bonjour les petits,
vous avez été sages, pendant les vacances ? Bien, vous avez mérité une belle histoire.
En ce temps là, Napoléon le Petit tomba amoureux de la belle Eugénie de Montijo, et ça lui donna envie d'envahir le Mexique*. Je le comprend, ça m'a fait exactement pareil pour l'Auvergne.
Pour que ses vaillants Aiglons ne soient pas obligées de confier leur courrier à ces fourbes d'anglois, il mit sur pied un service de paquebots-poste bien français, faisant la navette mensuelle entre Saint-Nazaire et La Vera Cruz, comme notifié dans la Circulaire n°245, Bull. 79 supp. de mars 1862. Il signa aussi le 15 mars un décret impérial pour fixer le tarif à 80 centimes la lettre de 7,5 grammes, affranchie ou pas. Et pendant qu'il y était, il mit sur pied la création à Veracruz d'un bureau de poste géré par le personnel consulaire et relevant du Receveur du bureau central de Saint-Nazaire (Salles, DP9 p.108). Un génie de l'organisation, que je vous dis.
Et roulez jeunesse ...
La lettre ci-dessus a été remise à la poste mexicaine par Calleja y Martinez, avec le paiement du port local plus celui du port français en espèces. La poste de Veracruz a apposé son timbre FRANQUEADO (affranchi pour le port mexicain) le 14 août 1865, et a transmis au consulat de France.
Au consulat, l'employé a encaissé l'argent (en fait, il y avait probablement une feuille d'avis, et un compte ouvert avec les postes mexicaines), et appliqué deux timbres-poste à l'effigie de notre héros, ainsi que son timbre octogonal consulaire "1 MEXIQUE 1 fleuron". Le chiffre 1 désigne un échelon d'entrée ou sortie, en prévision de l'ouverture d'autres bureaux consulaires. Mais on ne connaît pas de numéros 2 ou 3 utilisés à Tampico ou Matamoros, ouverts par la suite. Figure aussi un timbre P.P., qui indique que le port est payé jusqu'à la frontière de sortie de France, la lettre étant destinée à l'Espagne. Enfin, le consulat annule les timbres-poste à l'aide du losange ancre (Salles, ibid.).
La lettre est ensuite remise au paquebot Floride, qui quitte le Mexique le même jour. Au verso* figure le timbre octogonal d'escale portant le nom du paquebot.
A l'arrivée à Saint-Nazaire, le 9 septembre, la lettre est remise au service des ambulants allant de Nantes à Irun via Paris et Bordeaux.
A Irun, la lettre est taxée par les espagnols au tarif de 4
reales la simple pour les lettres en port dû provenant des Amériques, donc ici 8 RS en rouge (Schier,
Tarifas postales, p.294).
Trois perceptions de ports pour une seule lettre. Dix ans plus tard, l'organisation de l'Union Générale des Postes allait sérieusement simplifier le système.
D.
* je schématise.
** pour les dyslexiques, je précise que le verso est le côté opposé à la suscription.