Parcours tamponné

Bonsoir,

Je suis tombé hier sur cette lettre dont j'essaie de comprendre le parcours:
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Je pensais que les convoyeurs n'affranchissaient pas le timbre? De plus il n'y a pas de date sur leur cachet - est-ce normal?
Donc déposé le 2 septembre à la gare de Montrejeau sur la ligne Bagnères de Luchon à Tarbes - bizarre à l'opposé de la route naturelle vers Toulouse.
Au dos un autre cachet convoyeur .....(Tarbes?) à Toulouse
Un cachet ambulant que je n'arrive pas à lire
Puis Marseille à Lyon
Et Aix les Bains le 4 septembre

Ai-je bien tout relevé? Et ce tarif à 30 centimes correspond à quoi?
Le cachet de cire aussi est mignon - où pourrais-je en trouver l'origine,

D'avance merci pour votre aide?
François

Bonjour,

C'est que pour aller de Luchon à quelque part, il faut d'abord remonter au nord, et pour cela emprunter le "Bagnères-de-Luchon à Tarbes". Oblitération par le cachet convoyeur-ligne tout à fait normale en 1879.

On saute du train à Montréjeau (correspondance pour Toulouse, quai n° 2 !) pour bifurquer vers le nord-est : Tarbes à Toulouse.

A Toulouse, on attrape le "Bordeaux à Cette" ou quelque chose du même tonneau. Qui permet de rejoindre le "Marseille à Lyon" pour atteindre finalement Aix-les-Bains via Lyon.

30c correspond au port double, 15 à 30 g. Le cachet de cire, ma foi...

A noter aussi l'adresse en poste restante, service tout à fait gratuit en 1879.

Bruno

bonsoir,

jolie lettre, affranchie au tarif de la lettre du second échelon de poids (du 1/05/1878 au 15/04/1906, pour une lettre de 15 à 30 grammes)

Elle a été jeée dans une boîte mobile ou donnée sur le quai au convoyeur de la ligne Bagnères-de-Luchon à Tarbes, quelque part entre Bagnères et Montréjau. Le sceau de cire peut donner une indication, si on peut avoir un gros plan (je tâte un peu d'héraldique à mes moments perdus). La lettre est placée par le convoyeur, qui a le droit d'oblitérer les timbres depuis juin 1876, dans une enveloppe pour l'entreposeur de Montréjeau, puisqu'il n'y a pas de bureau ambulant sur la ligne Pau à Toulouse, seulement des convoyeurs.

A Montréjeau, l'entreposeur transmet la lettre au convoyeur de la ligne de Pau à Toulouse, qui fait dépêche pour le bureau ambulant de nuit BORDEAUX A CETTE 1°, en gare de Toulouse. Après Toulouse, l'ambulant fait dépêche à son tour pour son collègue du MARSEILLE A LYON 1°, dépêche qu'il va confier au CETTE A TARASCON qui va acheminer la lettre jusqu'à Tarascon. Après Tarascon, le MARSEILLE A LYON fait à son tour dépêche pour le bureau sédentaire d'Aix-les-Bains, avec qui il est en correspondance.

D.

Doudad est beaucoup plus précis que moi, pas de lézard.

Bruno

Pendant qu'on y est, Eugène Guillaume est une célébrité (wikipédia).

Eugène Guillaume eut pour élève Louis Mathet, qui avait 26 ans en 1879, et avait pour compagnon d'apprentissage Jean-Marie Mengue, de Bagnères-de-Luchon, entre autres compagnons sculpteurs bigourdans. Voir Wiki.

Et en post-scriptum, je recommande :

Géographie des chemins de fer français, H. Lartilleux (Ingénieur principal à la SNCF), CHAIX, 1962, 370 pages. Très intéressant, le texte, description des lignes, des cartes générales et locales. Epoque 1960 certes, mais l'intro donne quelque cartes du maillage ferroviaire français infernal d'avant 1920.

Bruno

Bonjour à tous,

Merci beaucoup pour ces détails. Je pensais que la lettre avait été déposée à la gare de Montrejeau. Effectivement il est plus logique que le cachet convoyeur "Bagnères de Luchon à Tarbes" soit antérieur.
Si je suis bien les explications, il manquerait la marque "Cette à Tarascon"

Merci aussi pour la remarque concernant le destinataire - cela m'avait effleuré l'esprit, mais je n'avais pas poursuivi. Personnage intéressant!
Pour le cacchet, j'ai pris une image rapprochée:
[img]

Je ne sais pas si cela donnera quelque chose.

bon dimanche,
François

bonjour,

je pense que ce sont les armoiries de la Maison portuguaise de Sousa-Holstein, ducs de Palmela, dont un membre était premier ministre du Portugal au milieu du XIXème siècle.



En 1879, la titulaire du titre était Maria Luíza de Sousa-Holstein, 3ème duchesse de Palmela (1841-1909).

Il y a aussi eu un marquis de Souza-Holstein qui était Surintendant des Beaux-Arts du Royaume (du Portugal, j'imagine) en 1867 (l'équivalent de notre sémillant Fred Mitterrand actuel). (Extrait Revue d'Art chrétien 1867 p.277)



Un membre aussi éminent des Autorités culturelles européennes pouvait parfaitement correspondre avec un sculpteur Membre de l'Institut, tout en prenant les eaux à Bagnères-de-Luchon, à la fin de l'été, où tout n'était que calme, luxe et volupté ...

D.

frame01 a écrit:

Si je suis bien les explications, il manquerait la marque "Cette à Tarascon"

non, dans la mesure où l'agent du BORDEAUX A CETTE a fait dépêche directe pour son collègue du MARSEILLE A LYON. Celà signifie que la lettre a été placée dans un paquet cellé, portant l'adresse du MARSEILLE A LYON, qui a été donnée au CETTE A TARASCON, mais que celui-ci n'a pas ouverte - elle ne lui était pas adressée. Il s'est contenté de la transporter et de la transmettre à l'adresse indiquée = bureau ambulant MARSEILLE A LYON en gare de Tarascon.

De même, MARSEILLE A LYON a fait dépêche directe pour Aix-les-Bains, dans un paquet fermé, qui n'a été ouvert ni à Lyon, ni entre Lyon et Aix.

D.

Bonsoir zatous et à Doudad en particulier!

Merci pour ces doctes explications - maintenant les transmissions de plis en ambulant ont moins de secrets pour moi. Je vais voir demain un ancien des pt&t qui a fait cela dans les années 60 selon ses dires.
Pour le cachet je m'étais contenté de regarder l'héraldique française et la couronne sur l'écusson était une énigme
Ce document a finalement une belle histoire et me voila tout émoustillé. Mais je me garderais bien de faire étalage de cette nouvelle et fraiche connaissance.

Je me coucherais ce soir un peu plus marcophile qu'hier!

Bonne soirée,
François