Bonjour à tous et bises aux dames,
Si le 1er mai est, de nos jours, l'occasion d'offrir un brin de muguet ("toxique" comme nous le rappelle Nirvana sur un autre fil), il n'en a pas été toujours ainsi...
"Le premier mai, c'est aussi le jour des revendications. Née en 1881, la Fédération américaine du Travail (A.F.L.), adopte la motion, lors du Congrès de Chicago d'octobre 1884, qu'à partir du 1er Mai de l'année 1886 (2), la journée de 8 heures constituera la durée légale de la journée de travail et recommande aux organisations syndicales de faire promulguer des lois conformes à cette résolution.
En 1886, plus de 5.000 grèves eurent lieu et le 1er mai, à Milwaukee, au nord de Chicago, des policiers accueillis par des jets de pierres tirent, faisant 9 morts. Le 3 mai, 3 autres manifestants sont tués. Le 4 mai, une bombe explose, faisant 7 morts parmi les forces de l'ordre. 8 militants seront condamnés à mort, sans preuve; 3 seront graciés.
En juillet 1889, le Congrès socialiste international décide que dans tous les pays il sera organisé une grande manifestation à date fixe dans le but de réduire légalement à 8 heures la journée de travail. On vota donc ceci : "Attendu qu'une semblable manifestation a déjà été décidée pour le 1er Mai 1890 par L'American Federation of Labour, dans son congrès de décembre 1888 tenu à Saint-Louis, cette date est adoptée pour la manifestation internationale."
La manifestation du 1er Mai 1890 eut un énorme succès; il fut donc décidé de la reconduire le 1er mai suivant.
LE PREMIER MAI 1891
Le premier 1891, à Fourmies, le beau temps est au rendez-vous en ce premier jour du "mois de Marie", un vendredi. Sur les haies du bocage, l'aubépine veut fleurir. Les amoureux ont cueilli des rameaux de frêle blancheur pour les fiancées. Quoi qu'il arrive, les jeunes seront les héros de la fête.
La scène du théâtre est prête: une esplanade rehaussée où la mairie, l'église et des estaminets invitent aux allées et venues, au rassemblement et aux harangues.
A 9 heures, après une échauffourée avec les gendarmes à cheval, quatre manifestants sont arrêtés. Des renforts sont demandés à la sous-préfecture qui envoie en renfort deux compagnies du 145e de ligne casernée à Maubeuge. Le 84e RI d'Avesnes est déjà sur place.
Dès lors le premier slogan : " c'est les huit heures qu'il nous faut " est suivi par " c'est nos frères qu'il nous faut ".
18h15 : 150 à 200 manifestants arrivent sur la place et font face aux 300 soldats équipés du nouveau fusil Lebel qui contient de 9 balles (une dans le canon et huit en magasin) de calibre 8 mm. Ces balles peuvent, quand la distance n'excède pas 100 mètres, traverser trois corps humains sans perdre d'efficacité. Les cailloux volent ; la foule pousse. Pour se libérer, le commandant Chapus fait tirer en l'air. Rien ne change. Il crie : " baïonnette !.. en avant ! " Collés contre la foule, les trente soldats, pour exécuter l'ordre, doivent faire un pas en arrière. Ce geste est pris par les jeunes manifestants pour une première victoire. Kléber Giloteaux, leur porte drapeau s'avance.
Il est presque 18h25....le commandant Chapus s'écrie : " feu !feu !feu rapide ! visez le porte-drapeau ! "
Neufs morts, trente cinq blessés (au moins) en quarante cinq secondes. C'était à Fourmies le premier mai 1891.
Maria Blondeau, 18 ans, tuée à bout portant, les yeux dans les yeux de son exécuteur, d'une balle dans la tête
Louise Hublet, 20 ans, deux balles au front et une dans l'oreille
Ernestine Diot, 17 ans, une balle dans l'œil droit, une dans le cou, son corps contient cinq balles
Félicie Tonnelier, 16 ans, une balle dans l'œil gauche et trois autres dans la tête
Kléber Giloteaux, 19 ans, trois balles dans la poitrine et deux autres dont une à l'épaule
Charles Leroy, 20 ans, trois balles
Emile Ségaux, 30 ans, cinq balles
Gustave Pestiaux, 14 ans, deux balles dans la tête et une à la poitrine
Emile Cornaille, 11 ans, une balle dans le cœur
Camille Latour, 46 ans, commotionné après avoir assisté à la fusillade, décédera le lendemain
Charles Leroy, Emile Ségaux, Gustave Pestiaux et Emile Cornaille ne participaient pas à la manifestation et furent atteints par des balles qui ne leurs étaient pas destinées.
Ils seront inhumés le 4 mai."
A bientôt.
Michel, qui a "exploité" (sans vergogne) le travail d'Alain Delfosse (http://alain.delfosse.pagesperso-orange.fr/html/fourmies.htm) et collé quelques illustrations "pillées" sur D*