Tricolore

bonjour,

puisqu'on est dans les conventions bilatérales, restons-y (ça nous changera des boîtes mobiles ).

Voici une belle lettre, avec une taxe inhabituelle (45, pourquoi pas 40 ou 50 ?), des marques d'une netteté remarquable, et une belle triplette tricolore toujours agréable à l'oeil (la lettre, elle, n'est pas à l'oeil, sur Delcampe ).



elle est partie de Cologne (24 juin 1858), passage par Aachen, la Belgique, Valenciennes, Paris le 25 juin et Mareuil probablement le lendemain.

Elle est intéressante pour les marques d'échange et la tarification.
Le Régence de Cologne fait partie de la Prusse Rhénane, la lettre est donc régie par la convention additionnelle franco-prussienne du 10/04/1853, à qui il ne reste que quelques jours de validité. Le tarif de port dû est le résultat de l'addition du tarif prussien, du transit belge et du tarif français.
Le point de départ du tarif prussien est matérialisé par le timbre noir COELN, et la distance entre cette ville et le point frontière germano-belge d'Aix-la-Chapelle est estimé à moins de 10 mille allemands (72 kilomètres, à vol de cigogne), soit une tarification au premier rayon, matérialisé par le timbre rouge PR.1R., soit Prusse premier rayon. D'après l'article 3 de la convention, la taxe allemande sera donc de 1 gros d'argent pour la lettre simple. Il y a 12 pfennig dans un gros, et 8 gros plus 1 pfennig égalent 1 franc (art. 22). Vous avez déja calculé que la conversion en centimes donne 12,37 centimes.
Le point d'entrée en France est fixé à Valenciennes, mais Cologne a fait dépêche close directement pour Paris, ce qui veut dire que la dépêche (le paquet de lettres) n'est ouvert qu'au bureau de Paris Etranger. Celui-ci applique son beau timbre bleu (apanage des bureaux d'échanges parisiens) qui indique le troisième échelon d'entrée de Prusse par la voie de Valenciennes. Toujours d'après l'article 3, le tarif pour le parcours franco-belge s'élève à 30 centimes la simple pour une distance totale supérieur à 30 kilomètres.

Addition simple : 12,37 + 30 = 42,37 arrondis à 45 centimes, matérialisés par un taxe creuse (Pothion 2516) qui je pense n'était en dotation qu'à Paris (mais je peux me tromper). Dommage que la taxe creuse soit un peu floue, sinon c'était la lettre parfaite.

D.

Bonjour,

Tricolore, tu triches un peu, mais pas de problème.

D'accord avec la décomposition du tarif en deux parties, peut-être peut-on préciser que la Belgique prise en sandwich doit toucher sa part, mais celle ci est sans doute régie par la convention franco-belge en cours. Je n'ai pas recherché la convention, mais le cas des lettres en transit me semble réglé par la convention entre le pays destinataire et le pays de transit (La Prusse a droit une fois pour toutes à son gros par convention). ?

Bruno

bonjour,

bc92 a écrit:

Tricolore, tu triches un peu, mais pas de problème.

noir, rouge, bleu, trois couleurs, tricolore. En imprimerie, le noir est une couleur. La quadrichromie, utilisée en offset, par exemple (mais pas que, les imprimantes d'ordi utilisent aussi le principe CMJN) mélange trois couleurs basiques avec le noir pour obtenir la gamme de teintes.

Citation :

peut-être peut-on préciser que la Belgique prise en sandwich doit toucher sa part, mais celle ci est sans doute régie par la convention franco-belge en cours.

L'article 1 de la convention franco-prussienne de 1853 règle le cas du transit belge (ce qui laisse penser que c'était un point important). Il dit que c'est la Prusse qui paiera le transit à la Belgique, mais, dans le cas des lettres non affranchies de Prusse vers la France, d'après le remboursement des droits idoines par la France. En d'autre termes, la France perçoit 30 centimes par 7,5 grammes "pour prix du parcours sur le territoire français et le territoire belge" (art.3), et en rembourse une partie à la Prusse (peut-être 5 centimes, ce qui laisserait 25 centimes à la France pour son port interne, tarif de 1850 - la convention date de 1853).
5 centimes (par 7,5 gr.) peuvent paraître peu, mais la Belgique n'effectue aucune manipulation postale autre que la transmission des sacs, c'est un simple droit de passage. Par analogie, dans la même convention, le remboursement de la Prusse à la France pour le transit des lettres pour la Suisse est de 15 centimes par 30 grammes.

Citation :

Je n'ai pas recherché la convention, mais le cas des lettres en transit me semble réglé par la convention entre le pays destinataire et le pays de transit (La Prusse a droit une fois pour toutes à son gros par convention). ?

Dans le cas des lettres en port dû de Prusse vers la France (qui perçoit donc la totalité du port à l'arrivée), le remboursement français est de 1 gros (12,37 centimes) par 15 grammes (1er et 2ème port français) pour le 1er rayon (moins de 10 milles allemands), 2 gros pour le 2ème rayon (10 à 20 milles), Troigros (place de la Gare, Roanne) pour le 3ème rayon (au-delà de 20 milles). On voit que la France ayant perçu, pour le port allemand, 15 centimes arrondis pour 1 gros, elle empoche un petit bonus de 2,63 centimes par 7,5 grammes sur le dos du destinataire.

en résumé :
taxe perçue 45,00 centimes
port allemand 12,37 centimes (remboursés à la Prusse)
port français 25 centimes (conservés par la France)
transit belge 5 centimes (remboursés à la prusse, puis à la Belgique)
arrondi 2,63 centimes (conservés par la France)

sauf erreur d'opération et d'interprétation
D.