De modestes économies

Bonjour à toutes et tous,




ci-dessus une lettre en port dû postée à Turin, département du Pô (104), en avril 1807. Elle est taxée en arrivée à Rome pour 14 baiocchi, conformément au tarif établi par le décret impérial du 19 septembre 1806 (les 5 départements français du Piémont constituent la 27° Division militaire) :


Moniteur universel, édition du 23.IX.1806




La lecture du texte nous montre qu'elle a été rédigée à Lyon, chez le transporteur Bonafoux, Bourg et Cie. Cette société assure le roulage et le transport de passagers entre Lyon et Turin notamment, des commissionnaires se chargeant ensuite des expéditions plus lointaines : Milan, Rome et même Naples comme on le voit sur l'avis d'expédition.

Bonafoux & Co fait régulièrement sa publicité dans le Journal des annonces judiciaires de Lyon :

édition du 22 septembre 1810

En acheminant la lettre jusqu'à Turin, c'est à dire en postant dans un département italien une lettre destinée à un autre territoire italien, on grappille quelques sous, bien modestes. Voici le tarif pour une lettre de Lyon pour Rome : 



Soit une économie de 2 baiocchi, équivalent à un bien modeste décime !

L.

Bonsoir, 

Si comme je le comprends, il s'agit d'un "Port Du"....................... alors la petite économie peut être comprise pour diminuer la douloureuse du destinataire............................ ne s'agit-il pas en plus d'une demande de paiement ? 

Jean-Samuel

bonjour,

Sur ce lien un cas similaire, quelques années plus tard.

Formulaire commercial rempli au Havre, joint à une expédition ferroviaire pour Paris, posté à Paris, économie 10 centimes de port payé.

D.

PS : la rue Thévenot était située sur l'actuelle rue Réaumur, du côté de la Bourse, tout comme la rue Montmartre, ce qui explique le dateur au dos, en arrivée.

Bonsoir,

à côté du gain de 50 % illustré par la lettre acheminée de Doudad, mon petit 12,5 % fait piètre figure... 
C'est quand même un (petit) geste commercial, et peut-être aussi la satisfaction de ne pas (faire) payer le plein tarif théorique.
Pour répondre à Jean-Samuel, il s'agit d'un avis d'expédition même si l'on prend ici la peine de rappeler le montant des frais.

L.

Bonjour, 

je vous présente une deuxième lettre acheminée qui, cette fois, a permis un gain plus substantiel à son destinataire.



Elle est rédigée à Livourne, en Toscane, en juillet 1801 puis acheminée jusqu'à Turin où elle est remise à la poste piémontaise : l'achemineur (Brouzet & Cie dont le paraphe figure au verso) règle les 6 soldi [6 au verso] dus pour les lettres dirigées sur la France, mais le bureau de Turin en oublie d'apposer son timbre !

Le destinataire doit s'acquitter de 12 sous, selon le tarif de 1759 pour les lettres du Piémont livrées à Lyon, désormais convertis en décimes sur les lettres, soit 6 [inscrit au recto]. On appose le cachet de provenance DE PIEMONT (à l'envers, en bas à gauche de la suscription).



Le coût total du transport postal a été de 6 soldi ( // 3 décimes) + 6 décimes = 9 décimes.


La question est donc : combien aurait coûté ce parcours s'il avait été intégralement confié à la poste ?

Le tarif de 1759 nous donne le montant pour les lettres provenant de Toscane : 14 sous, soit 7 décimes en 1801.



Côté toscan,

il faut se référer au tarif du 1er mai 1801 qui augmente ("provisoirement" dit le texte !) les taxes postales :



Postée à Livourne, une lettre pour la France doit être affranchie à 13 soldi et 4 denari, équivalents à +/- 7 décimes.

.

Au final donc, cette lettre aurait coûté : 7 décimes (14 sous) + 7 décimes (13 s. 4 d.) = 14 décimes.

Ainsi l'achemineur a permis une économie de 5 décimes, plus du tiers.

L.

Nota : le tarif de 1759 est intégralement consultable et téléchargeable sur Gallica ; pour le texte toscan, merci à Alberto Caroli, éminent membre de l'ASPOT, l'association (italienne) d'étude de l"histoire postale de la Toscane, et rédacteur en chef de la revue semestrielle Il Monitore della Toscana     

Bonjour à toutes et tous,

dans la série "un sou c'est un sou", voici une autre lettre acheminée, cette fois pour une belle économie.



De prime abord, une lettre de Paris pour Paris redevable de 15 centimes inscrits en rouge pour un port local, conformément à la loi du 24 avril 1806.

L'en-tête nous donne la date de rédaction... et sa provenance réelle : Naples !



Ecrite le 22 décembre 1807, confiée vraisemblablement à un voyageur qui l'a postée à son arrivée (haut fonctionnaire, cadre du régime ? ou tout simplement quelqu'un qui habite près du Sénat), elle est distribuée le 5 janvier.



L'économie réalisée n'est pas négligeable : 15 centimes au lieu de... 16 décimes !! Soit un coût inférieur à 10 % de la taxe normale fixée par le décret du 23 septembre 1806.

Quant au destinataire, ceci expliquant peut-être cela, c'est Nicolas Clary... dont la soeur Julie a épousé Joseph Bonaparte qui est, à la date du texte, roi de Naples ! Et si au lieu de trouver place dans le bagage d'un voyageur, la missive avait été insérée dans une dépêche officielle de Naples pour Paris ? Une petite recherche complémentaire sur les temps de parcours devrait permettre de la déterminer.

L.

Erratum, le décret est du 19 septembre 1806, et non du 23 :



L.