Routage déroutant

bonjour,

en principe, il est d'usage que le routage demandé par l'expéditeur soit respecté, dans la mesure du possible, par l'Administration.

Pour une raison qui lui appartient, M. Claris fils a demandé que sa lettre du 7 août 1860 pour le négociant Sechino à Gènes (Sardaigne) parte par le premier vapeur quittant Cette (Hérault). Il a envoyé cette lettre en port dû, comme il en avait le droit.



Pour une raison qui appartient à l'administration, la lettre, postée le 7 août, est partie par le train en direction de Tarascon, entrée du réseau PLM. Là, il semble qu'elle ait pris le sens montant (ambulant de la nuit du 7 au 8 août MARSEILLE A LYON) avant de redescendre (ambulant de jour du 8 août). Elle a continué par voie de terre jusqu'à Nizza Maritima. Cette ville est devenue française par le traité de Turin de mars et le plébiscite d'avril 1860, mais elle continue provisoirement à utiliser des cachets sardes. La lettre rentre en Sardaigne le même jour, 9 août, par Ventimiglia, et arrive a Genova le 10 août.



A l'arrivée, la lettre est frappée d'un timbre manuel de taxe "5", avant que sont poids ne soit contrôlé et estimé à plus de 7,5 gramme. La taxe est alors rectifiée à "10", conformément aux articles 14 à 16 de la convention signée le 9 novembre 1850 entre la France et la Sardaigne, et valide encore jusqu'à la fin de l'année, qui fixe à 50 centimes le port des lettres pour chaque poids de 7,5 grammes lorsqu'elles circulent par la voie de terre. Les dix décimes sont convertis en monnaie courante locale, soit 1 lire, marque manuscrite L1.

Il n'est pas sûr que cette lettre ait pu effectuer le trajet plus rapidement par bateau, si tant est qu'il y en ait eu un au départ de Cette le 7 ou le 8 août. Par contre, le tarif en aurait été majoré de 20 centimes (article 17 de la convention du 9/11/50). L'Administration a donc calculé au mieux les intérêts de son client, sans tenir compte de son désir (mais en tenant compte de la légère erreur d'aiguillage ?).

Bonne lettre en vente pas cher sur mon site belge préféré (mais ce n'est pas réciproque ).

D.

Doudad a écrit:

Il n'est pas sûr que cette lettre ait pu effectuer le trajet plus rapidement par bateau, si tant est qu'il y en ait eu un au départ de Cette le 7 ou le 8 août. Par contre, le tarif en aurait été majoré de 20 centimes (article 17 de la convention du 9/11/50). L'Administration a donc calculé au mieux les intérêts de son client, sans tenir compte de son désir (mais en tenant compte de la légère erreur d'aiguillage ?).

Bonjour,
Bravo pour le décodage.
En l'occurence, c'est 40c qu'a économisés le destinataire, non ? Tarif par vapeur français 70c par 7,5 g.
C'est juste pour montrer que je t'ai lu avec attention.
Cordialement,
Bruno

bonsoir Bruno,

merci de faire remarquer à la Communauté ma nullité crasse en arithmétique . Donc oui, 70 centimes par 7,5 gr. par voie maritime, mais pas forcément par vapeur français, possiblement aussi par vapeur sarde.

Le partage des taxes se faisait à 2 tiers pour la France / 1 tiers pour la Sardaigne pour la taxe de base, et le supplément voie de mer allait au pays qui faisait le transport.

D.

Doudad a écrit:

bonsoir Bruno,
Donc oui, 70 centimes par 7,5 gr. par voie maritime, mais pas forcément par vapeur français, possiblement aussi par vapeur sarde.

OK, j'annote le bouquin des tarifs, qui ne parle que de "paquebots français de l'état", mais la convention que tu as examinée fait foi. Ou alors il n'y a pas eu de service de paquebots sardes, même si envisagé par la convention postale. Reste à trouver une lettre.

Cordialement,
Bruno

d'accord avec toi, bien que les Plénipotentiaires aient signé les articles 5 et suivants



le moyens des paquebots sardes, seulement envisagé par réciprocité, n'a peut-être jamais été mis en oeuvre (mais tout de même, les marins génois sont célèbres depuis l'antiquité, et ensuite pour leurs entreprises pendant les croisades, c'est bien le Diantre s'ils n'avaient pas au moins un vieux raffiot rouillé pour faire le service). Note que les paquebots pouvaient ne pas être sardes ou français, mais naviguer sous pavillon tiers pour le compte d'une ou l'autre administration.

Donc, le concours du jour, trouver une lettre circulée entre 1850 et 1860 par paquebot sarde ...

(je pense plutôt que le tarif a une optique très franco-française)

D.

Salut à tous

Doudad, si cette lettre t'intéresse l'un d'entre nous pourrais
l'acheter pour toi?

Merci Jeff.

Je te rassure, même si Doudad est suspendu de site Delcampe, il a plus d'un pseudo dans sa besace, cette vieille canaille .

Je vais chez Delcampe quand je veux, et j'y achète ce que je veux à qui je veux, non mais, c'est tout de même pas les flics qui vont faire la Loi !

D.

pour répondre à ta question, ça ne m'intéresse pas de l'acquérir, je la trouve juste intéressante pour l'exemple qu'elle donne du traitement du courrier dans son contexte précis (bonne illustration d'un cas particulier de l'application de la convention franco-sarde de 1850).

Mais c'est juste pour le sport, une fois que je l'ai bien examinée, je la remets à l'eau ...