Lettre de Théo Van Gogh à son frère Vincent

Bonjour,
J'espère que ce sujet n'a pas déjà été traité...
En début d'année 1889, Vincent Van Gogh peint le tableau "Nature morte avec planche à dessin et oignons". Il peint avec précision (précision artistique s'entend) la lettre que lui a envoyée son frère de Paris fin décembre 1888.
Après quelques recherches, cette lettre recommandée envoyée de Paris, bureau de Montmartre, où séjournait Théo à cette époque, contenait 100 francs (un billet à l'intérieur, est-ce possible ? ou un autre moyen de donner 100 francs ?). 
Je pense que Van Gogh l'a peinte avec précision, notamment pour ce qui concerne les couleurs, et je me demandais qu'elle pouvait en être l'affranchissement, en avez-vous une idée compte tenu des tarifs en vigueur à l'époque ? Je crois discerner 2 timbres, l'un de couleur bleue et l'autre jaune (ou marron) qui pourraient correspondre à 2 timbres type Sage.
On peut facilement déchiffrer le destinataire : M. Vincent Van Gogh. Tout à droite une marque postale qui pourrait être un R encadré (lettre recommandée) et la marque du bureau de Montmartre dont le numéro était 67 (à confirmer car j'ai glané cette information sur Internet). En bas, "Arles" suivi entre parenthèse "Bouches-du-Rhône" ou "Bch du Rhne"... Au centre, l'adresse est illisible, Vincent Van Gogh habitait place Lamartine (s'appelait-elle déjà comme ça à l'époque ?) à Arles dans la maison Jaune... 
Je vous remercie pour vos éventuelles informations. 

bonjour,

Michaël83 a écrit:

la marque du bureau de Montmartre dont le numéro était 67 (à confirmer car j'ai glané cette information sur Internet).

internet ne ment pas (pas cette fois, du moins), le bureau 67 était situé, depuis 1884, 8 rue des Abbesses, à l'angle de la place et des rues Antoinette et des Abbesses, nous dit Cuny (FM 219).



D.

Michaël83 a écrit:

pour ce qui concerne les couleurs, et je me demandais qu'elle pouvait en être l'affranchissement, en avez-vous une idée compte tenu des tarifs en vigueur à l'époque ? Je crois discerner 2 timbres, l'un de couleur bleue et l'autre jaune (ou marron) qui pourraient correspondre à 2 timbres type Sage.

Le tarif de la lettre recommandée du premier échelon de poids pour l'intérieur est effectivement de 40 centimes à cette époque, soit un Sage bleu à 15 centimes et, pourquoi pas, un Sage jaune (ou bistre) à 25 centimes. Le timbre jaune n'est plus en service depuis 1886, remplacé par son équivalent en noir, pour suivre la teinte utilisée par les entiers postaux, mais rien n'empêchait TVG d'utiliser un timbre ancien d'au moins trois ans, s'il en avait un dans ses tiroirs. Sinon, VVG a pu préférer le jaune au noir, choix de couleur.

Si Théo avait mis un billet dans son enveloppe, il aurait dû faire un envoi chargé avec valeur déclarée, en principe.

D.

Compte-tenu de la position de la bougie dans le bougeoir, et du centre de gravité approximatif de l'ensemble, on peut prévoir que le bougeoir devrait choir.

D.

Doudad a écrit:

Compte-tenu de la position de la bougie dans le bougeoir, et du centre de gravité approximatif de l'ensemble, on peut prévoir que le bougeoir devrait choir.

D.

Devant tant d'érudition, je ne peux que choir de mon perchoir !
 
Merci pour ces informations.
Pour le tarif de 40c, il s'agit du tarif de janvier 1879 pour les recommandés ? Lettre simple (15c) + 25c pour le recommandé ?
Cela voudrait dire, si l'envoi de 100 francs est avéré, que TVG prenait un risque d'amende ? Ignorance ou filouterie... quand on voit le prix des tableaux aujourd'hui... c'est mesquin.  

Michaël83 a écrit:

Pour le tarif de 40c, il s'agit du tarif de janvier 1879 pour les recommandés ? Lettre simple (15c) + 25c pour le recommandé ?
Cela voudrait dire, si l'envoi de 100 francs est avéré, que TVG prenait un risque d'amende ?

Oui, et oui. Transactions à l'amiable, n'allant pas jusqu'au procès, en général.



La lettre contenait peut-être un talon de mandat-carte.

D.

Bonjour à tous et bises aux dames ("arlésiennes"... ou pas)

Alors là... Bravo! (l'absinthe doit être consommée avec modération)

Comme le dit la célèbre vox populi: "fallait le faire!"
Repérer l'enveloppe et déchiffrer le tarif, là, vraiment, je m'incline bien bas (rassurez-vous, je suis souple!)

J'apprécie beaucoup cette exploration (exploitation?) d'un document non philatélique (ou si peu...) qui nous montre que la recherche est une source de réjouissance sans fin.

À bientôt.
Michel   qui, pour la forme, vous montre le tableau qu'il a confié* au musée Van Gogh d'Amsterdam:

La Maison Jaune se situe à l'angle de cette placette, mitoyenne du "Café de la Gare" où il logea quelques temps avant de louer la maison. Il a peint l'intérieur de la salle de ce "café de nuit":

  Je vais aujourd'hui probablement commencer l’intérieur du café où je loge, le soir au gaz. C'est ce qu'on appelle ici un « café de nuit » ; ils sont assez fréquents ici qui restent ouverts toute la nuit. Les « rôdeurs de nuit » peuvent y trouver un asile donc, lorsqu’ils n’ont pas de quoi se payer un logement ou qu'ils sont trop saouls pour y être admis.

...

Doudad a écrit:

La lettre contenait peut-être un talon de mandat-carte.

Cela me semble plus probable.

À bientôt.
Michel

On peut donc imaginer que le frère de Vincent Van Gogh dans les lettres qu'il envoyait à son frère y insérait, lorsqu'il lui remettait de l'argent, un mandat de poste de ce type (voir photos). 
J'ai l'impression que lorsque l'argent était versé, la poste devait garder le document car je ne trouve pas des mandats de poste utilisés datant de cette époque. Même pas de reçu ? Etrange... 

En 1888, ça ressemble à ça.



On me corrigera si je me trompe (ce n'est pas vraiment ma spécialité), l'expéditeur paye la somme due au bureau de poste en bas de chez lui après avoir rempli la formule qui porte son nom et adresse et ceux du bénéficiaire, le postier découpe la formule, rend le reçu à l'expéditeur et envoie la formule au bureau de poste de paiement. Le destinataire n'a plus qu'à aller retirer la somme. L'envoi du reçu au destinataire n'est pas forcément requis, mais ça peut éventuellement servir de contremarque.

D.

...

et en 1933:




À bientôt.
Michel

En consultant les archives du Van Gogh Museum (accessibles via le Web, je vous rassure, je ne suis pas allé à Amsterdam cet après-midi), j'ai découvert dans la correspondance échangée entre les 2 frères que Théo envoyait très souvent par simple courrier des billets de banque à son frère tout en employant également des mandats postaux.
Voir photos d'une lettre de VVG à son frère TVG qui confirme l'emploi des deux "manières". 
Conclusion : nous pouvons constater une infraction qui s'est répétée maintes fois. Sacrés coquins !

Superbe !
et ils n'ont pas conservé la dite enveloppe au musée ??

par exemple, trouvées sur le net :


et sur celle-ci, on reconnait bien le M :

sower13 a écrit:

Superbe !
et ils n'ont pas conservé la dite enveloppe au musée ??

Je n'avais pas vu celle écrite par Vincent Van Gogh, la date correspond à sa présence à Saint-Rémy-de-Provence. Et effectivement, on reconnaît bien l'écriture retranscrite de Théo par Vincent sur le tableau.
L'enveloppe n'est visible via le site. Je vais demander pour savoir si les enveloppes ont été conservées.