Taxe sarde 1788

bonjour,

un spécialiste de l'Italie aurait-il une idée du pourquoi du comment de la taxation de cette lettre de La Corogne (Galice, Espagne) pour Gènes (Sardaigne) en mai 1788, via probablement la France par voie de terre ? Je lis 4 livres et 2 sous (ou 82 sous, pour ainsi dire).



D.

En cherchant sur Gogol, je m'aperçois qu'un certain Jfestel a posé la même question à propos de la même lettre sur un forum italien bien connu des spécialistes :

https://www.lafilatelia.it/forum/viewtopic.php?t=15572

Pourquoi son correspondant espagnol lui repose t'il la même question huit ans après ? Mystère. Soit Jfestel a complètement oublié de lui envoyer la réponse. Ou alors la lettre a été entre-temps revendue sans explications. Ou l'explication n'a pas semblé suffisante (et elle était d'ailleurs loin de l'être). Bref, l'Histoire n'est qu'un éternel recommencement.

On trouve plein de lettres de Madrid pour Genova taxées L 1.18, effectivement. Pourquoi serait-ce des deniers et pas des soldi ?

 

D.

PS : la réponse de Francesco Luraschi (ou plus exactement de son correspondant) :

"La lettre appartient quant à elle à la correspondance des banquiers génois Gnecco qui étaient très actifs à cette époque en Espagne.

Les lettres qui partaient de Gênes et arrivaient dans la péninsule ibérique étaient taxées en réaux, tandis que celles qui arrivaient en Ligurie en provenance d’Espagne et de leurs dépendances étaient taxées en monnaie ligure (Lira-soldi-denari).

A l'époque les lettres d'Espagne étaient laissées à l'agent d'Espagne à Gênes, dépendant de l'Office des postes étrangères de Gênes (le bureau de poste de Gênes était fermé pendant cette période). La poste génoise calculait les droits espagnols, les convertissait et ajoutait les siens avant la livraison en port dû aux destinataires. Le tarif simple était de 1 lire et 18 deniers (£ 1,18), tandis que pour les autres origines ou poids supérieurs au ¼ d’once, ils étaient évalués en poids.

Même si vous ne voyez pas le symbole de la lire, qui précédait normalement la taxe, je pense que la valeur doit être interprétée comme 4 lires et 2 deniers. Le symbole de lire devrait être le graphique placé au sommet après le "4", tandis que le symbole = signifie zéro dizaines et seulement 2 unités en deniers.

Pour déterminer la composition de la taxe sur la base du poids, il serait nécessaire de savoir si celle-ci contenait des annexes.

Par analogie avec d’autres lettres, je crois que le graphique supérieur dessiné avec la même encre pourrait être un signe de visa du directeur postal génois, qui calculait la transaction comptable pour la composition de la taxe (dans mes lettres, cela ne semble pas être un "3" mais une boucle plus fermée)."

bonjour,

je continue mon monologue, après quelques recherches sur Gogol.

En 1788, Gènes n'est pas sarde, Gènes est génoise. Un bureau de poste espagnol y était installé, qui sera fermé quelque temps (années ?) après le Traité d'Aranjuez de mai 1745. En conséquence, les lettres d'Espagne sont remises par la poste espagnole de Gènes (puis par le bureau étranger), taxées 1 lire et 18 sous (et pas 1 lire et 18 deniers, comme l'affirment les forumeurs italiens et les sites de vente). Soit 38 sous.


Organisation postale de la Rép. de Gènes - Pastine.

Sur la lettre, on voit un petit grigri, que personnellement j'interprète comme un "3". Si tu rajoutes ce trois à 38 sous, et que tu doubles pour un second port, tu obtiens 82 sous, autrement dit 4 lires et 2 sous. Ben tiens !

Reste à savoir pourquoi 3 sous en plus la simple, puisqu'on ordonne au Directeur de céder la correspondance espagnole précisément à 38 sous (d'où qu'elle vienne en Espagne, donc). Mais l'article 5 de l'ordonnance espagnole du 11 septembre 1753 alloue à ce directeur la somme de 12 maravédis de billom pour chaque lettre espagnole. D'ici à ce que ces 12 maravédis donnent 3 soldi en monnaie ligure ...


Annales des postes d'Espagne

D.

Bonjour,

Voici le fameux 1 lire 18 soldis, en 1776 (de Cadix, marque rouge ANDALUCIA ALTA, via Madrid) :


Lien vers la vente

On voit aussi un petit 2 inscrit en haut.

Il faudrait savoir pourquoi on serait passé d'un système n'incluant pas la rémunération du directeur espagnol à Gênes dans la taxe à payer, à un système l'incluant.

Bruno

bonjour Bruno,

merci pour cet apport. Le petit "2" doit avoir une signification autre que celle de l'échelon de poids, donc.

J'en ai trouvé une très explicite, aussi d'Andalousie la Haute, 1765, taxée au double port à 3 lire 16 (76 sous), avec le détail en façade pour ceux qui n'auraient pas suivi.



A côté de ça, il semble que d'autre lettres soient taxées au poids, en fraction d'once. Il resterait à connaître la base de tarification (prix de l'once) et le poids de chaque lettre. Bon courage ...





Années 1863/1865

D.