Bonjour,
Suarnet, dans sa revue, à repris des textes de Montader, en le signalant bien sûr.
Dire ce qui va se passer après que ce soit passé, c'est pas trop dur, mais ce qui pourrait se passer, c'est plus aléatoire.
Il écrit dans son numéro 39, de novembre 1928, un article sur le futur.
Bien d'autre s'y sont essayé, et c'est toujours amusant d'y voir des recommencements.
Cependant, des choses y sont étonnantes, je vous laisse en juger :
1968 : article sur le futur... lien site.
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A la suite des retours en arrière faits par certains journaux philatéliques (lesquels nous laissent maints regrets en nous apprenant que les timbres que nous payons dix francs ne coutaient que quelques sous il y a trente ans), j'ai pensé que beaucoup de nos amis seraient peut-être heureux de regarder un peu dans l'avenir.
Question embarassante au plus haut degré et que j'aurais désespéré de réaliser si je n'avais rencontré à point le célèbre docteur Robinson. J'eus en effet l'occasion de lui rendre service en lui suggérant, malheureusement après son échec, de devenir collectionneur : mon argument était simple, puisque Mars est civilisée, elle contient des philatélistes, et il n'y a que les philatélistes pour se sentir et se reconnaître de loin. Depuis notre rencontre, le docteur collectionne et, en tête d'une page blanche de son album, figure un nom de pays gommé : Mars. Nous en sommes venus rapidement à l'idée de lancer dans l'avenir, un message bellinographié représentant l'allégorie de la Semeuse, provenant d'un carnet, soulignée de la réclame : La vache qui rit (1). Ce qui, comme chacun sait, s'applique à un délicieux fromage sans quiproquo possible, bien que les mots "République Française" soient mal venus à cause de l'usure du matériel de l'Etat.
Ah ! Messieurs les spirites, quel beau résultat !! Dans le passé, les âmes ne peuvent s'exprimer qu'avec des moyens primitifs.
Les philatélistes de l'avenir sont certes mieux outillés et nous venons d'avoir, le docteur Robinson et moi, l'occasion de lire un N° du Quotidien Philatélique du 15 novembre 1966, imprimé à la façon d'un film cinématographique, en roulette composé de vues et de textes serrés, d'une facilité de consultation extraordinaire. Les événements philatéliques y sont consignés dans leur ordre d'importance, ce qui doit dispenser de lire tout le journal quand le temps manque. Et quelle joie pour moi de reconnaître La Quinzaine transformée selon les besoins de l'époque. Mais lisez plutôt la chronique de D.D. GRAULT, vieilli de cinquante ans, mais toujours sur la brèche :
"L'Actualité Philatélique" Chronique du 15-11-66, par DD. GRAULT.
Cinquantenaire. - Amis, il y a cinquante ans de cela paraissait une humble feuille qui s'appelait modestement : Supplément philatélique de la ville et les champs. J'étais à peu près jeune alors et les vieux collectionneurs qui penchent encore leurs cheveux blancs vers les albums peuvent se souvenir de La Quinzaine Philatélique, aïeule de notre "Quotidien actuel". Et que de conseils ont paru sous ma signature que l'avenir depuis confirma bons et souvent excellents. Hélas ! je suis maintenant au bord de la tombe et je pleurerais si mon âge ne m'avait appris que la vie n'est qu'un éternel recommencement. Que de chroniques ! que de chroniques ! Ce qui n'empêche pas les jeunes d'aujourd'hui de me traiter de vieux fou comme l'ont fait ceux de la précédente génération. En ces temps bénis de 1930, il y avait encore des timbres à un sou. On payait un vermillon la misère de quatre mille francs et les 90 centimes Pasteur couraient les rues. Aujourd'hui plus de timbres, rien que de stupides marques de machines, nous avons notre compteur d'affranchissement postal individuel comme autrefois on avait un compteur à gaz.
Depuis dix ans déjà, les états ont renoncé à la fabrication des timbres-poste devenus désuets et primitifs. Et on a peine à s'imaginer qu'hier encore nous tirions à qui mieux mieux une langue disgracieuse pour lécher une gomme poussiéreuse ayant passé par plusieurs mains. Il était temps, me direz-vous ! Les horreurs se multipliaient. Quoi de plus vilain que les dernières vignettes parues en 1950 : Lamartine, Loucheur, les commémoratifs de la guerre 1944-1949*, le timbre de l'exposition de Foum-Tatahouine (Sud-Tunisien) et les valeurs à 100, 200 et 500 francs des Iles Wallis et Futuna émises à l'occasion de la mort de M.B... le seul européen connu ayant habité ces îlots. Que nous étions loin alors des belles productions de 1920 à 1930 : Arts décoratifs (notamment le mystérieux 15 centimes), jeux olympiques, Jeanne d'Arc, etc... Et combien fait triste mine le timbre Rocambole de 1952 à côté du Ronsart de 1917. Et cependant, à l'époque, on se plaignait en faisant des comparaisons avec la Cérès. Heureux temps où la majorité des philatélistes (un troupeau à côté des légions modernes) possédait au moins le 25 centimes de notre première série française. On se dispute les timbres avec bandelette actuellement, c'est une jolie collection pour les nababs et je conseille l'achat des textes : La Vache qui rit, Réglisse Florent, Touring-Club de France, Quinzaine Philatélique, Saucisson Mireille, de l'époque où l'on dédaignait les Pubs, comme on a dédaigné longtemps les affranchissements particuliers de nos compteurs individiels modernes.
Les pubs de 1929 à 1932 se raréfient bien qu'à l'époque ils furent beaucoup ramassés. Les semeuse 50 centimes Evian, les plus communs se traitent de 20 à 25 francs. Mais cherchez donc ses Cycles Tordu, les Avions Toret, les Brabans Saulnier et autres publicités que nos amateurs s'arrachent. Et combien ne vous semble-t-il pas curieux aujourd'hui de rassembler ces réclames pour des objets qui paraissent un peu ridicules de nos jours. Hélas, enfants, j'ai connu d'autres jeunes comme vous qui, aux temps lointains, admiraient l'initiative d'une banque privée, laquelle, la première, imagibna de perforer les timbres, et laissaient sombrer les richesses qui s'appellent Jif, Bernot, Eco essence, de ces mots d'une autre époque pour la nouvelle génération.
Mais pour moi c'était hier, mes amis. Et de constater que l'essence disparue se classe pour vous au même plan que je classais l'éclairage à l'huile en 1930 me fait reconnaître une fois de plus que tout ce qui semble changé n'est que l'arrangement nouveau de ce qui a déjà existé. Mais vous êtes terribles vous autres collectionneurs, la routine est collée à vos microscopes et vous ne savez regarder qu'en arrière. Vous ne voyez donc pas têtus, que nous vivons présentement le passé de l'avenir ? Mais il me semble avoir déjà vociféré cette vérité de M. de la Palice, il y a fort longtemps, un demi-siècle peut-être, dans le vide...
Pour copie conforme, TEN.
(1) La Vache qui rit - Réclame parue en 1929. On connaît cinq textes :
La vache qui rit (tête de vache).
La vache qui rit, pour la cuisine.
La vache qui rit, pour le pique-nique.
La vache qui rit, en excursion.
La vache qui rit, pour les enfants.
Ce détail est surprenant, en 1928, 10 ans après la 1er guerre mondiale, une deuxième guerre était envisagée ! 1944-1949, c'est pas loin.
Bonne lecture,
Michel
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