Lettre au préfet 1942 taxée

Bonjour,

J'ai relevé ce pli en vente sur Delcampe:

L'affranchissement me semble correct pour un pli à moins de 20g.
En Alsace/Moselle à partir d'octobre 1940, l'usage de la langue française sur la correspondance était interdit et entraînait à minima une taxation.
Mais pour un étranger (aux yeux de l'administration en place), y avait-il aussi cette obligation?

Ou bien suis-je sur une fausse piste?

François

Bonjour,

L'affranchissement aurait dû être de 4fr (lettre pour l'étranger) au lieu de 1fr50 (tarif intérieur), d'où la taxation.

La lettre a bien été acheminée et distribuée, mais le destinataire a refusé la lettre. La taxe et le retour ne semblent donc pas lié au libellé de l'adresse en français.

Samuekl

bonjour,

SamuelGM a écrit:

L'affranchissement aurait dû être de 4fr (lettre pour l'étranger) au lieu de 1fr50 (tarif intérieur), d'où la taxation.

Tout à fait juste ...

La taxe a été calculée par les allemands sans trop tenir compte des centimes-or, semble t'il.

Le tarif allemand est de 0,25 pf, le tarif de base de l'Union de 0,25 centimes-or, il y a donc parité, on devrait avoir une taxe allemande de 50 pf correspondant aux 50 centimes-or notés à coté du triangle T. Le coefficient franc-français/franc-or devait donc être de 10, à l'époque - sauf erreur du préposé à la taxation.

Il semble que la taxe ait été calculée "à l'ancienne", en prenant la base française de 400 centimes, divisée par la base allemande de 25 pf, soit un indice de 16, et que l'insuffisance d'affranchissement de 500 centimes français ait été divisée par cet indice, soit 31,25 pf arrondis à 32. Les allemands notent leurs ports dus en bleu, personne n'est parfait. On devrait trouver une taxe de 5 francs français au retour, mais ils n'auront pas l'Alsace, milladiou !

J'attends la correction de Bruno, il trouve toujours à redire sur mes calculs de taxe .

D.

Doudad a écrit:

et que l'insuffisance d'affranchissement de 500 centimes français ait été divisée par cet indice

... et que le double de l'insuffisance d'affranchissement de 500 centimes français ...

Bonjour,
Ce qui m'étonne beaucoup dans ce pli, c'est que, à cette époque Colmar est en zone annexée de fait, même si elle ne porte pas ce nom, et qu'il n'y a donc pas (plus) de Préfet du Haut Rhin. Le pli n'a donc pas pu être présenté à un quelconque destinataire… qui n'a pas pu le refuser ! Il en résulte (?) que l'étiquette REFUSÉ aurait été ajoutée après coup.
Lulu

Doudad a écrit:

La taxe a été calculée par les allemands sans trop tenir compte des centimes-or, semble t'il.

Citation :

J'attends la correction de Bruno, il trouve toujours à redire sur mes calculs de taxe .

C'était au début que je redisais parfois , JF, mais tu as fait des progrès remarquables (tiens, tu penseras à me passer ton carnet scolaire pour que je mette l'appréciation)

D'après Guy Prugnon, depuis février 42 le franc-or n'est plus, postalement, à 10 francs français (il passe à 14 en février, lors du changement du tarif international en France, mais je ne sais pas ce qu'il en est en novembre 42, d'autant qu'à partir de février 42 le taux de conversion n'est plus basé sur le rapport entre le tarif LSE français et le tarif UPU en francs-or, mais fixé selon d'autres considérations... En conséquence, je ne m'explique pas plus que toi les 0,50 or de taxe. Mais ton calcul pour arriver à 32 pf me convient farpaitement.

Je rejoins Lulu en ce qui concerne le caractère incongru de la suscription et, par voie de conséquence, de l'étiquette "refusé". Encore que ça a pu être présenté à l'autorité Colmarienne jugée équivalente.

En dehors de l'étiquette de censure et de la griffe encadrée "Zuruck" (retour), il y a une griffe teutonne biffée en haut à gauche que je ne déchiffre pas vraiment ?

Une lettre bien étrange...

Bruno

Merci pour l'appréciation, Maître.

Après le calcul, on fait l'allemand. Nach gebühr, ça veut dire affranchissement en plus, grosso merdo.

D.

L'indice de conversion est passé à 14 le 1/7/1942 (ce n'était pas forcément au moment du changement de tarif).
La source est le Guide Officiel car cela ne paraissait pas au BOPTT à cette époque.
"Nachgebühr" est l'équivalent de taxe: le catalogue de la poste en Alsace 1940-1945 répertorie deux types de marques encadrées, ainsi que trois types de celles de retour ("zurück" avec date devant).

(complément)
Dans "Histoire de la poste à Colmar 1939-1945" publié en 1995 par la Société Philatélique de Colmar, Michel FRICK et Gilbert MICLO reproduisent deux lettres affranchies à 1,50F parties de Paris pour Colmar et taxées respectivement à 31 et 32 pfennige comme ici mais les auteurs précisent que le calcul de la taxe est un mystère.

Bonsoir à tous,

Pour commencer, je n'avais pas pensé à commenter le Nachgebühr (taxe complémentaire ) rayé après coup.
Ensuite pour l'administration territoriale: l'Alsace-Moselle était un Gau (région) d'un Land, mais dans ce cas précis comme pour la période 1872-1918 géré par Berlin directement.
Le Gauleiter (Wagner) était basé à Strasbourg et avait +/- gardé les anciens réseaux administratifs. Donc écrire au Préfet de Colmar n'était pas une pure hérésie.
En // de l'administration civile, il y avait le parti (NSDAP)

Sinon un grand merci pour les calculs de taxe que je garderais précieusement.
La France a une grande chance de bénéficier de gallica.bnf.fr car pour l'Allemagne de l'Ouest moderne, l'histoire et les archives officielles démarre en 1949 (avant c'était "pas nous" pour parler politiquement incorrect). La SPAL et ses adhérents prennent donc comme bcp d'associations allemandes le chemin du Musée de la Poste à Francfort . .
Ce qui explique que qq'un comme Michel FRICK puisse parler de "mystère".

Encore une fois un grand merci et dommage que le pli soit pour Colmar et pas Mulhouse


Bonne soirée
François

Laurent Bonnefoy a écrit:

les auteurs précisent que le calcul de la taxe est un mystère.

... aucun mystère ne nous résiste .