franchise - déportée politique

Carte postale postée le 30-6 45 à Argenton-Château.


La carte est on ne peut plus banale, mais l’inscription lui ayant permis de voyager en franchise m’intrigue/
« F. M. Déportée Politique ».
C’est la première fois que je vois cette appellation.
Dans le nord des Deux Sèvres il y a eu plusieurs possibilités de franchise « F.M. ».
D’abord en 1939-40 avec les armées polonaises, puis en 1945-46 avec les prisonniers de guerre, mais toujours avec un cachet ad-hoc ou sur carte spécifique.
Le texte indique que l’expéditrice est une jeune femme ou jeune fille qui a une grande envie d’aller danser.
(Fin d’un certain confinement !)
Avez-vous une explication, ou des idées ?

Bonjour,

les déporté(e)s politiques sont les personnes arrêtées sous Vichy du fait de leurs opinions et déportées dans un camp (de concentration). 

Les rescapés bénéficient d'un statut spécifique et d'une aide.



Peut-être ici un centre de convalescence... 

L.

sans doute la jeune femme était-elle dans un centre d'accueil départemental , d'où la franchise (texte postal à chercher donc) :



A creuser.

Voilà le lien vers l'ordonnance

L.

bonjour,

l'assimilation du statut des déportés politiques à celui des soldats français PG a fait l'objet d'une proposition déposée à l'Assemblée Consultative Provisoire le 28 novembre 1944 par le député (ou équivalent) Pierre Bugeaud. Elle a fait l'objet d'un rapport (n° 223) distribué après le 20 décembre 1944. Je n'en ai pas trouvé trace ensuite, mais le fait que l'ordonnance du 11 mai 1945 réunisse les deux catégories (militaires et déportés politiques) peut laisser penser que l'assimilation a été effective. La carte montrée semble aller dans ce sens, en tout cas.

D.

Merci à vous,
Il me reste à creuser !
J'espère trouver les bons outils !
Je pensais qu'une marque plus ou moins administrative ou postale était nécessaire pour bénéficier de la franchise.
Pendant la 1ère guerre les soldats en permission bénéficiait de la franchise mais devait déposer leur courrier, souvent des CP, au guichet, en montrant leur titre de permission.
Peut-être que dans les "colonies de vacances" en 1945 -46, il y avait une possibilité de contrôle de ce genre.
A bientôt.

Un site internet incontournable sur cette période (entre autres), c'est celui de Jean Goanvic, sociétaire de l'Académie de Philatélie.

Il fait état de cartes en franchise pour les rapatriés civils. Un document de 1946 fait également état de la prolongation de franchise pour les rapatriés encore hospitalisés.

D.

Bonjour,

Doudad a écrit:

Un site internet incontournable sur cette période (entre autres), c'est celui de Jean Goanvic, sociétaire de l'Académie de Philatélie.

Étonnant, mais il me faut être connecté pour que le lien donné par Doudad soit cliquable. Si je ne suis pas connecté, il reste inactif, inerte, et je n'ai pas accès à la connaissance ! (Enfin, si, car je connais le site de J. Goanvic.)

Première fois me semble-t-il que je constate cela. Même si Chrome tourne avec Adblock.

Bruno

bc92 a écrit:

Première fois me semble-t-il que je constate cela. Même si Chrome tourne avec Adblock.

Bruno

Bonsoir,

je m'en suis aperçu il y a quelques semaines, consultant le site sans être connecté : les liens insérés dans les messages ne sont plus actifs.

Incitation peut-être pour que les visiteurs anonymes s'inscrivent sur le forum ?

L.

OK, merci Laurent, cela m'avait échappé...

Refermons cette parenthèse.

Bruno

bonsoir,

oui, c'est normal, hors connexion membre, certaines fonctions sont désactivées, certaines pages aussi (la doc en ligne, par exemple), par contre certains mots-clef induisent des liens vers des pubs (il faut bien que formumactifpointcom vive).

Une intervenante sur ce forum qui avait la fâcheuse manie de ne pas se connecter a, en son temps, traité les pauvres admins d'infâmes sexistes et les a menacé d'émasculation, parce que chaque fois qu'apparaîssait le mot "tampon" (dans le contexte postal), un clic sur le mot l'amenait à une pub pour une marque de serviettes périodiques.

Etonnant, non ?*

D.

* il est possible que la suite "connexion membre" amène (hors ligne) vers un site pornographique, mais je n'ai pas vérifié.

La mention manuscrite sur la carte présentée paraît insuffisante pour pouvoir justifier de la franchise.

Merci Bonif.
Je suis bien content de voir que je ne suis pas seul à le penser.

bonjour,

Bonif a écrit:

La mention manuscrite sur la carte présentée paraît insuffisante pour pouvoir justifier de la franchise.

Ce ne semble pas avoir été l'avis du receveur d'Argenton, cependant.

D.

Oups ! Zut !
j'ai remercié Bonif , mais je dois aussi des remerciements à Mare Nostrum et Doudad pour leurs liens, accessibles sans problème une fois personnellement identifié.
Merci à tous

Bonjour,

Doudad a écrit:

Ce ne semble pas avoir été l'avis du receveur d'Argenton, cependant.

Pas le receveur, mais un guichetier ou un autre postier affecté à la levée d'une boite.

C'est un souci dans cette période: on rencontre d'assez nombreuses cartes postales venant de différents particuliers prétendant être des membres des FFI, de telle ou telle unité militaire, etc., mais sans mention justificative de la part du postier qui accepte l'envoi sans affranchissement.
Au début de la guerre, ou durant la précédente, il est très fréquent de voir une mention manuscrite du type 'vu au guichet' qui permet de dégager la responsabilité.
Après la Libération, il semble qu'une large tolérance ait prévalu et ait permis à certain(e)s d'en (ab)user.

Je suis bien d'accord qu'un timbre officiel aurait été mieux, mais en l'occurrence, si ce document est authentique, et qu'il y ait effectivement eu un centre d'accueil départemental ou autre dans la commune d'Argenton-Château (petit bureau de 4ème classe en 1933), il est bien possible que le/la prépos(é)e, quelle qu'en ait été la fonction, ait su qu'à l'évidence Denise Péria n'appartenait pas à ses ouailles, mais qu'elle était pensionnaire au dit centre voisin. Si ce centre ne disposait pas d'un vaguemestre avec marque officielle, cette fonction pouvait être remplie par le bureau de poste local, sur liste ou présentation d'un document quelconque.

Je sais bien que ce ne sont que des hypothèses, et qu'elles ne sont pas recevables en HP, mais là, nous sommes juste en train de discuter le bout de gras sur un document atypique.

D.

Sans parler de tampon officiel (il n'en existe pas forcément), le postier qui accepte qu'une correspondance puisse bénéficier de la franchise est tenu d'en vérifier le bien-fondé.
Ici, on ne sait où précisément a été déposée la carte postale: si c'est au guichet, une annotation postale manuscrite aurait pu suffire pour accepter la franchise. Si c'est dans une BAL, alors il convenait de la signaler à la taxe en l'état.
Quant à Denise, son texte ne montre pas qu'elle souffre d'être 'déportée'...

Cela écrit, j'ai bien conscience que, en 1945, on était encore tolérant pour beaucoup de correspondances.

Bonif a écrit:

Quant à Denise, son texte ne montre pas qu'elle souffre d'être 'déportée'...

La phrase "Depuis que je suis là, j'ai grossi de six kilos" peut prêter à sourire en 2021, en 1945 elle a une résonnance plus sinistre.

D.

Bonif a écrit:

Quant à Denise, son texte ne montre pas qu'elle souffre d'être 'déportée'...

Bonjour,

petit contresens peut-être (ou je n'ai pas saisi l'humour) : ces centres d'accueil départementaux n'incarcèrent personne, ils sont le sas sanitaire et médical entre le camp de concentration allemand, polonais ou alsacien où les gens ont été déportés, durant la guerre par Vichy, et le retour à la vie civile en France une fois qu'ils ont été libérés.

Si Denise a perdu 20 ou 30 kilos durant sa déportation, elle ne peut que se réjouir d'en récupérer déjà 6.

L.