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 1812, un déboursé évité

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Mare Nostrum

Mare Nostrum


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MessageSujet: 1812, un déboursé évité   1812, un déboursé évité EmptyMer 18 Nov 2020 - 14:32

Bonjour à toutes et tous,

ce type de lettre, souvent sympathique, est loin d'être exceptionnel et témoigne de la marge de manoeuvre applicable par les directeurs*.

Petit rappel ou éclairage**: l'application des règlements (ici IGP de 1808) voudrait qu'un lettre en port dû qui ne trouve pas son destinataire dans le bureau de destination soit renvoyée au bureau (départemental) habilité à effectuer les déboursés, avec indication de la nouvelle adresse. 
Ce dernier décharge la comptabilité du bureau de première destination (il aurait dû encaisser le port en distribuant la lettre mais n'a pas pu le faire, sa comptabilité n'est pas " à jour"), barre l'ancienne taxe et inscrit la nouvelle qui correspond à la nouvelle adresse, ensuite il fait acheminer la missive.

Pour éviter ces formalités et leur (éventuelle) lenteur, une pratique (non règlementée et non règlementaire) s'était instaurée : une connaissance du destinataire communiquait la nouvelle adresse et payait la taxe du port dû. La lettre devenait une lettre en port payé et poursuivait sa route jusqu'à la deuxième adresse du destinataire.
Lorsque les 2 adresses se trouvaient dans la même zone de distance, cela ne posait au fond pas de problème ; ça devenait plus gênant lorsque la distance entre les deux lieux était importante : si l'on changeait de zone, la poste devenait perdante...

C'est le cas de cette lettre : lettre de Turin pour Chiavari, taxable pour 6 décimes (lettre de 8 à moins de 11 grammes [on lit 8 en haut à gauche] sur une distance comprise entre 101 et 200 km, tarif de 1806).

1812, un déboursé évité Eavite11

Mais, le destinataire est à Sarzane : un familier l'indique, paie la taxe : le 6 est barré et le directeur précise port payé en haut à gauche et au verso, et appose une croix de St André pour bien signifier ce port payé.

1812, un déboursé évité Eavite10

Dans le cas présent, la lettre doit parcourir 70 km de plus : vu que la distance Turin / Chiavari est déjà proche de la limite supérieure, 70 km de plus font basculer dans la zone 201 à 300 km. 
Là, il y a donc manque à gagner pour l'administration des postes. Lettre de 8 à moins de 11 gr. entre 201 et 300 km : 5 décimes + 50 % = 7,5 décimes arrondis à 8... 
...mais il y a allègement de la procédure pour le directeur de Chiavari, et gain de temps pour le destinataire. C'était peut-être l'essentiel !

1812, un déboursé évité Eavite12
Atlas Poirson, édition 1812. A cette date, le golfe de Gênes est un véritable "lac" français, bordé par les départements des Alpes maritimes, du Montenotte, de Gênes, des Apennins et de la Méditerranée !

L.

* Michèle Chauvet (IHP, page 207, édition 2016) rappelle que s'en sera fini avec la circulaire n° 29 d'octobre 1826
** ces choses m'ont paru obscures pendant bien longtemps, à une époque où je trouvais peu de charme à la marcophilie et à la préphilatélie...
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daniel91

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MessageSujet: Re: 1812, un déboursé évité   1812, un déboursé évité EmptyJeu 19 Nov 2020 - 11:00

Bonjour à toutes et à tous et en particulier à Laurent alias Mare Nostrum,

Superbe document et explications toujours bien documentées.

Je copie et transfère dans Word pour ma documentation.

Encore merci pour le partage.

A+
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Jean-Samuel




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MessageSujet: Re: 1812, un déboursé évité   1812, un déboursé évité EmptyVen 20 Nov 2020 - 21:47

Bonsoir, 

peut-être cette lettre fait-elle écho à ce que nous a montré "Mare Nostrum" : 

1812, un déboursé évité Port_p10

Écrite le 12 mars 1772, la lettre est partie de Blaye (marque à sec : zone entourée (plus origine inscrite dans la lettre)) pour Montpellier.

La taxe de 14 sous correspondrait soit à une lettre simple (elle pèse 5 gr) distance supérieure à 150 lieues (tarifs du 8 juillet 1759) soit à une lettre simple pour une distance de 80 à 100 lieues mais étant "en passe par" elle est taxée en lettre double ? 
(J'avoue ne pas avoir très bien compris cette règle ; combien de fois doit-on compter la taxe "en passe par" ? N'ayant pas encore reconstitué précisément le trajet de cette lettre sur son acheminement d'époque, elle semble toutefois être passée par Bordeaux - Toulouse - Narbonne !?)

Mais venons-en aux similitudes avec la lettre précédente, arrivée à Montpellier le destinataire est annoncé comme étant à Cette. Si je suis l'explication proposée, plutôt que de renvoyer la lettre à son expéditeur passant par la nécessité d'un déboursé, un "familier - bienfaiteur - ou administratif"  (il me semble lire "Conseiller à la cour des Ay.....?") " paye la taxe pour l'acheminement Montpellier - Cette (port payé à Montpellier) taxe 14 barrée.

La lettre à "cette" fois-ci trouvé son destinataire !

Vos remarques sont les bienvenues !

Jean-Samuel
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Mare Nostrum

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MessageSujet: Re: 1812, un déboursé évité   1812, un déboursé évité EmptySam 21 Nov 2020 - 7:04

Bonjour à toutes et tous,

en effet, Jean-Samuel, voilà un beau déboursé évité.

Les cours des aides étaient des juridictions financières caractéristiques de l'Ancien régime.
(France-Archives : à propos de la Cour des aides de Montpellier ici

Pour la taxation et le cheminement, d'aucuns éclaireront certainement ta lanterne !

L.
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Doudad
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Doudad


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MessageSujet: Re: 1812, un déboursé évité   1812, un déboursé évité EmptySam 21 Nov 2020 - 8:15

bonjour,

pour ce qui est de la taxe de l'Ancien Régime (tarif de 1759, Déclaration du Roi du 8 juillet portant augmentation etc ..), le poids n'est pas pris en compte pour la lettre simple, une "simple", c'est une feuille de papier plié et scellé, à l'intérieur la correspondance, à l'extérieur la suscription.

Les villes de passe sont déterminées par le texte :

1812, un déboursé évité Sans_410

Il n'y a pas 36 itinéraires, on utilise la seule route de poste, ici Bordeaux-Montpellier, passe à Toulouse, deux taxes équivalentes d'environ soixante lieues, deux fois 7 sols. Ces calculs sont très aléatoires, on ne peut qu'interprêter au mieux ce qu'on voit sur les lettres, si ça colle tant mieux.

La taxe de passe ne se fait qu'une fois, quel que soit le nombre de villes de passe en cause.

D.

PS : dans le tableau des distances en lieues de poste de l'Empire, on a 63 lieues entre Montpellier et Toulouse et 59 lieues entre Toulouse et Bordeaux (ou l'inverse, je ne sais plus). Mais les lieues de poste des Fermiers de l'Ancien Régimes étaient certainement plus élastiques que celles des fonctionnaires impériaux.

_________________
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LECOQ

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MessageSujet: Re: 1812, un déboursé évité   1812, un déboursé évité EmptySam 21 Nov 2020 - 8:44

Merci pour le partage. 
Fort intéressant.
François
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Jean-Samuel




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MessageSujet: Re: 1812, un déboursé évité   1812, un déboursé évité EmptyDim 22 Nov 2020 - 17:56

Merci pour ces informations qui complètent bien ma compréhension de cette lettre.

Jean-Samuel
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daniel91

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MessageSujet: Re: 1812, un déboursé évité   1812, un déboursé évité EmptyDim 22 Nov 2020 - 19:11

Bonsoir à toutes et à tous et en particulier à Jean Samuel,

J'avais déjà dans un post précédent soulevé la question de comment calcule t on la taxe si la route de poste passe par plusieurs villes éligibles au système du double port.

voir : https://collections.forumgratuit.org/t19751-tarif-du-01-01-1704-et-le-systeme-du-double-port

La réponse est comme souvent venue de Doudad.

Pour apporter un complément d'information sur le tarif de 1759, le texte complet est sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86013019/f3.item.r=D%C3%A9claration

A+
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MessageSujet: Re: 1812, un déboursé évité   1812, un déboursé évité Empty

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