"On paiera à l'exprès 15 sous"

Bonsoir à toutes et tous,



voici une missive du sous-préfet de Saluces (105, département de la Stura créé au Piémont en 1801) dont elle porte le contreseing sur la suscription, adressée par messager le 24 février 1814 au maire de Sanfront, petite bourgade de la haute vallée du Pô :



Il s'agit pour le sous-préfet de récupérer des récépissés qui devront être remis pour lui au messager :



Ces pièces comptables concernent des conscrits, assez aisés pour s'être fait remplacer et ainsi échapper à la guerre. L'allusion à la "levée des 120.000 hommes" est à replacer dans le contexte de la mobilisation quasi générale décidée en 1813 par un Napoléon qui voit pâlir son étoile militaire. Voici le détail de la pression exercée par la conscription au moment où se prépare l'hallali qui verra fondre sur la France les armées des Coalisés :

Henri Houssaye, La campagne de France 1814.

Sanfront est distante de 16 km de Saluces : un piéton doit relier la commune à la sous-préfecture une ou deux fois par semaine. C'est trop peu fréquent et sûrement la raison pour laquelle le sous-préfet recourt à un exprès qui sera payé...



... aux frais des conscrits (rescapés de la mobilisation) eux-mêmes ! Quinze sous équivalant à 7 décimes et demi.

On aura noté au passage l'originale formule de politesse de salutation : "agréez mes sentiments affectueux" !

L.


Almanach impérial, 1812.