Une marque douanière plutôt gênante

Depuis plus de 20 ans déjà, cette lettre me chiffonne:


Oui, Bruno, je sais: ce piquage Susse est moche et ce losange J est gras mais c'est plutôt ce petit tampon circulaire des Douanes de Paris qui choque le plus. A ma connaissance, il date au plus tôt de 1925. Alors, que fait-il ici sur cette lettre antérieure de plus de 60 ans?
J'ai une hypothèse mais je ne veux pas vous influencer et compte bien sur votre imagination débordante et votre intelligence non moins développée pour trouver des arguments déterminants.
Merci d'avance!

Bien sûr, si je n'ai pas montré le dos, c'est parce qu'il ne présente aucune particularité (cachet de l'expéditeur "G PARIS") et timbre à date d'arrivée à Madrid le 18 juin 1861.
De même, l'intérieur est sans intérêt pour mon interrogation (correspondance commerciale).

Bonjour à tous et bises aux dames,
Bonjour Laurent,

Je possède un cachet similaire

Le papillon gommé sur lequel il est apposé est collé sur la page de garde d'un album Yvert qui contenait une collection présentée en album, comme cela ce faisait souvent à cette époque (circa 1920/30), et expédiée à Londres pour une exposition philatélique. Ce cachet permettait (je ne connais pas les détails de la réglementation douanière) à cette collection de sortir et revenir en France sans avoir de droits à payer. Je subodore (dédicace spéciale à Naguito), qu'il en est de même pour la lettre présentée. L'envoi à un collectionneur (ou marchand) résidant à l'étranger, pour communication, expertise, exposition...

Voilà ce que je peux dire à ce sujet.

A bientôt.
Michel

Je suis d'accord avec Michel

Mais, pour faire plaisir à Naguito, j'irai plus loin dans la supputation:

Lors du contrôle (au XXème siècle, donc), le douanier, à l'oeil exercé, constate que ce timbre n'a pas une dentelure normale et que c'est donc un faux. Il doit donc être brûlé! Mais comme toutes les contrefaçons destinées à être détruites, la lettre est récupérée pour être offerte à un proche
Et la voilà revenue dans le circuit philatélique...

JC

Bonsoir,

et merci à Michel dont l'hypothèse paraît la plus plausible.
Pendant longtemps, l'admission temporaire ou l'exportation temporaire de marchandises devaient faire l'objet de vérifications minutieuses de la part des agents des douanes qui devaient ensuite apposer des plombs, des estampilles ou des poinçons de façon à reconnaître l'identité des marchandises lors de leur réexportation ou au retour.
En réalité, un album contenant une collection est plus difficile à identifier en détails, au contraire d'une lettre.

Cependant, je m'interroge tout de même sur la responsabilité du fonctionnaire qui a commis cela
Je me souviens, lors de mes débuts professionnels, que l'on m'avait demandé d'apposer un poinçon sur un tableau de Courbet qui venait en France pour exposition. J'imagine la tête du collectionneur qui avait prêté la toile si j'avais exécuté l'ordre administratif. Pire, j'essaie de penser aux réactions d'un philatéliste détenteur d'un timbre rare détaché si on y apposait une marque quelconque, fût-ce au dos, dans de telles circonstances

Jean-Claude, lors d'une saisie, si la marchandise n'est pas prohibée (dans ce cas, elle est détruite), les douanes doivent obtenir une ordonnance de confiscation pour en devenir propriétaire. Ensuite, ils peuvent effectuer des ventes (exécutées par France Domaine désormais). Là encore, en présence d'un bien culturel, ils n'auraient pas intérêt à ce que celui-ci soit altéré au risque de le dévaloriser

Laurent, je voulais juste te taquiner un peu

Citation :

si la marchandise n'est pas prohibée

mais si un douanier philatéliste (si, si, il y en a!) tombait, lors d'un contrôle, sur un 140 Faux de Nice sur lettre, que devrait-il faire, dans la mesure où il s'agit de contrefaçon?

Bonjour,

La Poste n'ayant pas déposé de dossier auprès des Douanes, celles-ci ne peuvent pas effectuer une "saisie douanière" mais, comme cela a été le cas fin 2010 (cf le blog de Dominique), elles peuvent intercepter des envois de faux (de Chine..) et les remettre à une brigade spécialisée de la police après dépôt de plainte de La Poste.
Pour les faux anciens, je ne sais pas comment cela se passerait mais, s'il ne s'agit pas de timbres neufs, cela n'incitera pas la Poste à vouloir faire appel à la justice.