Tarif Colonial en 1766

Bonjour,
J'ai du mal avec le port dû de ce pli en provenance de Martinique.

Je lis : 16 sols. A l'intérieur : Du fort royal, Isle Martinique ce 25 février 1766.
C'est donc le tarif du 1er août 1759 qui s'applique.
Soit : 4 sols d'acheminement jusqu'à La Flotte et 12 sols pour l'acheminement à Rodez.
Ma question est comment ont été déterminés ces 12 sols ?
Je n'arrive pas à m'y retrouver malgré l'ouvrage de Michèle Chauvet : Introduction à l'histoire postale.
Merci d'avance.

bonjour,

il doit falloir prendre le principe du double port en compte.

Les villes de double port sont, en l'occurrence, La Rochelle, Bordeaux ou Toulouse (une seule des trois).

Doubler le port à Bordeaux ou Toulouse, sauf erreur, ça reviendrait à payer 13 ou 14 sols, plus le tarif colonial.

Doubler à La Rochelle, ça donnerait 4 sols pour la colonie, 4 sols de La Flotte à La Rochelle, et 8 sols de La Rochelle à Rodez. Soit 16 sols.

Avec toutes les pincettes d'usage à prendre avec des gants pour ce genre de tarif, bien sûr ...

D.

Merci Doudad pour votre réponse.
Bien sur on est certain de rien car aucune marque de transit ni d'arrivée ne figure au verso du pli.
Question complémentaire :
Peut-ont utiliser les distances en lieues figurant dans l'ouvrage de Michèle Chauvet (dernières pages du volume 2) pour déterminer le montant de la taxe à appliquer entre villes de province ?

Cordialement,
Jean

Pour ce qui est des marques de transit, je ne pense pas qu'elles existaient à l'époque, et de toutes manières, la taxation ne doit pas en dépendre. Le routage est demandé par Toulouse, mais la taxation en double port se fait, en principe, au tarif le plus avantageux pour l'usager.

Pour ce qui est des distances de ville à ville données en lieues par Mme Chauvet, s'il s'agit des tableaux pour la tarification de 1792/1800 par département, c'est ça que j'ai utilisé, ça donne une estimation correcte, je pense. Sinon, c'est délicat (voire impossible pour nous autres, pauvres amateurs) de trouver les distances réellement utilisées à l'époque par la Ferme des postes pour la tarification. Usons donc des expédients dont nous disposons, gracieusement* mis à notre portée par l'Académie.

D.

* j'ai trouvé ces tableaux sur internet, Phil Flash, il y a déjà pas mal de temps.

Encore une fois merci Doudad pour ce complément d'information.
Effectivement les tableaux ont été publiés dans PhilFlash.

Bonsoir,

Doudad a écrit:

Pour ce qui est des distances de ville à ville données en lieues par Mme Chauvet, s'il s'agit des tableaux pour la tarification de 1792/1800 par département, c'est ça que j'ai utilisé, ça donne une estimation correcte, je pense. Sinon, c'est délicat (voire impossible pour nous autres, pauvres amateurs) de trouver les distances réellement utilisées à l'époque par la Ferme des postes pour la tarification. Usons donc des expédients dont nous disposons, gracieusement* mis à notre portée par l'Académie.

Oui, mais utilisons les avec les précautions d'usage. En particulier, le tarif de 1792 est basé sur des distances calculées à vol d'oiseau, et de centre de département à centre de département. En 1766, le tarif de 1759 se base sur "le nombre des postes et les routes que tiennent les courriers". Ce n'est pas la même chose du tout.

Bruno

bonjour,

certes, le calcul est différent entre 1759 et 1792. Le premier se base sur les routes de postes inscrites en postes dans la Liste générale des postes de France.

Pour tenter une estimation, sur Bordeaux à Toulouse, la LGPF nous donne 29 postes, soit 58 lieues de 2283 toises. La distance estimée à vol d'oiseau pour 1792 nous donne 48 lieues de centre à centre, toujours de 2283 toises.

Légèrement inférieur, donc, mais pas tant que ça.

La difficulté tient dans la recherche des petites villes.

D.

Doudad a écrit:

certes, le calcul est différent entre 1759 et 1792.

Je n'ai pas dormi de la nuit tant je craignais de t'avoir mortellement offensé

Mais cela m'étonnerait que l'on arrive à aller de La Rochelle à Rodez par les routes de poste en moins de 80 lieues (= limite des 8 sous). Mon calcul, peut-être fautif, donne un mini de 483 km, soit 108 lieues moyennes de 2283 toises. Il est vrai que ce n'est qu'une estimation par rapport à la règle postale...

Bruno

bc92 a écrit:

Je n'ai pas dormi de la nuit tant je craignais de t'avoir mortellement offensé

en fait, si. Je n'ai pas dormi de la nuit non plus, du coup. C'est bête, on aurait pu faire une crapette en ligne.

Pour le calcul des tarifs, le problème est en effet de savoir quelle est la route des poste la plus courte.

D.

Bonjour Doudad,
Bonjour Bruno,
Je suis vraiment navré d'avoir troublé votre sommeil.
Si je n'ai pas trop de mal à suivre votre raisonnement, il n'en reste pas moins vrai qu'il est difficile de déterminer la route prise par ce pli pour de La Flotte rejoindre Rodez, aussi je me contenterai pour commenter ce pli d'écrire : " Port dû 16 sols. Dont 4 au titre de l'acheminement de l'île de la Martinique à La Flotte et 12 pour l'acheminement de La flotte à Rodez. Tarif du 1er août 1759." J'espère que le jury s'en contentera.
A propos la taxe à du être inscrite à La Flotte ?

Candide a écrit:

A propos la taxe à du être inscrite à La Flotte ?

Non, La Flotte a simplement apposé son cachet "Colonies".

D'une manière générale c'est le dernier bureau de passe avant l'arrivée qui taxe. Ce bureau de passe étant de direction, composé, et en correspondance directe avec Rodez.

Madame Chauvet nous assure que cela se passait toujours ainsi (Les Bureaux taxateurs de France, FM Sup au N° 295).

Bruno

En l'occurrence, ce bureau taxateur pourrait être celui qui a calculé le double port, soit La Rochelle, Bordeaux ou Toulouse, a priori.

D.

En prenant la brochure "Les bureaux taxateurs de France ", je trouve le supplément n° 273 des FM : "Les tarifs de la poste aux lettres de 1759 et de 1792.
Je sens que c'est moi qui vais mal dormir !