Bonjour,
C'est un peu tard, puisque le déconfinement a eu lieu, mais je ne résiste pas à vous montrer ce texte reçu hier:
"CONFINEMENT ET PORTES CONDAMNÉES
Après presque deux mois de confinement, personne ne nous a jamais alertés sur une grave conséquence : nos portes sont condamnées. A ma connaissance, aucune ONG, aucune association n’ont réagi. Me faisant le porte-parole de toutes les portes condamnées, généralement sans jugement ou après un simulacre de procès, je voudrais vous conter l’histoire exemplaire d’une porte mise au ban de la boiserie qui s’est rebellée.
Un agent est passé et il a vu la porte grande ouverte. Il l’a verbalisée. Elle se demandait quel écart de conduite elle avait bien pu commettre pour mériter un tel traitement. La porte, déjà stressée (depuis quelque temps elle ne tournait plus très rond) ne voulut pas se laisser manœuvrer sans réagir, elle s’en ouvrit à son voisin, un portail trié sur le volet. Celui-ci lui conseilla tout bonnement de la fermer. Ce n’était qu’une porte et bien qu’elle ne fût point blindée, elle n’était nullement de bois et toutes ces tensions, ces pressions et ces secousses accumulées finirent par l’ébranler : elle sortit de ses gonds. Sous le choc, le parquet déposa une plinthe.
Devant le juge, après avoir refusé le huis clos, elle reconnut s’être emportée mais pour sa défense, précisa qu’elle était régulièrement frappée (sur la porte était écrit : frappez et entrez), pourtant, elle se dit prête à retrouver le droit chemin, pourvu qu’on ne l’envoie pas dans un centre de redressement. Mais le tribunal ne l’a pas suivie, ne lui trouvé aucune circonstance atténuante, ne lui a pas aménagé la moindre porte de sortie honorable. Le magistrat a jugé qu’en période de confinement, une porte ne devait pas rester ouverte à tous les dévergondages, qu’elle présentait un danger pour les passants car dans un accès de colère, elle pouvait très bien se mettre en porte-à-faux. Après le verdict, la porte n’est même plus une issue de secours, elle est condamnée. Un avis est placardé sur ses montants.
Mais la porte est une battante, elle a fait appel. Elle s’est adressée au juge d’application des pênes, mais celui-ci n’a pas levé le moindre écrou, laissé entrevoir la moindre petite ouverture, bref, elle n’a plus qu’à la boucler.
J’en suis certain : le 11 mai, elle mettra la clé sous le paillasson, puis prendra celle des champs."