105ième R.I.L

Bonsoir à toutes et tous, pour faire suite à un "post" de Labroquerie : [url=https://collections.forumgratuit.org/t19445-documentation-en-ligne-histoire-de-france      une]https://collections.forumgratuit.org/t19445-documentation-en-ligne-histoire-de-france  [/url]
 Voici une lettre d'un aspirant du 105ième Régiment d'Infanterie de Ligne (1796/1815)  suite page II

page III …

 
Cet aspirant demande une aide financière à son père comme le font de nos jours nos chers enfants en ces temps de confinement.
Voila c'est tout. Cordialement

bonjour,

à noter deux curiosités sur le plan postal. La lettre est envoyée à Oléron (Oloron-Sainte-Marie) département des Basses-Pyrénées, ce qui lui vaudrait une taxe de 9 sous la simple dans le tarif du 5 nivôse an V (département à département, 52 lieues). Mais ce tarif a rétabli le sou en plus pour l'enveloppe, et il semble bien que ce courrier se compose de deux feuillets l'un dans l'autre, soit dix sous.

La taxe initiale de 10 sous est rayée, le contrôleur ayant pensé que pour Oléron Charente-Inférieure le tarif n'est pas aussi élevé, puis il a relu la suscription et rétabli la taxe, en rajoutant "en Béarn", histoire de préciser sans ambiguïté la destination.

Des sous, des lieues, des enveloppes et des provinces, le Nouveau Régime tarde à se mettre en place.

D.

 Merci Doudad pour tes précisions sur le tarif de cette lettre. J'en fais une petite fiche pour l'insérer dans celle-ci
Cordialement

En fait, attends un peu pour faire ta fiche, il semblerait que je me sois légèrement planté dans les tableaux.

Le temps que je reprenne le calcul ...

D.

Bon, je reprends, avec le bon tableau (celui du Finistère), ça change un peu les choses.

La lettre a donc été taxée de Brest le 10 juin 1798 comme simple pour Oléron Charente Inférieure, 80 lieues, 10 sous.

A Oléron, on a constaté qu'elle était pour Oloron-Ste-Marie. La taxe initiale a été annulée par le bureau des déboursés de ...? pour être retirée du compte du bureau d'Oloron, puis retaxée curieusement au même taux (peut-être parce que l'erreur initiale est à imputer à la poste) alors qu'elle aurait dû l'être à 13 sous, et renvoyée à Oloron avec l'adresse rectifiée, où elle n'est arrivée que le 30 juin (20 jours de délai total, avec possible passage par les déboursés de Paris).



Déboursé du 30 prairial (18 juin), peut-être de Paris, si la lettre est revenue d'Oléron à Paris pour être détaxée/retaxée. C'est à mon avis un document rare et intéressant postalement.





Si j'interprète bien, cette fois avec le bon département de départ. Si je me plante une deuxième fois, le ridicule m'achèvera avant le virus .

D.

Bonjour à tous et bises aux dames,

Tout le monde, ou peu s'en faut, a entendu cette question: "T'as pas cent balles?"
Aussi franche soit-elle, cette formulation est un peu directe, et surtout sa forme ("question fermée") peut amener une réponse négative!
Par contre, notre aspirant est beaucoup plus subtil dans sa formulation

Je reprends le bouquin de M. Chauvet, Les réexpéditions (Acad. Phil., indispensable, j'aurais dû commencer par là) pour quelques précisions.

D'abord, depuis 1792, il y a des bureaux de déboursé dans les départements, par où passent les fausses directions. Donc celle-ci n'est pas forcément passée par Paris.

Ensuite, la mention de déboursé et le mois doivent figurer au dos de la lettre, c'est ici le cas (IG 1792).

Enfin, la taxe est rectifiée à la hausse, à la baisse, ou pas du tout par le dernier bureau en correspondance avec le bureau destinataire. La taxe est recalculée "à sa juste valeur", en principe celle du bureau expéditeur au bureau destinataire, mais ce n'est pas une règle absolue.

D.

Re BJR Doudad pour avoir rectifié le tir et effectué les recherches sur cette taxe ainsi j'ai une belle fiche à mettre dans ma lettre pour explications futures si mes filles veulent la vendre un jour, c'est toujours un plus.
et merci  Labroquerie pour cette analyse de demande pécunière.

Cordialement

...

Très modestement, j'ai fait ressortir un aspect anecdotique que "dede" avait déjà souligné à la fin de son message

Citation :

Cet aspirant demande une aide financière à son père comme le font de nos jours nos chers enfants en ces temps de confinement.
Voila c'est tout.

Et bien non! Ce n'est pas tout!

Doudad vient d'expliquer pourquoi cette lettre présente un intérêt postal certain.

Je reviens sur une information "historique"...


Qu'en est-il de cet incendie?
Quel est ce vaisseau au nom symbolique?
Comme d'habitude, direction Wiki qui nous dit:
"Mis sur cale en 1794 à Brest sous le nom de Magnanime, toujours en chantier il est renommé Quatorze Juillet le 7 mai 1798"



Dans la nuit du 29 au 30 mai, un incendie se déclare dont on ne connaitra jamais les causes. C'est ce que nous apprend Jacques-Etienne Bédé dans son "Journal d'un ouvrier" écrit en 1820.


C'est la "Gazette des Deux-Ponts" (un duché allemand qui intégrera la Bavière en 1799) qui nous précise l'heure et les conséquences:


Mais il n'y a pas que les vivres dont la perte soit à déplorer.
Le Journal des Sciences Militaires des Armées nous en dit plus (en 1837 dans son vol.48)


Et, comme toujours, il faut un "responsable", un "coupable?" qui paie les pots cassés.
Ce sera le Commandant d'Armes de la Place de Lorient. Monsieur Jean Dalbarade* (ou d'Albarade)
Cour martiale, Tribunal militaire, Conseil de guerre.
Waouh! Là, on ne plaisante plus!
Wiki précise le jugement:

"Dalbarade comparait devant un conseil de guerre qui le déclare incapable de commander, comme convaincu de relâchement et de négligence dans le service.


A bientôt.
Michel


* Si Dalbarade vous intéresse... https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Dalbarade