Sanary ... ve que tardivement

Bonsoir,

Cette lettre est partie de Sanary-sur-Mer il y a exactement 76 ans:

mais elle est parvenue à destination plus de 9 ans après, lorsque la "Cour des Prises" (censure britannique aux Bermudes) a fini par la relâcher le 3 février 1950:


Ce n'est pas tout!
Si l'affranchissement est philatélique (ce qui est "normal" car adressé à un magazine spécialisé en la matière), le bureau de dépôt s'y est repris à deux fois pour oblitérer les figurines (un tàd classique mal frappé sur le 2F50 Cérès et un tàd horodateur sur les autres).
Pourtant, si le port jusqu'à 20 g était de 2F50 et la recommandation idem depuis le 1/1/40, la surtaxe aérienne était passée fin 1940 de 10F à 12F par 10g (arrêté du 11/12/40 paru au BO n° 32 du 21/12/40 et annexe à la circulaire n° AV S 28 104/40 transcrite en rectificatif au Guide Officiel), soit un total de 29F (contre 25F avant décembre 1940).
Impossible de savoir si cela a pu être constaté en cours de route en France.
Surtout, l'utilisation du 50F Ader surchargé 20F remet en cause ce que l'on pensait jusque là et qui a été repris dans l'excellent ouvrage de Yvon NOUAZE sur la première émission au type Iris (note 1 de bas de la page 47). Il semble bien que cette figurine ait été émise dès le début janvier 1941 comme prévu initialement, au moins en zone non occupée (à 80 000 exemplaires seulement).

Enfin, le destinataire a dû régler une "taxe de dédouanement" de 10 cents (tarif américain du 1/7/1930).

Une idée sur la raison pour laquelle cette "prise de guerre" n'a été remise que longtemps après?
"2326" est le numéro du censeur?
merci!

Bonsoir,

Citation :

Une idée sur la raison pour laquelle cette "prise de guerre" n'a été remise que longtemps après?

Voici la réponse obtenue sur le forum de l'ACTL:
"Ce courrier avait été intercepté par la censure britannique aux Bermudes et son contenu saisi comme prise de guerre. Les timbres-poste étaient considérés comme des objets de valeur au même titre que les bijoux ou l'argent liquide.

Après la guerre, le courrier fut réinjecté dans le circuit postal. Il y avait sans doute d'autres urgences à l'époque et l’opération ne fut pas jugée prioritaire. Une partie du courrier, qui portait la marque "condemned", fut rapatriée en Grande-Bretagne où cette marque fut barrée ; la marque "released" fut ajoutée et le courrier rendu à son destin postal initial.

Le courrier philatélique quant à lui resta aux Bermudes. Le contenu en fut vendu aux enchères par les autorités en mars 1949 et les enveloppes (vides !...), remises dans le circuit postal. Compte tenu du nombre important d'envois à gérer (les saisies s'élevaient à 140 000, représentant trois tonnes en 1944 !), l’opération se déroula en cinq fois, entre août 1948 et décembre 1950.

Tout est beaucoup mieux expliqué dans un article de la revue suivante : The Canal Zone Philatelist, 2013, Volume 49, Number 1, Whole No. 186."

Citation :

"2326" est le numéro du censeur?

et voici la réponse du même contributeur sur le forum précité:
"En principe ces courriers ne portent pas de marque de censure. On note ainsi que la bande de fermeture est muette. Le numéro du recto correspond à celui de l'étiquette de recommandé. Pour ce qui est des numéros portés au verso, comme le contenu était extrait du courrier et saisi par les autorités, il y a peut-être un lien avec une marque permettant de faire la correspondance entre le contenu saisi et son contenant initial ? Je sais c'est juste une hypothèse  ..."

Bonif a écrit:

Tout est beaucoup mieux expliqué dans un article de la revue suivante : The Canal Zone Philatelist, 2013, Volume 49, Number 1, Whole No. 186.

Pour les curieux, l'article en question :

https://stamps.org/userfiles/file/articles_distinction/Canal_Zone_2013.pdf

Bruno

Très intéressant, merci beaucoup Bruno !

et merci bcp à toi aussi!

Sur le forum de l'ACTL, il m'a été répondu que les numéros au verso ne semblent pas relever de la censure britannique.
La marque en rouge 2326 pourrait être apposée à destination aux USA.

wishmerhill a écrit:

"2326" est le numéro du censeur?

La réponse a été donnée par SamuelGM sur le forum de l'ACTL, après lecture de l'excellent ouvrage "Lettres des internés. Camp des Milles 1939-1942" de Guy MARCHOT.
Il s'agit du n° d'enregistrement par la PAN AM pour les lettres recommandées.
Rien à voir avec la censure, donc.

Merci, je ne suis pas spécialiste du tout de cette période et je ne vais que rarement sur le forum de l'ACTL!

Une raison pour laquelle il n'y a pas de marques de censure sur ces lettres? Celà est pourtant logique et usuel, non?

Bonif a écrit:

[…]
Surtout, l'utilisation du 50F Ader surchargé 20F remet en cause ce que l'on pensait jusque là et qui a été repris dans l'excellent ouvrage de Yvon NOUAZE sur la première émission au type Iris (note 1 de bas de la page 47). Il semble bien que cette figurine ait été émise dès le début janvier 1941 comme prévu initialement, au moins en zone non occupée (à 80 000 exemplaires seulement).

Bonjour, bien tardivement.
Au sujet de la date d'émission du 50 F Ader surchargé 20 F, il est exact que la date d'émission est celle mentionnée dans la note de service E. P. 2 du 2 janvier 1941, B. O. n° 1 du 10 janvier 1941 (en même temps que le 1 F rouge Pétain, grand format, gravé par J. Piel). C'est d'ailleurs la date indiquée dans le tableau des dates d'émission de tous les timbres surchargés à cette époque, tableau figurant page 47. Malheureusement, la note 1 citée reprend la date du 24 janvier 1941 et se trouve donc en contradiction avec la réalité. Comme quoi, il faut toujours se lire et relire !
La date du 23 janvier 1941 (un jeudi) est citée par le Docteur R. Joany, dans le tome V de sa Nomenclature des Timbres-Poste de France, paru au quatrième trimestre 1963. On trouve la mention du 24 janvier 1941 — 24 et non 23 — dans Le patrimoine du timbre-poste français, les catalogues Marianne, Dallay et Maury. 
Lulu