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| Le noir et le rouge | |
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Doudad Maitre en Gallica
Nombre de messages : 18450 Localisation : Terre du Milieu Date d'inscription : 12/12/2006
| Sujet: Le noir et le rouge Mar 25 Mai 2010 - 18:21 | |
| bonjour - Citation :
- Nous avons sûrement tous des lettres ou CP, banales ou non, qui peuvent amener à une discussion ou pas, mais qui nous tiennent à coeur.
Il pourrait être amusant de les présenter et de les commenter ici sur ce forum afin que chacun s'extasie devant cette collection virtuelle. Emmanuel J'aime bien celle-là, aussi. Pour son aspect marcophile pur et dur (plein de marques dans tous les sens), sa bicoloritude - qui induit une rareté certaine, et les hésitations sur la taxation, 2ème échelon de distance, troisième, j'hésite, je rature. Ecrite à Bâle le 15 octobre 1832, pour Sélestat en Alsace, premier échelon de poids (moins de 7,5 gr.) Une convention postale applicable au 1er avril 1829 régit les échanges entre le canton de Bâle et la France. Les lettres sont envoyées en port dû. La zone postale du canton de Bâle et des cantons pour qui il fait offices d'intermédiaire (Lucerne, Argovie, Schaffouse, Uri, Tessin) est divisé en quatre rayons, le plus proche de la frontière payant le port le moins cher (logique). Depuis Bâle pour la France, c'est le premier rayon, la lettre doit 4 kreuzer. Par convention, 4 kreuzer valent 2 décimes, c'est comme ça. Pour indiquer au postier français du bureau d'échange à combien il doit taxer la lettre pour le port suisse, on lui appose, en plus du timbre lineaire BASEL indiquant l'origine, un timbre carré LB4K qui lui donne le montant du port balois (4 kr.), qu'il n'y a plus qu'à convertir en deux décimes, matérialisés par un joli petit 2 rouge. Ensuite, il applique le tarif français depuis son bureau jusqu'à Sélestat. Le calcul se fait en fonction de la distance en ligne droite entre les deux bureaux, mais Sélestat est du genre pile entre les deux tarifs, le taxateur a hésité, je taxe à 3 décimes pour moins de 81 km, ou je rajoute un décime pour plus de 81 km. Il a commencé par la première solution (2 décimes "suisses" + 3 décimes français = 5), avant de se raviser et de rajouter 1 décime = 6. Ce qui est intéressant, marcophiliquement, c'est la griffe linéaire SUISSE/PAR BELFORT en rouge. Elle a été appliquée par le bureau d'entrée de Huningue (S de SUISSE sur le R de PAR - Noël 228bis), le port suisse étant pris en compte jusqu'à Huningue seulement (convention art.3) Jusqu'en 1832, les griffes sont appliquées en noir, ce n'est que courant 1832 qu'elle le seront (et le resteront jusqu'à la fin de cette convention en 1845) en rouge. Or la griffe linéaire sera remplacée à Huningue par une marque encadrée vers la fin de cette même année 1832, ce qui donne un certain intérêt à la linéaire en rouge (quelques mois d'utilisation seulement). Arrivée Sélestat le 17 octobre, avec un timbre à demi-fleuron rédigé en dialecte local ( SCHELESTAT). Par un pur hasard, le n° départemental du Bas-Rhin est le même que maintenant, alors que celui du Puy-de-Dôme était à l'époque le 62, par exemple. La France portera les deux décimes dus au crédit du canton de Bâle, et le solde se réglera en fin d'exercice. D. _________________ dubito, ergo sum
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| | | bc92
Nombre de messages : 8363 Localisation : 78 Date d'inscription : 24/09/2008
| Sujet: Re: Le noir et le rouge Mar 25 Mai 2010 - 19:43 | |
| Bonsoir,
Belle lettre, belle description. Sais tu quand les suisses (de Bâle ou d'autres cantons) ont daté leurs lettres au départ ? Moi pas.
Et puisque j'en suis à poser des questions sottes et grenues, verrais-tu des cas où le décime rural français se serait appliqué, 1) pour une destination rurale en provenance de l'étranger, ou 2) au départ d'une commune rurale vers l'étranger. J'ai envie de dire non, mais je pose bravement la question... Plus précisément, les conventions passées à partir de 1830 ont-elles pu prévoir la chose ?
Bruno |
| | | Doudad Maitre en Gallica
Nombre de messages : 18450 Localisation : Terre du Milieu Date d'inscription : 12/12/2006
| Sujet: Re: Le noir et le rouge Mar 25 Mai 2010 - 20:36 | |
| bonsoir, pour la datation des départs suisses, je connais en 1831 des linéaires deux lignes de Genève / date en dessous. Même genre de Zurich en encadrement demi lune en 1833 Pour Bâle, début 1833 avec des timbres circulaires en rouge (aspect à comparer avec ma première lettre = 6 mois plus tard, toutes les marques sont rouges, le timbre de départ est circulaire, le timbre d'échange est encadré) - Citation :
- verrais-tu des cas où le décime rural français se serait appliqué, 1) pour une destination rurale en provenance de l'étranger, ou 2) au départ d'une commune rurale vers l'étranger. J'ai envie de dire non, mais je pose bravement la question...
Plus précisément, les conventions passées à partir de 1830 ont-elles pu prévoir la chose ? affirmatif ! Cette belle lettre m'a été soumise par un collègue anglo-saxon Donald Wright : de La Brède, arrondissement de Castres-sur-Gironde, 24 avril 1844, pour Rolle, par Ferney, marque d'échange L F 9 D (9 décimes pour le parcours français), décime rural. A mon humble avis, le décime supplémentaire est perdu, puisque le tarif de 1828 prévoit une taxe de 9 décimes pour une distance de 500 à 600 km, et que la distance entre Castres (en Gironde) et Ferney est de 550 bornes, à vol d'hirondelle d'Afrique). D. _________________ dubito, ergo sum
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| | | bc92
Nombre de messages : 8363 Localisation : 78 Date d'inscription : 24/09/2008
| Sujet: Re: Le noir et le rouge Mar 25 Mai 2010 - 21:47 | |
| - Doudad a écrit:
- pour la datation des départs suisses, je connais en 1831 des linéaires deux lignes de Genève / date en dessous.
Même genre de Zurich en encadrement demi lune en 1833
Pour Bâle, début 1833 avec des timbres circulaires en rouge (aspect à comparer avec ma première lettre = 6 mois plus tard, toutes les marques sont rouges, le timbre de départ est circulaire, le timbre d'échange est encadré) Merci pour ces précisions ! - Citation :
- verrais-tu des cas où le décime rural français se serait appliqué, 1) pour une destination rurale en provenance de l'étranger, ou 2) au départ d'une commune rurale vers l'étranger. J'ai envie de dire non, mais je pose bravement la question...
Plus précisément, les conventions passées à partir de 1830 ont-elles pu prévoir la chose ? affirmatif ! Cette belle lettre m'a été soumise par un collègue anglo-saxon Donald Wright : de La Brède, arrondissement de Castres-sur-Gironde, 24 avril 1844, pour Rolle, par Ferney, marque d'échange L F 9 D (9 décimes pour le parcours français), décime rural. A mon humble avis, le décime supplémentaire est perdu, puisque le tarif de 1828 prévoit une taxe de 9 décimes pour une distance de 500 à 600 km, et que la distance entre Castres (en Gironde) et Ferney est de 550 bornes, à vol d'hirondelle d'Afrique). D.[/quote] Donc le décime rural a beau être frappé, les Français ne le demandent pas aux Suisses. Bruno |
| | | vals59
Nombre de messages : 1774 Age : 57 Localisation : Nord Date d'inscription : 14/03/2010
| Sujet: Re: Le noir et le rouge Mar 25 Mai 2010 - 22:07 | |
| - bc92 a écrit:
- Bonsoir,
Belle lettre, belle description. Sais tu quand les suisses (de Bâle ou d'autres cantons) ont daté leurs lettres au départ ? Moi pas.
Et puisque j'en suis à poser des questions sottes et grenues, verrais-tu des cas où le décime rural français se serait appliqué, 1) pour une destination rurale en provenance de l'étranger, ou 2) au départ d'une commune rurale vers l'étranger. J'ai envie de dire non, mais je pose bravement la question... Plus précisément, les conventions passées à partir de 1830 ont-elles pu prévoir la chose ?
Bruno Voici quelques éléments d'infos sur le décime rural un peu plus fiables que la nomenclature de 1892 qui je ne sais pourquoi n'a pas été mise en place. Le décime rural s'applique pour les lettres en port dû originaires ou à destination d'une commune rurale sans bureau de poste, sauf: - lettres adressées à un militaire sous les drapeaux - lettres en poste restante - lettres en franchise - lettres de et pour le département de la Seine Il n'est pas fait mention des lettres de et vers l'étranger dans les exceptions. Il semble difficile de faire prendre en compte le décime rurale (même s'il est frappé et comptabilisé par le bureau de départ) sur une lettre à destination de l'étranger. Le port étant calculé sur des distances de bureaux à bureaux et les offices étrangers ne devaient pas reconnaitre cette taxe supplémentaire d'autant plus que nombre d'entre eux n'avait pas de service postal rural. ICI, une lettre identique à celle de Doudad, mais pour la Belgique. Par contre sur une lettre à destination d'une commune rurale française, le décime rural était vraisemblablement perçu, car c'est le bureau final (français) qui perçoit le port auprès du destinataire.Le décime rurale supplémentaire étant une taxe fixe venant se rajouter au port. Emmanuel |
| | | Doudad Maitre en Gallica
Nombre de messages : 18450 Localisation : Terre du Milieu Date d'inscription : 12/12/2006
| Sujet: Le rouge et le bleu Mer 26 Mai 2010 - 21:35 | |
| bonsoir, dans la même famille, et pour sa grande simplicité, j'aime bien celle-là aussi. écrite à Paris le 8 avril 1835, adressée à Lauzanne (Vaud), elle ne porte aucune marque explicite d'identification : en tout et pour tout un timbre comptable rouge CF7D (Correspondance par Ferney à 7 décimes), et un timbre dateur muet bleu. Si l'on consulte la Convention signée entre la France et le canton de Vaud, effective du premier octobre 1828 au 30 novembre 1845 et aussi appliquée au Canton du Valais , on voit que les bureaux d'échange entre le Canton de Vaud et les 49 départements français septentrionaux (dont Paris) sont pour le Canton de Vaud, Orbe et pour la France, Pontarlier. Que vient faire là une marque de Ferney ? C'est tout simplement que des marques spécifiques au bureau de Paris-Etranger n'ont pas été prévues pour ces échanges franco-suisses, et que Paris a utilisé des marques de récupération, dont celle-ci provenant d'une convention franco-bernoise devenue caduque en 1832 (les lettres du sud de la France pour Berne passaient alors par Ferney). De Paris, la lettre est donc effectivement passée par Pontarlier et Orbe. La taxe française entre Paris et Pontarlier est de 7 décimes dans le tarif de 1828. Il n'y a pas d'identification du bureau émetteur, sinon la couleur bleue de l'encre (caractéristique de Paris-Etranger), mais elle n'est pas utile aux postiers vaudois, puisqu'ils ont le montant de la taxe française à ajouter à leur propre tarif. Aucune marque au dos (grande simplicité, vous dis-je.) D. _________________ dubito, ergo sum
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| | | Doudad Maitre en Gallica
Nombre de messages : 18450 Localisation : Terre du Milieu Date d'inscription : 12/12/2006
| Sujet: Re: Le noir et le rouge Jeu 27 Mai 2010 - 9:15 | |
| bonjour, pour compléter la Trinité de ces belles lettres franco-suisses, une lettre de la convention bernoise dont on a parlé dans le post ci-dessus. Elle est dite "Convention Fischer", du nom des fermiers des postes qui tenaient les postes du canton de Berne depuis 1804. Les frères Fischer (qui auront aussi les postes du Jura suisse) restent en place jusqu'en 1831, avant qu'un changement politique et le refus de prêter serment aux nouveaux gouvernants ne mettent fin à leur mandat le 31 juillet 1832. Le service postal bernois deviendra alors une régie d'Etat, et une nouvelle convention est passée avec la France, effective en janvier 1833, avec des marques LFxD (Lettre française à x décimes). C'est à ce moment que les marques "Fischer" précédentes CFxD et CDxD (Correspondance par Ferney ou par Delle à x décimes), devenues caduques, sont récupérées par Paris-Etranger. La lettre est écrite à Lyon le 19 juillet 1829. Elle porte un intéressant timbre à date d'essai, mis en service à Lyon, Lille et Le Havre l'année précédente, suite à la circulaire n°125 que le Directeur Général des Postes a adressé à ses subordonnés : "Vous voudrez bien, à dater du 1er février courant, appliquer sur toutes les lettres la date du jour de leur expédition." Cette directive ne concerne que les bureaux faisant départ, c'est à dire les bureaux de direction, et ceux des bureaux de distribution qui font dépèche sur Paris. Avant 1828, on timbrait, mais on ne datait pas. Le dateur type a (muet) a été utilisé dans un premier temps, mais il obligeait à frapper deux marques (la linéaire du bureau et le dateur muet), sauf éventuellement à Paris-Etranger, nous l'avons vu précédemment. Le timbre dateur circulaire d'essai de Lyon-Lille-Le Havre ne sera pas conservé (on connait également un cachet rectangulaire d'essai de février 1828) et ce sont les types 11, 12, 13 à fleurons plus ou moins complets qui seront mis en service. La marque comptable CF4D donne la taxe à percevoir (4 décimes) pour le trajet Lyon-Ferney. Arrivée Genève le 21 juillet, griffe deux lignes datée au verso. Jusqu'en janvier 1831, le canton de Genève utilisait les services des fermiers Fischer par l'intermédiaire de la convention bernoise, mais il s'en est détaché et a signé sa propre convention avec la France, effective en juillet 1831. D. _________________ dubito, ergo sum
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| | | SamuelGM
Nombre de messages : 980 Age : 48 Localisation : Paris Date d'inscription : 22/03/2010
| Sujet: Re: Le noir et le rouge Jeu 27 Mai 2010 - 9:46 | |
| bonjour zatous!
tout ceci est fort beau et fort instructif! (même si je n'ai pas grand chose à apporter à la discussion!) |
| | | Doudad Maitre en Gallica
Nombre de messages : 18450 Localisation : Terre du Milieu Date d'inscription : 12/12/2006
| Sujet: Re: Le noir et le rouge Jeu 27 Mai 2010 - 10:00 | |
| J'ai acheté ces trois lettres en lot chez Heinrich Köhler (VO allemande) pour 40 euros (seul enchérisseur) il y a déjà plusieurs années. La plupart des lots de cette maison atteignent plusieurs milliers d'euros, et c'est le seul achat que j'ai fait chez eux, mais ça n'empêche pas que depuis, ils m'envoient plusieurs fois par an leurs somptueux catalogues, comme si j'étais un émir du Golfe (ou un trader à la Société Générale, c'est pareil).
Cela va droit au coeur du petit fonctionnaire crypto-anarchiste nécessiteux que je suis, du coup, j'ai l'impression d'avoir été admis dans le premier cercle (attention à la tentation petite-bourgeoise, camarade !).
D. _________________ dubito, ergo sum
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