Bonjour à tous et bises aux dames (prénommées Clio... ou pas)
Un des encouragements à la "collection de timbres", que vous avez certainement entendu étant gamin, était que cette activité développait l'intérêt pour la géographie et l'histoire, etc, etc...
Et bien c'est vrai !
Un exemple ?
Ces deux lettres, adressées au même destinataire et à quelques semaines d'intervalle:
Le 1er septembre l'armée française est défaite à Sedan.
Napoléon III fait remettre une lettre à Guillaume 1er, roi de Prusse:
"Monsieur mon frère, n’ayant pu mourir au milieu de mes troupes, il ne me reste qu’à remettre mon épée entre vos mains."
Élégante façon de signifier que l'armée française se rend.
Le 2, la capitulation est signée.
Le 4, Napoléon III (prisonnier, parmi 83000 militaires) est déchu de son titre d'Empereur et la République est proclamée par le peuple avant d'être reconnue par l'Assemblée nationale le 30 janvier... 1875 !
Depuis le 4 septembre 1870, la France se trouve, de fait, dans un régime politique "hybride".
Et Marseille dans tout cela ?
Marseille dans un arrêté municipal du 16 octobre décide de débaptiser la rue Impériale, artère longue d'un kilomètre, large de 25 mètres et destinée à relier le Vieux-Port au nouveau port de marchandises de la Joliette.
Ce percement réalisé en 24 mois avait entraîné la destruction de 61 rues et 935 maisons d'habitation (16000 habitants déplacés) et produisant un million de m³ de déblais.
La photo ci-dessous donne une idée de la "tranchée"...
La rue Impériale, inaugurée le 15 août 1864, débaptisée en 1870, conservera cette appellation jusqu'après les insurrections populaires de la Commune, terminées à Marseille le 5 avril et à Paris le 28 mai 1871.
Un mois après la reprise "musclée" du pouvoir par Thiers (élu "chef du pouvoir exécutif" depuis le 17 février), la rue "Impériale" est toujours d'actualité ! Notre première lettre (
Paris, 26 juin 1871) en apporte la preuve.
Ceci en dépit d'un arrêté préfectoral de janvier décidant de la dénomination "rue de la République". Les habitudes ont la vie dure...
Mais le vent tourne, et peut-être la fort probable élection d'Adolphe Thiers (enfant de Marseille, rappelons-le) amène-t-elle un changement dans la rédaction des adresses.
Deux jours avant la désignation de Thiers comme président de la République, Monsieur Audibert sans déménager a changé d'adresse.
Il officie désormais rue de la République, comme le montre notre seconde lettre
(Guise, 29 août 1871)Voilà, voilà.
Un peu d'histoire, un peu d'urbanisme, donc de géographie. C.Q.F.D.
À bientôt.
Michel