Bonjour,
Voici une lettre ayant fait l'objet d'un traitement un peu particulier de
la part de
la Poste. Certains pensent souvent
à tort que c'est une réexpédition, mais dans le langage de
la Poste
la réexpédition est une autre opération visant
à trouver le destinataire d'une lettre qui aurait été mal adressée.
La réexpédition se fait sans surcoût
à moins que l'affranchissement d'origine ne suffise pas
à couvrir le nouveau trajet.
Ici, nous sommes plutôt en présence d'une lettre qui a été acceptée
à l'arrivée, mais qui finalement n'a pas
trouvé trouvé son destinataire qui était momentanément absent.
La lettre est partie du bureau de Distribution D' Hautmont (Nord)
à destination de Paris. L'affranchissement, 20 c, couvre le port d'une lettre au premier échelon de poids sur un trajet territorial (tarif du 01/07/1854).
Arrivée
à Paris, elle est remise
à la l'usine (ou au siège d'une entreprise) où se devait se trouver le destinataire. En 1861, les Champs Elysée n'avait pas encore l'aspect qu'il sont aujourd'hui.
Quoiqu'il en soit le destinataire est absent et
la lettre semble suffisamment importante pour que ses collègues
la lui adresse quand même là où il se trouve, c'est
à dire
à Pantin. L'ancienne adresse est donc biffée et une nouvelle adresse est écrite.
La lettre est donc affranchie
à nouveau et jetée dans une boite aux lettres dépendant du bureau de
la rue de Chaillot. Celui-ci annule le timbre
à date d' Hautmont ainsi que le PC 4175 par
la marque "Trouvée
à la boîte ES2".
Cette procédure été prévue dans
la circulaire 147 du BMP de novembre 1859.
"LETTRES TROUVEES A LA BOITE DEJA FRAPPEES DE TIMBRES DE L'ADMISISTRATION.
§ 6. II arrive parfois que des lettres, après être sorties du service des Postes, sont rejetées à la boite, portant les timbres dont elles étaient revêtues au moment de leur distribution. Le plus souvent, la rentrée dans le service des lettres de l'espèce provient du changement de résidence des personnes auxquelles elles sont destinées, changement de résidence que n'avait pas été signalé au facteur au moment de la remise desdites lettres au domicile indiqué sur la suscription; mais, quelquefois aussi, la remise des lettres dans le service peu cacher quelque fraude ou quelque abus grave contre lesquels il est nécessaire que l'Administration se tienne en garde.
§ 7. Les agents ont compris eux-mêmes combien il était important que les lettres qui se trouvent dans les conditions indiquée ne pussent être confondues avec les lettres réexpédiées. Dans ce but, l'usage s'est établi dans la plupart des bureaux de poste de biffer d'un double trait de plume en forme de croix chacun des timbres, y compris le timbre oblitérant, dont sont revêtues les dites lettres, et d'inscrire sur la suscription les mots: trouvée à la boite.
§ 8. Il convient aujourd'hui de transformer en règle cet usage. A cet effet, les alinéas suivants seront ajoutés à l'article 405 de l'Instruction générale:
« Toute lettre trouvée à la boîte, déjà frappée d'un timbre à date et d'une taxe, ou revêtue d'un timbre-poste oblitéré, est traitée ainsi qu'il suit :
« 1° Les timbres et le taxe, ou le timbre-poste, sont biffés en croix et remplacés sur le timbre à date du bureau;
« 2° L'annotation trouvée à la boite, avec désignation de cette boîte, est inscrite sur la suscription;
« 3° Il est donné cours à la lettre comme si elle était née au bureau. « lorsqu'une lettre de l'espèce n'aura été rejetée à la boîte qu'après avoir été ouverte ou avoir subi des altérations qui pourraient engager la responsabilité de l'Administration ou de ses agents, le directeur du bureau dans le service duquel la lettre sera rentrée dressera du fait un procès-verbal en double expédition, l'une pour l'Administration et la seconde pour l'inspecteur du département. "L'Administration considérait donc qu'une lettre remise
à la boite était née
à nouveau dans le bureau dont dépendait
la boite où elle avait été jetée.
Dans le cas présent le timbre poste et le timbre
à date ne sont pas barrés en croix, mais annulé par le timbre manuel "Trouvée
à la boite".
Emmanuel.