Pendant la révolution, les affaires contnuent

Bonsoir,

Une lettre sympathique (*) qui rentre dans ma collection de la banque Claude-Lafontaine. Le 3 avril 1871, l'agence parisienne de cette banque (Bd de sébastopol) écrit à Poitiers. C'est le début du blocus versaillais de la capitale tenue (poste comprise) par la Commune insurrectionnelle. Aussi la lettre est elle "passée" jusqu'au bureau ou à une boite du bureau de St-Denis, qui la traite à la 1ere levée du 4 avril.

Ce trajet ne doit pas trop rencontrer de troupes versaillaises, car St-Denis marque l'extrémité nord de la zone est des forts tenue par les troupes allemandes, qu ne se déchainent pas trop pour bloquer les déplacements (voir la carte dans le post suivant). De plus, nombreuses étaient les personnes à disposer d'un laisser-passer compte tenu de leur travail.

La lettre arrive à Poitiers trois jours plus tard.

Pourquoi St-Denis et Versailles sont-ils des points de passage privilégiés des passeurs Paris-Province dans cette période ? Pour Versailles je ne sais pas trop, pour St Denis, outre sa position intéressante (voir ci-dessus), elle semble encore être le terminus des convoyeurs ferroviaires vers Creil, Pontoise, Chantilly, Enghien (j'en oublie peut-être). En revanche j'imagine que les ambulants de la gare du Nord voyaient leur terminus reporté plus au nord que St-Denis ?

Je suis avide de tout commentaire...







(*) dans le genre des ballons montés du siège chers (trop chers ?) à Fabrice.

Bruno

La carte (Ch. Prolès, 1871) :



Bruno

bonjour Bruno,

jolie lettre, qui vaut bien un ballon du Siège.

On trouve de très nombreux témoignages dans la presse de l'époque comme quoi Saint-Denis était le principal, sinon le seul, point de contact entre Paris et la France pendant la Commune. Pourquoi précisémment, je n'ai pas trouvé, sinon que le chemin de fer du Nord y arrive.

Les maisons de commerce se sont rapidement adaptées, et ont pu continuer d'échanger aussi bien que possible.


Le Courrier de La Rochelle 3 mai 1871


Journal des Chemins de Fer, rapport du Comptoir d'Escompte de PAris, 23 sept. 41871.

A noter que le passage marche dans les deux sens, on trouve dans La Liberté (droite) des indications sur les entrées dans Paris des messagers versaillais par Saint-Denis.

La poste restante du bureau de Saint-Denis s'est également trouvée rapidement surchargée, du fait du recel des lettres des agences privées.

D.

Bonjour Jean-François,

Merci pour ces éléments.

J'essaye d'en savoir plus sur le ferroviaire, mais pour l'instant rien de concluant. Tu sembles dire que les ambulants de la gare du Nord voyaient leur terminus déporté à St-Denis ?

A propos de Versailles, les lignes de trains Paris-Versailles étaent coupées suite aux destructions du siège, et une partie des trajets Paris-Versailles se faisait donc par St-Denis, puis voitures à cheval "de l'industrie privée" de toutes sortes vers Nanterre et Versailles.

Bruno

Sur ce que j'ai pu voir dans la presse (c'est du journalisme, pas du règlement administratif), il est possible à un quidam muni d'un laisser-passer (les femmes et les vieux pouvaient circuler librement, semble t'il), de se rendre en train de la gare du Nord jusqu'à Saint-Denis, terre prussienne. On trouve, logiquement, des indications selons lesquelles la plupart des messagers postaux sont des femmes.

Le passage "hors poste" par Saint-Denis est donc relativement sûr, facile et rapide, et il semblerait que ce soit le seul dans ce cas.

Pour ce qui est des postes, dont l'Administration est à Versailles, si l'ambulant ne stationne pas à Saint-Denis, au moins le courrier peut-être acheminé depuis cette ville jusqu'à n'importe où dans le Monde, y compris Poitiers, (presque) aux conditions du temps de paix. Rampont, qui a décidé vers la fin mars (Thiesz prend la direction des postes de Paris le 27 mars) de faire stopper les ambulants sur un parcours de grande ceinture (dont il reste à déterminer la position par rapport à Saint-Denis).

On peut penser que de Saint-Denis, une dépêche constituée pour Poitiers était acheminée sur Versailles par voiture dans la zone prusso-versaillaise, et de là jusqu'à l'ambulant de la ligne du Mans, où qu'il soit stationné.

Le service reprendra normalement début juin.

Très précis, merci beaucoup !

Bruno

La Grande Ceinture, projetée sur la base des lignes existantes, c'était ça :



Au nord, elle passait à Amiens, bien loin de Saint-Denis, si tant est qu'elle ait été en activité en avril 1871. Pour Poitiers, la ligne du Mans prenait à Chartres, ou celle du PO à Orléans, stations supposés terminales des ambulants.

D.

C'est curieux (au niveau du vocabulaire), car une ligne de grande ceinture a été construite à partir de 1875 (déclaration d'utilité publique), mais beaucoup plus "banlieusarde" (passant notamment au nord de Paris par Argenteuil, Epinay, Stains, Dugny, Bobigny..., donc juste au nord de St-Denis) On en trouvera plus sur Wikipedia, par exemple.

Mais Paris est connu pour ses innombrables enceintes, périphériques et ceintures ferroviaires !

Cette grande ceinture utilisa bien entendu quelques tronçons préexistants, et fut terminée dans les années 1890.

Bruno