bonjour,
un cas intéressant de courrier à cheval sur les dates d'application de la convention franco-allemande de 1872.
Côté français, le 22 mai, on a encore pas promulgué au J.O. le nouvel accord (ratifié le 15 mai à Versailles par les deux pays), et le système précédent est encore appliqué : chaque pays affranchit au tarif intérieur de son propre territoire.
Ici, l'expéditeur à affranchi à 25 centimes pour le parcours français, mais il a aussi rajouté un timbre allemand à deux gros d'argent qu'il possédait, pour le parcours allemand, pensant éviter la taxe à son correspondant.
Côté allemand, on applique immédiatement la convention après ratification. Le 15 mai, la taxe dans le sens France-Allemagne doit être de 40 centimes pour une lettre affranchie, et de 5 gros d'argent pour une lettre non affranchie.
Mais les alsaciens-mosellans y mettent vraiment de la mauvaise volonté.
Ici, l'agent frontalier, considérant avec raison le timbre allemand comme nul au départ de la France, a demandé une taxe au destinataire. Règlementairement, il aurait dû demander une taxe de trois gros (comme à Roanne), soit 5 gros moins les deux gros équivalents au timbre français. Il aurait pu demander 1 seul gros (différence avec les deux gros du timbre français plus les deux gros du timbre allemand). Au lieu de cela, il n'a demandé que deux gros, qui correspondent à la taxe allemande du tarif antérieur, c'est-à-dire plus à rien.
A l'arrivée à Mulhausen, désormais en Allemagne, le postier a justement considéré le timbre allemand comme nul, il l'a rayé avec une certaine jouissance, mais pendant qu'il y était, il a aussi rayé la taxe allemande, et il a fait délivrer la lettre sans taxe, au tarif intérieur français.
Vous n'aurez pas l'Alsace, ni la Moselle !
Transit Paris et arrivée Mulhausen le 23 mai.
D.