"Bien cher Léopold..." : une lettre pour le Gabon en 1862

Bonjour à toutes et tous,

voici la première page d'une très intéressante lettre, adressée à un officier de la division navale des côtes occidentales de l'Afrique en 1862. On y trouve quelques allusions à la présence française dans le Golfe de Guinée à cette époque, avant que son expéditeur ne passe à plusieurs pages de nouvelles familiales moins intéressantes pour nous :




Le libellé de l'adresse dénote d'une connaissance certaine, de la part du jeune frère du destinataire, des voies postales à suivre : Liverpool (sans surprise la compagnie maritime pour atteindre l'Afrique de l'ouest sera anglaise) et Fernando-Po, bureau d'échange des correspondances adressées au tout nouveau bureau de (Port-) Gabon ouvert 4 mois plus tôt :





Cette lettre m'a donc lancé, ces derniers mois, dans une enquête sur la présence française dans la région. Elle est publiée ces jours ci et peut être lue ou librement téléchargée en suivant ce lien.

Si les cartes et illustrations sont très lisibles, je n'ai pas pu mettre tout ce que j'aurais voulu. Voici donc ici les illustrations complémentaires :

l'établissement français de (Port-) Gabon est situé dans l'embouchure du fleuve Como, au départ c'est un fortin érigé sous la Monarchie de Juillet et baptisé Fort d'Aumale. I est installé à l'est du village du "roi Louis" : 


vue la plus ancienne et la plus réaliste, tirée de Description nautique des côtes de l'Afrique occidentale de L.E. Bouet-Wuillaumez (1849) : 



Vers 1851, le fortin insalubre et vétuste est abandonné, un nouvel établissement est construit un peu plus à l'est. Voici son aspect dans les Notices sur les colonies françaises (1858) : 





et enfin de Le tour du monde, journal des voyages et des voyageurs (1865) : 




Pour autant, vous le verrez en lisant l'article, la présence française à cette époque restait TRES modeste... d'où l'intérêt di courrier de et vers cette région.


Laurent

Bonjour à tous et bises aux dames,

Laurent.

A ta remarque finale:

Citation :

Pour autant, vous le verrez en lisant l'article, la présence française à cette époque restait TRÈS modeste... d'où l'intérêt du courrier de et vers cette région.

j'ajouterai que M. de Pomyers (qui s'y connaissait en "colonies"!) considérait le Gabon comme étant la colonie la plus rare avec St-Pierre & Miquelon.

A bientôt.
Michel

Labroquerie a écrit:

Bonjour à tous et bises aux dames,

Laurent.

A ta remarque finale:

Citation :

Pour autant, vous le verrez en lisant l'article, la présence française à cette époque restait TRÈS modeste... d'où l'intérêt du courrier de et vers cette région.

j'ajouterai que M. de Pomyers (qui s'y connaissait en "colonies"!) considérait le Gabon comme étant la colonie la plus rare avec St-Pierre & Miquelon.

A bientôt.
Michel

Bonsoir à toutes et tous,

merci Michel, les recherches sur cette destination à cette époque se sont révélées particulièrement intéressantes... sans doute pour cette raison aussi !

Voici, en meilleure reproduction, la seconde lettre illustrant l'article : même destinataire mais 6 mois plus tard. Elle est adressée à Lagos (aujourd'hui Nigéria), "royaume du Bénin", où faisait escale notre Léopold. Elle est transportée au départ de Liverpool par le paquebot-poste Ethiope de l'ASSCo : départ le 24 mai 1863 sous les ordres du capitaine Smart. 
La marque manuscrite 1 indique la somme que le Post Office de Londres doit créditer au bureau consulaire britannique de Lagos : 1 penny. L'affranchissement ne ressort pas du tarif franco-colonial (50 c.), mais des destinations "tous parages par la voie d'Angleterre" (80c. par tranche de 7,5 gr.) 





Point rouge : Lagos
Entourée en rouge : l'embouchure de la rivière Como et l'établissement français du Gabon
(Atlas Garnier, 1862)




Laurent.

Bonjour à tous,

Un grand merci Laurent pour ce superbe article,  je guette toujours les articles ayant attrait à l'Histoire postale de nos colonies dans le magazine . Merci d'avoir partagé sur le forum, une partie du contenu de la lettre. Vous avez là deux pièces magnifiques, digne d'un musée.

Je me suis moi-même particulièrement intéressé au Gabon ces deux dernières années et ne manquerai pas de partager mes quelques pièces ici sur le forum.

Pour compléter la remarque de Michel, je préciserai que les lettres, fragments et timbres des débuts de la philatélie dans nos colonies sont particulièrement rares dans la Colonie de la Côte d'or et du Gabon. Les pièces à destination ou en provenance du Gabon sont rares mais celles des comptoirs de la Côte d'or (Assinie et Grand Bassam en actuelle Côte d'Ivoire), le sont encore plus.

Il suffit de regarder le nombre de timbres au type "Aigle" livrés à la colonie entre 1862 et 1870, il s'agit des livraisons les plus faibles avec Saint-Pierre et Miquelon et Mayotte et Nossi-Bé.

Merci encore et au plaisir de vous lire une nouvelle fois dans le magazine.

Belle journée à tous.

Bonjour Yann,

merci pour ce commentaire !

Les lettres du comptoir d'Assinie connues "à ce jour" (12 !) ont fait l'objet d'un article de Michel Melot dans TM de juillet-août 2008. Quelques-unes d'entre elles y sont reproduites, on en trouve aussi dans l'ouvrage magistral de Michèle Chauvet.

Bonne journée,
Laurent.

Yanko a écrit:

Les pièces à destination ou en provenance du Gabon sont rares mais celles des comptoirs de la Côte d'or (Assinie et Grand Bassam en actuelle Côte d'Ivoire), le sont encore plus.

Tout à fait d'accord avec toi, Yann!
J'aurai du préciser que la dénomination "Gabon" incluait (dans la pensée de l'auteur cité) les bureaux d'Assinie et Grand-Bassam.

A bientôt.
Michel

Bonsoir à toutes et tous,

toujours dans la VO Cérès en cours, cette sympathique (mais bien coûteuse) lettre pour un officier de marine de la Station navale des côtes occidentales d'Afrique.



Arrivée sur place elle ne trouve pas son destinataire et repart pour la France (Avranches). Auparavant elle l'aura attendu dans le golfe de Guinée un bon bout de temps puisqu'elle est timbrée au Gabon du 18 mai, et qu'elle a dû arriver sur zone début ou mi-mars
Dans les 2 cas, liaison avec les steamers anglais partant de Liverpool, avec environ un mois de navigation pour atteindre Fernando-po, point d'échange des correspondances françaises.

A noter que, depuis 6 mois, le comptoir de Côte d'Or ( = Côte d'Ivoire) avait été évacué.

L.