Escapade philatélique (fin...provisoire).

............. Ma présence n'interrompit pas son travail de bénédictin. Il m'avait senti arriver; sans relever la tête, sans un regard, il m'expliqua:" Tu vois petit, je suis en train de trier mes bleus. J'ai consacré une grande partie de mon existence à c'te foutu timbre. Cinquante ans qu'ça dure et j'en aurai sûrement jamais fini. Ca c'était un timbre. Y en a pas deux qui s'ressemblent! Ils lui ont donné le n°60 dans les catalogues à la Cérès 25 centimes de la République, le premier date du 1er septembre 1871. On en a quand même imprimé plus d'un milliard, tu te rends compte!.... Le chef de l'Atelier du Timbre, Hulot, après la défaite, a retrouvé les vieilles planches gravées par le père Barre et utilisées pour la Cérès de 1850 et a commencé l' impression, comme le tarif venait de passer de 20 à 25 centimes. Le matériel s'usait rapidement, vu les cadences il a fallu refaire de nouvelles planches en 1872. Mais ça s'est drôlement compliqué entre Hulot et le fils Barre qui était graveur général des Monnaies et Médailles. Ils se sont engueulés et le Hulot s'est démerdé tout seul pour graver et retoucher le nouveau poinçon ( l'original du père Barre était cassé ). Tout ça pour te dire qu'aujourd'hui, en gros, on se retrouve avec trois types, trois états différents comme y disent.... Et j'te parles pas des " remplaçants ", de la " grande cassure " et de la " grande tache de juin ". En plus, il y a les " variétés constantes " et les " anomalies accidentelles " . Tu demanderas au Rodolphe Hipp ou au Gilles Marion, ils t'expliqueront comment on fait la reconstitution d'un panneau de timbres. Ca s'appelle le planchage: t'as deux panneaux de 150 timbres pour une planche de 300............................ Soudain, jetant un oeil furtif à sa montre-gousset, il me jeta un " Merde, six heures, faut remballer. A la prochaine, petit, viens me voir si ça t'intéresse! ". "Je n'y manquerai pas monsieur!"



PS: J'espère que les personnes que j'ai citées ne m'en voudront pas de leur collaboration involontaire.