Recommandé d'office et censure

Bonjour,

Je m'interroge sur la lettre ci-dessous, adressée au Maréchal Pétain en 1942.




Elle n'a pas été recommandée d'office au départ, mais par Paris RP service des rebuts après avoir été ouverte, par erreur et/ou par la censure allemande ? (cf cachet A dans un cercle au verso).

Par ailleurs, une mention au crayon indique "Inadmis", je suppose si cette mention est bien d'origine que c'est parce qu'elle a été postée en zone occupée (? en Charente Maritime).

Probablement a-t-elle ensuite trouvé son destinataire, mais j'imagine que la correspondance adressée au Maréchal n'était habituellement pas soumise à la censure allemande. Et pourquoi un passage par le service des rebuts ?

Bref, je m'y perds et en appelle à vous... merci !

Laurent G.

Bonsoir,

Déjà, joli ovale des rebuts, qui remonte en principe à 1860 (Rochette-Pothion n° 1948).

Bruno

Bonjour,

La marque A ne correspond pas à une marque de censure connue, ni allemande ni française. Peut-être une marque apposée par les rebuts, voire une marque non postale.

Il n'est pas rare que le courrier soit recommandé d'office en cours de trajet, on trouve quelques exemples sur Delcampe ou dans les dernières ventes Sinais.

Normalement une lettre adressée au chef de l'Etat depuis la zone occupée aurait dû transiter par la Délégation Générale du Gouvernement français en zone occupée (sans forcément une marque de passage). L'ouverture et le passage par les rebuts sont visiblement un accident de parcours.

Samuel

Sans avoir la référence sous les yeux, j'avais lu que la recommandation des lettres adressées au chef de l'Etat découle d'une loi du 25 Frimaire an VIII, reprise par l'article 173 du fascicule III A de l'administration des postes.

L'affranchissement simple est lui-même superflu, ces courriers bénéficiant de la franchise totale.

Samuel

Bonjour Bruno, Bonjour SamuelGM,

Merci de vos réponses.

Point de censure donc, mais une erreur de manipulation qui envoie la lettre "ad rebuts" avant d'atteindre finalement son destinataire.

C'est vrai que la marque "Rebuts" en lettres cursives est du plus bel effet. Preuve que les rebuts ne rebutent pas facilement leur matériel !

Laurent G.

bonsoir,

vu l'adresse parfaitemen tlisible, que le postier de charente maritime ne connaisse pas le règle ni son supérieur non plus  (envoi à la délégation générale à paris) est déjà surprenant.

qu'elle parte aux rebuts où est est ouverte "par erreur" est moins surprenant (un peu moins car la règle est d'ouvrir systématiquement le courrier pour trouver l'adresse de l'expéditeur mais quand même l'adresse est claire !)

on aurait voulu savoir le contenu qu'on ne se serait pas pris autrement.

bernard

Sur les correspondances adressées au chef de l'Etat à toutes époques et la recommandation d'office, je conseille la lecture d'un article paru dans le n° 131 de septembre 2015 de "Relais", la revue de la Société des Amis du Musée de la Poste (envoi sur demande via MP).
Le Maréchal recevait jusqu'à 2000 correspondances par jour, la plupart transmises par la DGTO comme indiqué par Samuel et classées par le secrétariat particulier à Paris. Pas plus que pour n'importe quel quidam, les autorités allemandes n'admettaient que ce type de courrier franchisse la ligne de démarcation par dérogation aux conditions habituelles.

Comme beaucoup d'enveloppes (et quelques entiers sous forme de cartes) sont sorties dans le milieu philatélique depuis quelques années, on peut observer plusieurs lettres portant la mention "Inadmis".
Je vous en montrerai quelques exemples à Paris-Philex 2016 dans 15 jours, porte de Versailles, parmi d'autres correspondances non admises par les autorités postales à des époques différentes.

L'administration centrale a dû régulièrement rappelé à l'ordre les bureaux qui négligeaient la réglementation.
En général, la recommandation d'office était redressée par les bureaux ambulants ou les bureaux d'échange, mais il est vrai que c'était parfois Paris XV, puis Paris VII, bureau centralisateur de ces correspondances pour Pétain, qui réalisait l'enregistrement.
Ici, c'est à mon avis tout à fait inhabituel que cela échoit au service des rebuts (c'est probablement celui-ci qui a apposé la lettre A dans un cercle au dos de l'enveloppe).