Bonjour,
Le tarif des Recettes réunies est une variante du tarif de proximité. Il fut mis en place en juillet 1854 et a pris fin le 31 avril 1878. C'est un tarif assez confidentiel puisqu'il n'a concerné qu'une très petite minorité de bureaux de poste français.
L'augmentation du nombre des bureaux de poste au milieu du XIXème était un vrai progrès pour les Français de Province. Le maillage du territoire permettait aux français d'accéder plus rapidement à un bureau de poste près de chez eux et ainsi d'augmenter la vitesse des échanges postaux.
Cependant, cet avantage était souvent assorti d'un inconvénient; l'augmentation du tarif postal entre la ville où l'on l'habitait et où venait de s'installer un bureau de poste et la ville (limitrophe) où se trouvait le bureau où l'on se rendait avant.
Ainsi en 1850, quand on habitait dans une commune rurale et que l'on devait adresser une lettre dans la ville où se trouvait le bureau de poste dont dépendait notre commune, il en coûtait 10 c. Quand dans notre commune s'ouvrait un bureau de poste, c'était souvent un bureau de Distribution (avec services postaux réduits), le tarif demeurait 10 c, car une Distribution était sous tutelle d'une Direction.
Cependant, quand notre bureau de poste prenait de l'importante, il devenait souvent une Direction. Le tarif postal d'une lettre entre la ville notre bureau, devenu Direction, et la ville où se situait la Direction de tutelle (de notre ancien bureau de Distribution) augmentait et passer à 25 c (toujours en 1850).On passait du tarif local au tarif territorial.
Ce changement de tarif n'était pas évident à comprendre pour les habitants de villes limitrophes, car la différence entre les 2 ports était conséquente alors que la distance entre les 2 bureaux ainsi que la prestation de la Poste n'avaient pas changé.
Face aux nombreuses plaintes, l'Administration décidait de réaliser un test le 1er juillet 1854 en "réunissant" les Arrondissements postaux et ruraux de 2 bureaux de Direction limitrophes (maximum 3) en une seule Circonscription postale. C'est à dire que les 2 Directions et les communes rurales dont elles dépendaient allaient faire partie d'une même Circonscription postal.
Petit rappel:
Circonscription postale: Ville siège du bureau de Direction + ville(s) siège(s) du bureau de Distribution qui en dépent+ toutes les communes rurales dépendant de ces bureaux de poste.
Arrondissement postal: Ville siège du bureau de poste + ses faubourgs
Arrondissement rural: Ville siège du bureau de poste + toutes les communes rurales qui en dépendanteLe tarif d'une lettre circulant au sein de cet ensemble mais uniquement entre les 2 Arrondissements sera le tarif de la ville pour la ville et non le tarif local au sein de la même Circonscription postale (cf IG 1856)
La différence entre ces 2 tarifs n'existe pas dans le prix, mais plutôt dans l'échelle des poids. Ainsi de 1854 à 1863, le premier échelon de poids d'une lettre circulant au sein d'une même Circonscription postale allait jusqu'à moins de 7.5 g alors que la même lettre au premier échelon de poids pouvait aller jusque moins de 15 g.
Ce nouvel ensemble postal était donc composé d'une Direction principale( la Direction la plus élevée en classe) et d'une ou plusieurs Directions annexes (les moins élevées en classe).
Cette réunion concernera en 1854 19 paires de Directions et un triplé en Province. Paris sera aussi concernée, car 16 Directions seront réunies à Paris.
Cette expérience ne fut pas étendue et sera même au fil des années très limitée.
Pour ce qui m'intéresse, le Nord, les Directions réunies ont concerné Valenciennes et Anzin ainsi que Lille, Moulinlille et Wazemmes. Lille sera le seul bureau de Direction de Province à être réuni à 2 autres Directions à la fois.
En 1878, à la réunification des tarifs local et territorial, seules les Direction de Valenciennes et Anzin sont encore réunies.
Suite au décret Impérial du 13 octobre 1858, les communes de Wazemmes et Moulinlille entre autres sont annexées par la ville de Lille et leur bureau de poste deviennent des bureaux de quartier en mai 1859.L'expérience des Directions réunies proprement dites y prend alors fin.
Directions réunies à Lille:
Lettre de moins de 15 g affranchie à 10 c (tarif du 01/01/1849) remise au facteur rural (timbre OR signifiant Origine Rurale) durant son passage dans la commune d'Esquermes. Le timbre a été oblitéré du PC 3690 (mal venu) du bureau de Wazemmes. La lettre a été écrite le 2 mars 1857, remise au facteur, ramenée au bureau de Wazemmes et distribuée à Lille le même jour.
En 1859, les bureaux de Wazemmes et Moulinlille sont annexés à celui de Lille et changent de dénomination. Wazemmes devient Lille B. Les lettres entre Wazemmes et Lille reste soumises au tarif de la ville pour la ville, mais le port des Directions Réunies proprement dit n'existe plus pour ces bureaux.
Directions réunies à Valenciennes:
Lettre jusque 10 g de Valenciennes à Anzin affranchie à 10 c (tarif du 01/01/1863). La lettre n'a pas trouvé son destinataire et a été réexpédiée à Valenciennes.
Lettre jusque 10 g d'Anzin pour St Saulve, commune rurale dépendant du bureau de Valenciennes, affranchie à 15 c (tarif du 01/09/1873). Le port des Recettes Réunies ne concernait pas seulement les échanges entre les villes sièges des 2 bureaux de Recettes, elle concernait aussi les communes rurales qui dépendaient de ces 2 bureaux.
Lettre en port dû de moins de 15 g de Valenciennes pour Anzin taxée à 10 c (tarif du 01/01/1849). Le chiffre-Taxe a été ici imprimé en lithographie.
Depuis le 1er juin 1859, les lettres en port dû échangées entre 2 Distributions Réunies doivent être revêtues d'un chiffre taxe. C'est toujours le bureau de destination qui appose et annule le chiffre-taxe, sauf si ce dernier est une Distribution.
Lettre en port dû jusque de 10 g de Valenciennes pour Anzin . Depuis le 01/01/1863 et la prime à l'affranchissement, le port d'une lettre locale non affranchie est plus élevé que celui d'une lettre affranchie. En 1873(depuis le tarif du 01/09/1871), il en coûte 25 c pour envoyer une lettre en port dû entre 2 Recettes réunies au lieu de 15 c pour une lettre affranchie.
Emmanuel.