement ce principe était appliqué pour les lettres correctement affranchies qui passaient en transit à Londres (ma lettre de janvier 1855) : sur la somme récupérée auprès de l'administration française, qui avait encaissé 1 franc 60, Londres n'a attribué qu'un penny à l'office australien. D'où la marque
1d.
Principe corroboré aussi par l'apposition, par l'office français, du cachet
PD.Epilogue :
par souci de simplification, il fut décidé en 1857 que l'administration qui affranchissait la lettre et encaissait le port garderait toute la somme : c'était la fin de ces opérations fastidieuses de compensation entre Londres et les postes australiennes*, et la fin de la frappe de ces marques.
* sauf erreur, c'est le principe qu'institua l'UGP-UPU à l'échelle mondiale.
Laurent, qui espère avoir été clair
PS : quand le transport s'effectuait par bâtiment du commerce, la somme de 6d était partagée équitablement par les 2 offices.