Grande rareté !!!

Voici une grande rareté mise en vente sur un site bien connu de ventes aux enchères belge. Elle est décrite comme suit :

semeuse 10cx4+5c lettre exprès levée exceptionnelle ambulant Lorient à Rennes 6 janv 1914 b rareté.

Et par conséquent un prix de départ assez élevé : 825 euros.


En effet les lettres par exprès en levée exceptionnelle sont très rares. Je n’en connaît qu’une de province et elle n’est pas de Lorient.


Et quant aux levées exceptionnelles de Lorient, je n’en connaît qu’une mais elle n’est pas en exprès.
Le tarif de la levée exceptionnelle de Lorient a été mise en place le 1^er janvier 1896.


Notre lettre est du 6 janvier 1914 donc le tarif est le suivant :
              Lettre jusqu’à 20 grammes 10 centimes – Tarif du 1^er mai 1910
              exprès                                 30 centimes – Tarif du 1^er avril 1902
              Levée exceptionnelle            5 centimes – Tarif du 1^er octobre 1901.


Soit un total de 45 centimes comme l’affranchissement de notre lettre. C’est parfait. Quelle superbe lettre.


MAIS et même plusieurs MAIS.



A la date de notre lettre, le 6 janvier 1914, le prix de la lettre simple et de la levée exceptionnelle est de 15 centimes. Tout comme celui de la lettre double port.
Ah !!! Mais ce n’est plus pareil car le niveau de rareté entre une lettre par exprès en double port et une en exprès et en levée exceptionnelle n’est pas du tout le même.
Par ailleurs le TAD est celui de l’ambulant Lorient à Rennes. Mais sauf erreur de ma part le tarif de la levée exceptionnelle sert précisément à payer le déplacement du facteur entre le bureau et la gare afin que la lettre remise après la dernière levée puisse tout de même prendre le même train que celles remises avant la dernière levée.
N’étant pas spécialiste des levées exceptionnelles, je ne sais pas s’il est possible qu’une lettre en levée exceptionnelle ne soit pas oblitérée par son bureau d’origine mais par le TAD de l’ambulant auquel elle est remise. 
Mais même si de (rares) cas existaient la confusion avec le double port reste entière.


Donc en réalité voici une lettre par exprès en double port remise à un ambulant. Ce qui est tout de même une bonne pièce mais loin, très loin, très très loin de valoir 825 euros.



Mais (c'est le dernier) il faut reconnaitre que c'est bien essayé !!!

Bonjour,

Une précision : Lorient a été admise aux levées exceptionnelles le 1er janvier 1904. Le tarif est bien celui du 1er janvier 1896 (5c).


(BM janvier 1904)

Il est fait référence à un courrier d'entreprise assurant le transport du courrier entre le bureau de poste et la gare. Ingénieux, les Bretons !

Bruno

bonjour,

Licorne731 a écrit:

je ne sais pas s’il est possible qu’une lettre en levée exceptionnelle ne soit pas oblitérée par son bureau d’origine mais par le TAD de l’ambulant auquel elle est remise.

ça se trouve.

D.

Quand il n'y a aucun élément spécifique unique pouvant justifier d'une utilisation exceptionnelle, je prends toujours en compte le cas probable le plus courant. Pour moi, c'est :
- prendre en compte le cas le plus probable, simple affaire de statistique
- éviter de me faire avoir (ou de prendre des vessies pour des lanternes...)

Ensuite, libre à chacun de croire tout et m'importe quoi, même le plus improbable, mais cela ne va pas avec mon esprit scientifique

Le pire c'est que même le cas le plus courant pourrait être intéressant, mais pas à n'importe quel prix

Licorne731 a écrit:

le tarif de la levée exceptionnelle sert précisément à payer le déplacement du facteur entre le bureau et la gare afin que la lettre remise après la dernière levée puisse tout de même prendre le même train que celles remises avant la dernière levée.

bc92 a écrit:

Il est fait référence à un courrier d'entreprise assurant le transport du courrier entre le bureau de poste et la gare. Ingénieux, les Bretons !

En l'occurrence, le courrier d'entreprise reste, à mon avis, le moyen ordinaire, il n'est probablement pas créé une course spéciale de la poste vers la gare pour amener quelques lettres urgentes et retardataires (au mieux, par jour) au départ du train. Le moyen extraordinaire, surtaxé, c'est le tri supplémentaire retardé d'un quart d'heure, fait spécialement immédiatement avant le passage du courrier d'entreprise au bureau de poste.

Ce qui permet de dire que la lettre montrée en haut de fil est en double port, et pas en LE. Le 46 rue du Port à Lorient est beaucoup plus proche du bureau de poste que de la gare, mais pas si loin que ça de la gare. Le choix du notaire était probablement d'envoyer son clerc courir à la dernière heure, bien après l'heure de la LE, pour porter au train le courrier du jour. Le décalage souvent important entre la dernière levée et le départ des trains à longtemps posé problème aux entreprises travaillant tard, qui perdaient 24 heures si le courrier ne partait pas au train du soir;

Par contre, à Paris (mais c'est toujours mieux à Paris), dès 1892, des sous-agents vélocipédistes bombent comme des forcenés pour mener vers les gares les lettres en retard qui ne sont pas parties par le courrier ordinaire (c'est à dire celui qui emporte, aussi, les lettres levées à la levée exceptionnelle).

D.

Oui BC 92 une petite erreur de ma part : Lorient levée exceptionnelle 1er janvier 1904 of course.

Pour Doudad lorsque je disais facteur, je ne pensais pas forcément au facteur qui nous distribue les lettres mais plus généralement à la personne qui effectue le service.
Il n'est pas rare que la poste utilise contre rémunération, des auxiliaires pour une mission précise, comme les enfants du personnel pour distribuer des exprès lorsqu'il n'y a personne de disponible par exemple.

Dans l'exemple que tu montres avec le TAD de ligne maritime, la lettre est remise au bureau du Havre ou à la boite d'uns installation provisoire sur le quai d'embarquement ???
Si la lettre est remise au bateau aucun intérêt pour la levée exceptionnelle. On peut donc en conclure qu'elle est remise à terre.

Et si je vois bien la lettre est du 11 octobre 1928 avec le tarif suivant :
- Lettre simple pour l'étranger : 1.50 Fr
- En double port 2.40 F : 
Donc pas de souci, c'est une lettre en simple port avec 25 centimes en trop.
En trop ? Non : 25 centimes c'est le prix de la levée exceptionnelle à cette date : tarif du 1er mai 1926
Pas de confusion entre le double port et la levée exceptionnelle.
Bien belle lettre.

Bonjour,

Licorne731 a écrit:

Bien belle lettre.

Ne serait-ce pas une lettre ayant échappé à l'oblitération (de la Krag SAINT-LAZARE *PAQUEBOTS*) le 10 octobre sur le quai de la gare Saint-Lazare où étaient traitées les levées exceptionnelles pour les trains de Cherbourg et ceux du Havre, et oblitérée seulement le lendemain en mer  ?

Je me suis laissé dire que c'était parfois un peu le bazar dans ce local (peut-être quand le vent automnal rabattait la fumée des locomotives sur le quai de gare...)

Bruno

bonsooir,

bc92 a écrit:

Ne serait-ce pas une lettre ayant échappé à l'oblitération (de la Krag SAINT-LAZARE *PAQUEBOTS*) le 10 octobre sur le quai de la gare Saint-Lazare où étaient traitées les levées exceptionnelles pour les trains de Cherbourg et ceux du Havre, et oblitérée seulement le lendemain en mer  ?

en octobre 1928, ce serait in poil prématuré, mon cher Manson. Il faudrait plutôt envisager, à mon avis, une remise à l'employé de quai de Saint-Lago, muni en principe de sa sacoche-boîte, produit surtaxé levé en dernière limite d'heure, confié au train à un agent ferroviaire, et traité en passe.

Ce système a été perfectionné dans les mois suivants par l'installation du bureau provisoire et de sa machine à timbrer, comme l'on sait, probablement en raison de l'affluence d'envois. Mais le vent est fripon, sans aucun doute, comme le chantait Georges.

Bien belle lettre, qui vient des archives Platzer, forcément ...

D.

Doudad a écrit:

en octobre 1928, ce serait un poil prématuré

Tu as raison, bien sûr !

Bruno