Bonjour à toutes et tous,
à partir de la loi du 27 juin 1792, un civil qui écrit à [ou qui reçoit d'] un militaire en opérations à l'étranger bénéficie d'une facilité tarifaire : il ne paie que la portion du trajet effectuée sur le sol français, la portion en terre étrangère, assurée par la Poste aux Armées, étant prise en charge par l'administration. C'est valable pour les lettres expédiées en port dû (le soldat paye à l'arrivée) comme en port payé (l'expéditeur a payé au départ).
Afin d'inciter les civils à écrire en port payé aux militaires, la loi du 5 nivôse an V (25 décembre 1796) instaure un tarif réduit à 3 sous (15 centimes), porté à 25 centimes en 1810.
Mieux vaut un "tiens" que deux "tu l'auras" pensent les postes : si le soldat ne peut ou ne veut payer un lettre reçue en port dû cela génère du transport de correspondance et des formalités pour rien.
Voici un exemple, rien d'exceptionnel :
lettre écrite à Annecy le 12 août 1801 et destinée à un capitaine en garnison à Turin. Timbre PP et montant de la taxe payée au verso.
Payer le port d'une lettre lors de l'expédition n'est pas, on le sait, d'usage courant à cette époque. On pourrait penser que le tarif (très) avantageux offert aux expéditeurs les ait incité à affranchir leurs lettres pour les militaires... Ca ne semble pas toujours avoir été le cas !
Voici une coupure de presse du 16 septembre 1800, un avis publié à l'initiative du capitaine et trésorier du 102° régiment de l'armée d'Italie. Aux grands maux, les grands remèdes !!
Comment faut-il comprendre l'allusion aux "
frais considérables occasionnés" par les lettres en port dû ?
Au sens figuré : surcroît de travail pour le vaguemestre qui doit encaisser et tenir à jour un état des sommes reçues avant de les reverser à la Poste aux armées ?
Au sens propre : peut-on imaginer que le régiment fasse l'avance aux soldats ? voire plutôt à la Poste à réception de la dépêche, à charge pour lui de récupérer les montants auprès des militaires ? Je penche pour cette version, même si les IGP ne donnent aucune précision là dessus me semble-t-il (je ne les ai pas présentement sous la main).
Laurent.
Question subsidiaire : cette décision du 102° est-elle bien règlementaire postalement parlant !?