Une jolie carte postale ...

Amis de la carte postale précurseur, bonjour !

Je me demande encore pourquoi on appelle ces objets des cartes postales précurseurs, dans la mesure où elles ont été fabriquées et émises après la publication de la loi du 20 décembre 1872 portant leur création. Mais baste, ne pinaillons pas sur la sémantique, nous qui pinaillons sur tout le reste.

Cette carte nous propose au moins trois points d'intérêt, ce qui est déjà bien :



D'abord la taxe. Ces cartes étaient vendues au public affranchies pour un service donné, 10 centimes en local (le timbre-poste Cérès bistre sur rose étant émis pour l'occasion) et 15 centimes en territorial (art.1 et 2 de l'instr.72 - BM46 1873). L'administration avait prévu la possibilité de faire circuler des cartes affranchies à 10 centimes en port territorial, moyennant application supplémentaire d'un timbre-poste à 5 centimes (art.5). Mais elle avait aussi prévu le cas des distraits ou des petits malins qui enverraient leur CP à 10 centimes en territorial sans le sur-affranchissement. L'article 6 stipule donc que les cartes postales insuffisamment affranchies seront "frappées d'une surtaxe de 15 centimes représentant le triple de l'insuffisance du port légalement dû". Dont acte. Pour mémoire, c'est aussi la taxation des imprimés insuffisamment affranchis depuis la loi du 25 juin 1856. Les cartes postales domestiques taxées ne sont pas extrêmement courantes, entre 1873 et le 30 avril 1878, fin du tarif différencié.

Ensuite, la date. On peut remarquer que le timbre à date affiche la 7ème (et dernière) levée de la journée du 28 mars 1876. Les plus attentifs auront fait le rapprochement avec l'instruction 193 diffusée, dit-on, le même jour, fixant la fin d'utilisation du timbre oblitérant et son remplacement par le timbre dateur. Il pourrait donc s'agir d'une dernière date d'utilisation de l'étoile au bureau de la place de la Bourse. Je prévois déjà quelques contestations me disant que rien n'est prouvé en l'occurence, et qu'on pourrait trouver des étoiles le 29 mars. J'attends donc les scans en guise de contre-exemple.



Enfin, the last, but not the least, la levée. Là, j'ai un problème certain. La carte est adressée à Grenoble, arrivée à la troisième levée du lendemain 29 mars, soit aux alentours de midi. Elle a voyagé par l'ambulant de Lyon, ou celui de Modane, qui circulaient dans le train de nuit quittant la gare de Lyon vers huit heures du soir - cf la dernière levée à la boîte de quai à 19h50, almanach républicain 1876 p.1196 - et qui arrivait à Lyon vers 6h30 le matin suivant. Or la 7ème levée de la place de la Bourse avait lieu à 21h30 .

Comment est-ce possible ? Dépôt dans la boîte des levées exceptionnelles (entre 6h et 6h30,) et traitement avec le dateur ordinaire de la levée suivante, malgré l'affranchissement insuffisant, l'absence de la surtaxe, et la qualité de l'objet ? ça me paraît beaucoup, ou alors, le destinataire était le cousin du ministre ...

D.

Doudad a écrit:

Ensuite, la date. On peut remarquer que le timbre à date affiche la 7ème (et dernière) levée de la journée du 28 mars 1876. Les plus attentifs auront fait le rapprochement avec l'instruction 193 diffusée, dit-on, le même jour, fixant la fin d'utilisation du timbre oblitérant et son remplacement par le timbre dateur. Il pourrait donc s'agir d'une dernière date d'utilisation de l'étoile au bureau de la place de la Bourse. Je prévois déjà quelques contestations me disant que rien n'est prouvé en l'occurence, et qu'on pourrait trouver des étoiles le 29 mars. J'attends donc les scans en guise de contre-exemple.

Bonsoir,

Pas de chance, du 29 mars je n'ai que le double tàd, sur une carte montrée il y a peu
Ces deux cartes hétérozygotes (et fières de l'être) vont bien ensemble.

Citation :

Enfin, the last, but not the least, la levée. Là, j'ai un problème certain. La carte est adressée à Grenoble, arrivée à la troisième levée du lendemain 29 mars, soit aux alentours de midi. Elle a voyagé par l'ambulant de Lyon, ou celui de Modane, qui circulaient dans le train de nuit quittant la gare de Lyon vers huit heures du soir - cf la dernière levée à la boîte de quai à 19h50, almanach républicain 1876 p.1196 - et qui arrivait à Lyon vers 6h30 le matin suivant. Or la 7ème levée de la place de la Bourse avait lieu à 21h30 .

Comment est-ce possible ? Dépôt dans la boîte des levées exceptionnelles (entre 6h et 6h30,) et traitement avec le dateur ordinaire de la levée suivante, malgré l'affranchissement insuffisant, l'absence de la surtaxe, et la qualité de l'objet ? ça me paraît beaucoup, ou alors, le destinataire était le cousin du ministre ...

Une erreur de jour à Grenoble ? Train de jour le 29 pour Lyon (départ vers 11h, arrivée après 21h), Lyon à Grenoble le 30 matin, arrivée pour la 3e levée ?

Bruno

bc92 a écrit:

Ces deux cartes hétérozygotes (et fières de l'être) vont bien ensemble.

Je voulais dire "jumelles hétérozygotes"...

Bruno

bonsoir,

jolie paire de jumelles, en effet, toutes deux de la 7ème levée. Le 29 mars a donc dû faire la transition.

Erreur du postier de Grenoble, hélas, c'est l'hypothèse qui vient en premier. Cependant, ne devrions nous pas avoir un timbre "Après le départ", dans ce cas ?

D.

Citation :

Erreur du postier de Grenoble, hélas, c'est l'hypothèse qui vient en premier

Ou erreur de levée au départ.

Citation :

Cependant, ne devrions nous pas avoir un timbre "Après le départ", dans ce cas ?

JF, tu copieras 100 fois : je dois être attentif aux réponses sur les sujets que je crée sur le forum !
art 372 de l'IG de 1868 : ..........
Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux bureaux dont le timbre indique, outre la date du jour, le numéro d'ordre des levées prescrites par le règlement intérieur.

.... aaaaarrrrrgggghhhhhh !!!!!!

Avant l'IG de 1868, il est toutefois possible de rencontrer des marques "après le départ" associées à des cachets à date de la 7ème levée.
http://www.delcampe.net/page/item/id,112702303,var,ETOILE-DE-PARIS-Pli-de-avec-20c-EMPIRE-Laure-Oblt-14-CaDate-STRASBOURG,language,F.html