Bonjour à tous,
Je reprends ici une discussion avec engagée Naguito sur le fil « Tout savoir sur la poste restante » dans le forum Marcophilie où je présente une série de cartes photos humoristiques en tirage argentique, ce qui semble « mystérieux » pour notre ami Naguito.
Je prétends au contraire que ces cartes sont très nombreuses au début du siècle dernier. En voici quelques échantillons mais je peux en aligner bien d’autres alors que je ne suis pas du tout spécialisé dans ce type de cartes, mais j’aime bien garder un peu de tout, à titre de documentation. Pour ne pas surcharger cette discussion je ne donne que les liens vers images. Elles ne sont pas vraiment choisies pour leur qualité mais au contraire parce que sont ces cartes où les reflets argentiques sont les plus prononcés pour éviter toute contestation.
https://i.servimg.com/u/f41/13/71/17/77/parapl10.jpg
https://i.servimg.com/u/f41/13/71/17/77/pranom10.jpg
https://i.servimg.com/u/f41/13/71/17/77/journa10.jpg
https://i.servimg.com/u/f41/13/71/17/77/annae110.jpg
https://i.servimg.com/u/f41/13/71/17/77/paques10.jpg
https://i.servimg.com/u/f41/13/71/17/77/nu11610.jpg
Je pense que personne ne niera qu’il s’agit bien de cartes tirées sur papier photographique mais une telle profusion - on pourrait recenser des centaines (milliers ?) de séries – serait impossible s’il fallait tirer chaque carte à l’unité. La clé du mystère nous est fournie par un petit ouvrage de L. Tranchant : L’illustration photographique des cartes postales, paru en 1902 aux éditions Desforges.
Mon exemplaire étant malheureusement trop fragile pour que je le passe au scanner, voici la copie mot pour mot du passage essentiel :
« Depuis quelques années on emploie concurremment avec les méthodes phototypiques, ce qu’on a appelé la photographie rotative au gélatino-bromure d’argent. On appelle ainsi cette méthode parce qu’on fait usage de papier au gélatino-bromure en rouleaux de longueur plus ou moins considérable et de largeur appropriée aux sujets à tirer ; c’est ainsi que pour tirer des cartes postales en opérant avec quatre clichés à la fois on peut opérer avec des bandes de 36 cm ou 56 cm de largeur, selon qu’un insole les clichés en largeur ou en longueur. Le papier sensible se déroule automatiquement par un système d’horlogerie qui l’amène devant les clichés, l’appuie sur eux au moyen d’une planchette munie de ressorts et le maintient le temps voulu, soit quelques secondes. L’éclairage étant toujours uniforme, il n’y a à craindre ni sur-exposition, ni sous-exposition lorsque le cliché a été essayé et la durée du temps de pose qu’il exige déterminé. »
En dehors des cartes fantaisies ou humoristiques on trouve de nombreuses et longues séries de tirages argentiques chez un éditeur qui n’avait rien du petit épicier local : Neurdein. Visite du roi d’Espagne en 1905 (j’ai un n° 60), réhabilitation de Dreyfus, aviation, inondations de 1910, naufrage du sous-marin Pluviôse, réception de George V en 1914 et tant d’autres.
https://i.servimg.com/u/f41/13/71/17/77/alphon10.jpg
https://i.servimg.com/u/f41/13/71/17/77/dirige10.jpg
https://i.servimg.com/u/f41/13/71/17/77/pliuvi10.jpg
Comme le procédé décrit ci-dessus n’était probablement pas assez performant et trop coûteux, de nombreuses variantes furent inventées. Bergeret proposait une nouveauté « sensationnelle » dans son catalogue 1905 : l’isobrumure.
Comme le montrent ces en-têtes commerciaux, on put parler d’usines et d’industrie de tirages de cartes postales au bromure d’argent !
Ce qui n’empêchait pas les photographes locaux de poursuivre les tirages de portaits ou de magasins pour les clients de leur quartier.
Jacques