Taxe avion ?

Bonsoir,

je viens de recevoir une lettre qui me paraît intéressante pour pleins de raisons.



Levée à Casablanca Maroc le 2 mars 1931 à 19H15, adressée en Suisse, elle est affranchie au tarif international de surface du premier échelon (1,50 f. depuis le 1/8/1926), plus la surtaxe avion des lignes Latécoère depuis le Maroc - et en l'occurence jusqu'à Marseille, terminus de la ligne, soit 1 franc par 10 grammes (décret du 23/5/1929).

Mauvais départ, elle loupe l'avion du 2, reçoit une belle griffe de justification AVION PARTI, part certainement le lendemain, passe à Marseille-Gare-Avion le 4 mars à 17h30. Elle arrive à Chêne-Bourg le 5 au matin.

Elle porte une grande marque manuscrite T, une autre plus petite en bleu, l'indication 0,16 or, et un nombre 20 en rouge.

Pourquoi cette taxe ?

A mon humble avis, c'est parce qu'à Marseille, l'employé a préférer la router par voie aérienne plutôt que par voie terrestre. A cette époque passait à Marseille l'avion de la D.L.H. (Deutsche Luft Hansa) qui faisait la ligne Barcelona-Marseille-Genève-Frankfurt-Berlin.

Mais comme nous l'avons vu il y a quelques temps ( http://pagesperso-orange.fr/jef.estel/surtaxaer.html ), à cette époque, les taxes avion s'appliquaient distinctement pour chaque ligne, et non pour le trajet avion global.

L'employé a donc calculé le manque, selon le tarif avion de France pour la Suisse (0,50 franc par 20 grammes, décret du 20 mars 1928), soit, au double, 1 franc. A cette époque, le rapport entre le tarif postal international français de la lettre et le même tarif-or était de [1,50 : 0,25 = 6]. Le postier à alors divisé le franc manquant par l'indice 6, et a inscrit la taxe à payer, en francs-or, au crayon bleu = T 0,16 or.

A la réception à Genève, le postier suisse a reconverti ces 0,16 or en francs suisse, selon le même principe. Tarif postal de la lettre U.P.U. = 0,30 FS / 0,25 or = 1,2, multiplié par 0,16 = 0,192 franc suisse, ou 20 centimes, autrement dit.

Le marseillais a dû se dire que les suisses étant pétés de thunes grave, ils pouvaient tout de même se permettre de sortir 20 ronds pour récupérer leur courrier.

Ceci est une hypothèse : des avis contraires ?

D.

Doudad a écrit:

Le marseillais a dû se dire que les suisses étant pétés de thunes grave, ils pouvaient tout de même se permettre de sortir 20 ronds pour récupérer leur courrier.

Ceci est une hypothèse : des avis contraires ?

Bonsoir,

Pas vraiment, mais pourquoi exclure catégoriquement une taxation à Casablanca ?

Y a-t-il une adresse d'expéditeur ?

(pour la petite histoire : on a ici 1 peseta = 1 franc, mais 1 franc suisse = 5 francs français. Mystères de la géopolitique.)

Bruno

bonjour,

bc92 a écrit:

Y a-t-il une adresse d'expéditeur ?

tu veux dire pour rectification de taxe ? Non, dommage. Au dos, une mécanique Marseille-Gare et une manuelle Chêne-Bourg.



sur celle-ci, affranchissement à 6 cents, oblitération mécanique Mobile, griffe "returned for additional postage", complément d'affranchissement à 2 cents, oblitération manuelle Mobile (8 février 1928 pour Le Havre). Pourquoi 2 cents de plus ? ça correspond au tarif intérieur US de la lettre, 6 cents correspondent à la taxe avion ...

Citation :

Pas vraiment, mais pourquoi exclure catégoriquement une taxation à Casablanca ?

Je ne sais pas, ça ne me paraît pas logique. L'employé de Casa ne me paraît pas en position de choisir le routage (fer/air), alors que celui de Marseille a pû estimer que cette lettre avait assez perdu de temps comme ça. Quoi que la différence de temps entre le train de nuit Marseille-Lyon-Genève et l'avion ne devait pas être phénoménale. Mais quid des barres violettes ? Elles existaient à l'époque, donc si la lettre avait dû finir par voie de terre, elles auraient dû être appliquées à Marseille ...

D.