pierredeparis
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 | | Sujet: La GROSS' amende pour la lumière !... Lun 9 Jan 2012 - 18:24 | |
| « C'est ma mère qui m'a raconté cette histoire. Mon père ne m'en a jamais parlé. C'était un taiseux. Il avait combattu à la guerre de 14-18 mais n'en parlait jamais. Pour avoir quelques renseignements je devais le questionner, et ce n'était pas facile.
Un jour, ado, je lui avais posé une question qui me trottait dans la tête depuis longtemps :
— Papa, comment pouvaient faire les soldats pour monter à l'assaut, baïonnette au canon.
— Ils étaient gnolés, mon gars…
Et la discussion avait peu duré.
_________________ Voici l'histoire : C'était en 1943, à Paris.
Un soir, vers 10h, ma mère entend frapper fortement à la porte d'entrée et une voix s'élever :
— Ouvrez, police allemande.
Ma mère s'exécute. Deux hommes se trouvent sur le seuil, un militaire et un civil. Le civil prend la parole :
— Madame, vous avez de la lumière chez vous et elle est visible de l'extérieur, vous savez que c'est interdit.
Ma mère ne comprend pas (1). Elle sait bien que toutes les nuits, chaque fenêtre de l'appartement doit être obscurcie par un rideau opaque empêchant la diffusion de la lumière vers l'extérieur.
Le civil parle en allemand avec le militaire et pendant ce temps ma mère est allé dans la cuisine regarder le rideau de la fenêtre. Il n'est pas complètement tiré et de la lumière passe effectivement vers l'extérieur.
Ma mère revient vers les deux hommes et le civil lui dit alors :
— Madame, c'est 1000 francs d'amende.
Ma mère est atterrée. Convertie en euros 2011, l'amende se monte à plus de 200 euros d'aujourd'hui (216, selon les tables de conversion de l'INSEE).
Ma mère s'adresse au civil :
— Je vais allé chercher mon mari.
Mon père dort, exténué par sa journée de travail. Il rejoint les deux hommes.
— Monsieur, c'est 1000 francs d'amende, lui dit le civil.
Abasourdi, mon père répond :
— Mais je ne peux pas, monsieur ! Je ne peux pas payer une telle somme ! J'ai six enfants à élever, ce n'est pas possible !
— C'est 1000 francs, répète le civil.
— C'est impossible, répond mon père, je ne peux pas payer, monsieur !
Alors, le civil se concerte longuement, en allemand, avec le militaire.
De nouveau, il s'adresse à mon père :
— Ce sera 800 francs, lui dit-il.
— Mais c'est impossible, je ne peux pas non plus !
Alors, les trois hommes parlent très longuement et, brusquement, le civil dit à mon père :
— C'est 100 francs, et mon père comprend au ton employé par l'homme que l'amende ne baissera plus.
C'était plus de 20 euros d'aujourd'hui et une catastrophe pour mes parents, malgré la division de l'amende par dix, car nous étions quatre enfants de 2 à 11ans, plus un autre de17 ans, et mon frère aîné de 22 ans. »
(1) D'habitude, les personnes dont une fenêtre laissait passer la lumière étaient alertées par des coups de sifflets stridents, suivis d'une voix de stentor qui criait : LUMIÈRE.
Comme beaucoup d'habitants des villes, mes parents ont beaucoup souffert de l'occupation allemande. Parfois, ma mère faisait la queue pendant trois heures, dans le froid, chez un commerçant, et au bout de ces trois heures entendait : c'est terminé pour aujourd'hui, je n'ai plus rien ». Elle partait, son cabas vide, comme d'autres femmes, et m'a avoué qu'elle pleurait (je n'ai vu ma mère pleurer qu'une fois dans sa vie de 85ans). Ne plus voir cela : NON (cliquez). Malheureusement non légendé. |
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