Bonjour à tous et bises aux dames,
Commençons par le commencement. C'est généralement le plus simple. Et le commencement, c'est cela:
Le bureau de la Corderie, à Marseille, a été ouvert en 1895.
Le 29 août 1900, Géraud (qui signe
"votre fils dévoué") écrit à
sa
"Bien Chère Mère". Et que lui écrit-il?
Que son voyage de retour s'est bien passé (Cotignac, Var,- Marseille soit 100km.) Ne plaisantons pas! En 1900, 100km c'est un vrai voyage!
Il lui demande des nouvelles de Marie-Louise et de sa... diarrhée, bon.
Jusque là, rien de bien passionnant.
A la ligne suivante, une information:
"Monsieur le Maire est venu souper..."et il semble que les occupations ne manquent pas à l'édile. Oui, bon! Mais quel genre d'occupation?
La grève. Eh! Oui!
Une grève qui va durer 15 jours entre les 14 et 29 août.
Marseille, en 1900, c'est le port et toute l'industrie qui tourne autour. Une grève des dockers, c'est quelque chose que l'on prend au sérieux. Ce n'est pas la première, il y en a déjà eu. Les dix années précédentes en sont parsemées. Mais là, en août, c'est la première
grande grève.
Chose inhabituelle, le maire soutient les grévistes:
in "Provence Historique" avr/juin 1960 (p.145à179).
Mireille Lartigue-Vecchié
"Les grèves des dockers à Marseille (1890-1903)"
Nous trouvons dans ce texte, la confirmation de ce que nous pouvions supputer en lisant dans la lettre qu'il (le maire) n'avait pu rejoindre Madame Flaissières... et pour cause!
Revenons à notre maire. Qui est-il donc? Ki kélà pour nous renseigner? Wiki bien sur!*
"Fils d'un pasteur protestant, Siméon Flaissières obtient son doctorat à la faculté de Montpellier, vient s’installer à Marseille où il devient « médecin des pauvres », dans le quartier d'Endoume.Après un premier échec en 1884, il commence sa carrière politique comme premier adjoint (1887-1892). Il fut un des maires de Marseille de 1892 à 1902 et de 1919 à 1931. Il est élu sénateur des Bouches-du-Rhône en 1906 et fut l'un des premiers socialistes à entrer au Sénat."
Siméon, donc, continue
à œuvrer dans le sens d'une résolution de la grève...
Et qu'apprenons-nous?
Le 25, une réunion s'est tenue avec un certain Monsieur Féraud, président de la Chambre de Commerce. Du" lourd", non?
"Féraud", cela ne vous dit rien?
Mais oui! C'est le nom de la "Chère Mère" à qui est adressé le courrier! Coïncidence? Certainement pas.
Dans une telle période d'agitation, il ne faut pas être n'importe qui pour que le maire prenne le temps d'aller à un souper auquel vous le conviez.
On peut imaginer que des discussions "sérieuses" aient été échangées entre le maire(socialiste) et le président (représentant du Patronat). Sérieuses au point que 48 heures plus tard la grève sera terminée.
Reprenons.
Le 25, donc, une réunion s'est tenue entre les ouvriers et M. Féraud. A l'issue, M. Flaissières conseille d'accepter les avancements proposés.
Le 26, les ouvriers refusent.
Le souper a lieu le 27.
Le 28 au soir, M. Flaissières annonce la victoire aux ouvriers.
Alors, notre signataire est-il le Monsieur Féraud de la Chambre de Commerce?
Eh! Non.
Le président se prénomme Augustin et il a présidé de 1891 à 1901 (Décédé le 21 oct. 1923)
La destinatrice étant
"Vve Féraud", il ne peut s'agir (en 1900) de son épouse.
Le signataire (
"Géraud") ne peut, non plus, être le fils du président (vous suivez?).
Alors?
Je penche pour le frère.
C'est d'ailleurs bien connu. La Fontaine nous l'a apprit à l'école (gratuite, publique, laïque et obligatoire):
"si ce n'est toi, c'est donc ton frère!"A bientôt.
Michel
qui vous donne un peu de lecture... si vous le voulez bien!
http://provence-historique.mmsh.univ-aix.fr/Pdf/PH-1960-10-040_04.pdf * Même si Wiki s'est sans doute beaucoup inspiré du site du Sénat!
https://www.senat.fr/senateur-3eme-republique/flaissieres_simeon0329r3.html