Nous irons jusqu'à San Francisco...

Bonjour à toutes et tous,

que demander de plus lorsqu'à une lettre plaisante s'ajoute l'originalité de son contenu et de quelques infos supplémentaires ?

Lettre postée le 11 avril 1860 à Bordeaux, expédiée à San Francisco à bord du trois-mâts Météore, affranchissement à 60 centimes pour un double port par la voie des bâtiments du commerce. 
Cachet d'arrivée à SF le 6 octobre, taxe intérieure U.S. de 6 cents à payer par le destinataire.



La presse locale (Daily Alta California du 6 octobre) rend compte de son arrivée, après 167 jours de navigation via le Cap Horn, pour une distance d'environ 6.500 lieues nautiques (1 lieue = +/- 5 km) :



(...)

Comme c'est fréquent pour les lettres expédiées par la voie du commerce, il s'agit de la facture d'une cargaison qui voyage, elle aussi, à bord du Météore... Il s'agit, san trop de surprise, d'une cargaison de vin, je laisserai les connaisseurs apprécier les millésimes : 



On trouve également un certificat de conformité délivré et signé de l'agent consulaire étasunien de Bordeaux :





(...)

En cherchant un peu à l'époque de l'acquisition de cette lettre, j'avai trouvé un tableau représentant le Météore devant le quai des Quinconces de Bordeaux. Le tableau était vendu par un antiquaire de Clermont-Ferrand si je me souviens bien : 







Il n'est pas fréquent de trouver des photos ou des tableaux représentant et identifiant les innombrables bâtiments de commerce de cette époque. Les paquebots-poste sont bien mieux documentés.

Ca, c'est San Francisco en 1851... on voit que les bateaux à voile sont TRES largement majoritaires dans la baie :



(...)

Et notre capitaine Delumeau pour finir ? Il n'aura pas chômé, comme l'illustre le D.A.C. du 9 octobre : le 20 octobre, il reprenait la mer pour Callao et le Chili !







Laurent  


PS : un article  de Louis-Laurent Simonin, publié dans La Revue des Deux mondes d'avril 1861 sous le titre « La Californie en 1860, ses progrès et sa transformation », précise, dans le passage qu’il consacre à la diversité des activités économiques à San Francisco, qu'il n'y a pas moins de 800 liquoristes et 373 épiciers pour 80.000 habitants.

C'est passionnant merci et continuez !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Bonsoir,

Mare Nostrum a écrit:

A San Francisco en 1860 [...] il n'y a pas moins de 800 liquoristes et 373 épiciers pour 80.000 habitants.

Qui sont donc amateurs de bordeaux blanc liquoreux (Haut-Barsac et Sauternes).

Je note aussi les 2,5% d'assurance, qui doivent couvrir essentiellement la navigation. Soit une perte de cargaison tous les 40 voyages (ou 50, pour le bénéfice de l'assureur...). A moins que les tarifs ne soient  saisonniers, là cela se compliquerait !

Merci de cette communication.

Bruno

Bonjour à tous et bises aux dames,

Vous comprendrez que j'ai une réputation à tenir; alors quand un nouveau fil ressemble à une perche...
je suis obligé!

Bonsoir à toutes et à tous et en particulier à Laurent alias Mare Nostrum,

Toujours aussi passionnant.

Mille bravos .

A+

bonjour,

Mare Nostrum a écrit:

taxe intérieure U.S. de 6 cents à payer par le destinataire.

Cette taxe est intéressante. Elle fait l'objet d'un article de R. Soulier dans DP 226. Pour ceux qui ne disposent pas de cette indispensable publication, en résumé : la voie de mer ou voie du commerce impose (en 1860) une double tarification, une au départ de France valable jusqu'au port de débarquement (tarif général étranger, loi du 19 juillet 1849, X, bull. CLXXVII, n° 1432), et une autre à l'arrivée aux USA. Cette dernière a été fixée par un Acte du Congrès américain du 3 mars 1799 à cinq cents pour une distribution au-delà du port de débarquement, et quatre cents par le bureau du port de débarquement, plus deux cents de voie de mer, ce qui fait bien ici six cents pour San-Francisco.

Mais le tarif intérieur américain a été réduit à trois cents en avril 1855, sans que le tarif de proximité ne change, ce qui fait qu'en 1860, une lettre du commerce débarquée à San-Francisco pour San-Francisco coûte plus cher à recevoir (six cents) que si elle avait été adressée à l'intérieur du pays (cinq cents). Ce paradoxe prendra fin en juillet 1863, la taxe de proximité étant réduite à deux cents, la lettre du commerce pour le port de débarquement ne coûtera plus que quatre cents.



Il existe diverses formes de timbre SHIP, le cercle festonné étant probablement spécifique à San-Francisco.

D.

bonjour à tous
et bravo pour cette très belle évocation de la poste par voie de mer.
question
est ce que qqu'un pourrait nous trouver le nombre de liquoristes et épiciers à la même époque à Paris , Marseille et Lyon?
pescator

Bonjour à toutes et tous,

merci à tous pour vos remarques ou compléments.

Michel a écrit :
Vous comprendrez que j'ai une réputation à tenir; alors quand un nouveau fil ressemble à une perche...
je suis obligé!

Une perche, que dit-il ? 
Non ! Un cap,  une péninsule !  


Et comme l'écrit Doudad, cet article des DP est en effet un article fondamental et de référence pour comprendre l'évolution de ces taxations en arrivée aux USA... les DP servent un peu à cela, d'ailleurs...

Voici ces mêmes 6 cents, avec un cachet tout basique :





Laurent.

au sujet de la "décimalisation " de l'heure, Gilbert Douron dans " Une Histoire de l'Heure " rappelle cette tentative révolutionnaire
et montre une de ces pendules à plusieurs cadrans.
désolé de ne pouvoir montrer l'image; impossible à scanner sous risque d’abîmer la reliure .
Sans doute, Laurent faisais tu référence à cet auteur?

pescator

Pescator a écrit:

au sujet de la "décimalisation " de l'heure, Gilbert Douron dans " Une Histoire de l'Heure " rappelle cette tentative révolutionnaire
et montre une de ces pendules à plusieurs cadrans.
désolé de ne pouvoir montrer l'image; impossible à scanner sous risque d’abîmer la reliure .
Sans doute, Laurent faisais tu référence à cet auteur?

pescator

Bonsoir Pescator,

en effet, j'ai acheté le fascicule hors-série (plutôt que le livre). De retour chez moi, en fin de semaine, je mettrai quelques références précises et illustrations.

Laurent.