Chinoiserie

Bonjour,

L'expéditeur de cette carte écrit le 17 février 1903:

"Je ne veux pas que le courrier anglais parte sans emporter quelques lignes pour vous (...) Le prochain courrier français de la semaine vous apportera une longue lettre plus détaillée..."


La carte est confiée au bureau français le jour-même (le bureau militaire est fermé depuis mai 1902). Elle circule en FM grâce à la marque du Commandant du 1/2 Escadron de Chasseurs d'Afrique* (la FM sera supprimée le 1er juillet 1903) jusqu'à Cannes puis Nice où elle est affranchie par la personne qui communique la nouvelle adresse à Savone, en Italie (pas de franchise pour l'étranger)!




On en arrive à ma question:

Le bureau français confiait-il vraiment ses dépêches aux navires britanniques? Y avait-il des accords entre les postes des pays européens en Chine?


Si quelqu'un en sait plus, merci par avance.



* Le Corps Expéditionnaire a été remplacé par une Brigade d'Occupation en novembre 1902.

De Shanghai, je verrais bien n transport français par l'OCÉANIEN arrivé à Marseille le 27 mars et qui était à Yokohama le 12 février.

Mais de Tien-Tsin à Shanghai?

Bonsoir,

dès le XIXe siècle, les correspondances françaises de/pour la Chine prennent les lignes de la P&O, avant que les M.I. n'ouvrent leur propre ligne, puis concomitamment : la règle est que le courrier parte par la première occasion (à tarif postal égal bien sûr).

Si l'expéditeur parle de courrier anglais, faisons lui confiance, c'est qu'il sait que le BENGAL (P&O) quittera Shanghai le 24 février 1903, ce doit être affiché au bureau de poste avec la liste des autres départs de paquebots. La malle est arrivée à Marseille en même temps que celle de l'OCÉANIEN.

L.

Citation :

le BENGAL (P&O) quittera Shanghai le 24 février 1903, ce doit être affiché au bureau de poste avec la liste des autres départs de paquebots.

Merci Laurent pour cette info!

Citation :

 la règle est que le courrier parte par la première occasion (à tarif postal égal bien sûr).

Le fait que la carte soit en franchise était-il compatible justement avec cette voie?

marcorse a écrit:

Citation :

 la règle est que le courrier parte par la première occasion (à tarif postal égal bien sûr).

Le fait que la carte soit en franchise était-il compatible justement avec cette voie?

M'étant focalisé sur le navire, je n'ai même pas vu que la carte était en franchise     !!

Donc, là, il faut effectivement chercher si les Anglais ont transporté du courrier français en franchise ; si ce n'était pas possible, la carte a forcément pris la voie française, l'Océanien donc.

L.

bonsoir,

cet objet pose un double problème, pour la voie anglaise : primo, seules les lettres simples ne pesant pas plus de 15 grammes sont admises à la franchise des militaires opérant en Chine en 1900/1903 (BM8/1900), et secundo, cette franchise est basée sur les textes de 1792/1871, qui précisent bien que seule la voie française est admise.

Sauf erreur.

D.

Bonsoir JF,

Citation :

seules les lettres simples ne pesant pas plus de 15 grammes sont admises à la franchise des militaires opérant en Chine en 1900/1903

Il semble que les cartes postales ont été également admises mais c'est intéressant de voir que ce n'était qu'une tolérance.

Bonjour,

Pour Doudad, cette carte envoyée vers le Centre du Monde depuis Tien-Tsin (3 mois avant la fermeture du bureau militaire), avec hésitation: taxera, taxera pas!  à rapprocher de ce que tu nous expliquais:

Citation :

seules les lettres simples ne pesant pas plus de 15 grammes sont admises à la franchise des militaires opérant en Chine en 1900/1903

bonjour,

en effet, la Lettre et l'Esprit. Le texte est clair, seules les lettres de 15 grammes au plus ... Mais la CP est souvent assimilée au régime des lettres.

La carte d'Egypte vient à propos, car il se trouve que nous avons un obélisque à Clermont-Ferrand, que nous aurions pu nommer Oblélix, mais qui est couramment dénommé "la Pyramide".



Voici ce qu'en dit, en résumé, La Montagne :

La mort du général Desaix, tué héroïquement en commandant la charge de cavalerie qui décida de la victoire de Bonaparte à Marengo, le 14 juin 1800, marqua les esprits, et particulièrement dans le Puy-de-Dôme, où il était né à Ayat-sur-Sioule, dans l’actuel canton de Saint-Gervais d’Auvergne.

La ville de Clermont-Ferrand, aussitôt, décida d'ériger un monument à la gloire de celui qui après la bataille des Pyramides, lors de la campagne d'Egypte avait été surnommé le "Sultan juste". On choisit l'emplacement, la place du Taureau, au carrefour des boulevards Lafayette, Ballainvilliers et Vercingétorix, pour dresser un obélisque en pierre de Volvic surmonté d'une urne qui, initialement devait recevoir le cœur du général.

Au fait pourquoi s'obstiner à appeler "pyramide" ce qui n'est qu'un obélisque ? En 1808, on proposa d'inscrire au bas du monument un poème qui commençait ainsi : "Passant, contemplez cette Pyramide". Le nom de Pyramide ne fut pas gravé dans la pierre mais seulement dans la mémoire des Clermontois. Il y est encore.

D.

La pierre de Volvic ne fond pas?

Cet obélisque, vous dites l’avoir construit vous-mêmes pour ne pas être obligés de le restituer !

marcorse a écrit:

La pierre de Volvic ne fond pas?

On ne sait pas, il ne fait pas assez chaud.

D.

Doudad a écrit:

La mort du général Desaix, tué héroïquement en commandant la charge de cavalerie qui décida de la victoire de Bonaparte à Marengo

Je ne sais pas pourquoi ni comment s'est imprimé dans ma mémoire un souvenir de lecture d'enfance : La mort de Desaix, dans Le Tour de France par deux enfants. On aime bien entendu le style très factuel et objectif de cet ouvrage.



Bruno

bonjour,

merci pour ces précisions, qui remettent totalement en question les textes antérieurs. Ma recherche n'a pas été assez poussée.

D.

Bonjour,

un grand merci à Jean-Luc pour toutes ces précisions très intéressantes!

Citation :

 Le trajet Tien-Tsin vers Shang-Hai s'effectuait habituellement en 4-5 jours via steamer. A cette date les ports de Chine du Nord sont souvent pris dans les glaces, je ne suis même pas sur qu'elle ait pu emprunter cette voie, l'alternative étant la voie de terre, plus aléatoire.

C'est à cela que l'expéditeur doit faire allusion:

"Le Pei-Ho est entièrement dégelé; on annonce que la passe va être libre aux navires."

Bonjour à tous,

Autant pour moi !

Le Pei-Ho est le fleuve qui mène à Tien-Tsin et ensuite à Pékin.
Son entrée était défendu par les forts de Takou que le corps expéditionnaire a du prendre d'assaut pour libérer les légations.
L'expéditeur avait a sa disposition les tableaux de marche. En partant le 17 de Tien-Tsin, il savait que sa carte allait louper l'Océanien même en rejoignant Shang-Hai par voie de mer.

Comme quoi en histoire postale il faut regarder attentivement les documents surtout lorsqu'on a la chance d'avoir une carte postale souvent plus riche en informations qu'une enveloppe. Et ne pas non plus négliger la géographie !

C'est vraiment un document très intéressant ! Merci

Amicalement,
Jean-Luc

Petite présentation de la carte sur mon blog:

Blog-philatélie et marcophilie: En toute franchise, mais dans une certaine limite! (marcorse.blogspot.com)


Encore merci à tous!

Bonjour les amis,

J'avais sur le document initial une impression de "déjà vu" et ça y et je viens de retrouver ...
Il s'agit d'un document relatif à René Largemain, Capitaine au 6ème Chasseurs d'Afrique détaché à Tien-Tsin.
Mon étude est partie de cette bande journal (les journaux sont explicitement de la franchise):



J'ai ensuite collecté différents documents :


Le Verso nous apprend que Mme Largemain s'appelle Berthe. C'est Berthe qui a écrit la carte, objet de la discussion, et qu'elle co-signe avec son mari René.

On apprend aussi que les parents de René habitent effectivement à Nice au 1 rue de Russie et que son père est Colonel :

 
Le Verso indique "Cher père ...".

Je peux rajouter que René Largemain promu Commandant est l'auteur d'un livre de souvenirs paru en 1912.
Il décède à Tours en 1909 à l'âge de 45 ans, son corps est inhumé à Cannes. 

Passionnante histoire postale qui nous permet de retrouver des histoire personnelles !

Amitiés,
Jean-Luc