Philippe Tiranty. Qui ça ???

bonjour,

tout le monde connaît Eugène Daguin. Il est à l'origine de l'introduction en France de la machine à timbrer les enveloppes postales. Sa renommée est mondiale, et il n'y a pas un pêcheur de girelles qui ne soit au courant du moindre de ses exploits.

Mais qui connaît Philippe Tiranty ? Personne ...

C'est trop injuste !

Philippe Tiranty était un ingénieur ingénieux, qui a fait fortune (il n'en avait pas besoin, il était déjà riche avant) dans le domaine de la photographie. Au début des années vingt, il présente au directeur d'une grosse agence parisienne de publicité un modèle de machine à affranchir les correspondances par les particuliers, ce qui est, à l'époque, prohibé par les pouvoirs publics.

L'homme d'affaires, qui a le bras long, fait des pieds et des mains pour imposer ce type d'empreintes, et il est récompensé par l'article 90 de la loi de finances du 30 juin 1923.



La voie royale est désormais ouverte, et Philippe Tiranty va pouvoir enfin passer à la postérité dans le cœur des marcophiles.





Hélas, l'appât du gain et l'esprit de lucre se révèlent chez lui plus fort que son besoin de renommée, et en 1924, Phil vend son brevet à l'impitoyable homme d'affaire. Fatalitas !

Son nom n'apparaît plus alors que dans quelques bulletins des postes jaunis et désormais oubliés, et sa machine n'est plus connue que sous l'initiale A.



Comme Avhas ...

D.

Bonsoir à vous éminent marcophile,

Cet "illustre" quidam aurait pu prétendre au titre de lauréat du concours Lépine qui vient de se clôturer dans la capitale!

Bonsoir,

Philippe Tiranty n'est pas si inconnu (il était collectionneur....).
En tout cas plus que James Conti, l'ingénieur avec qui il a déposé ses premiers brevets de machines à affranchir (le tout premier demandé le 19 février 1919 et délivré le 22 mars 1921 et celui de ce qui s'avère être l'ancêtre de la machine A demandé le 25 avril 1923).
Il possédait un grand magasin d'appareils photographiques (activité qui lui a le plus réussi) au 101 rue Lafayette à Paris, là où il résidait.
Ses ateliers de construction étaient situés 10 rue de la Vacquerie à Paris 11e: à ce sujet, si un parisien ou grand connaisseur de la capitale pouvait me confirmer le véritable nom de la société installée à cette adresse en 1924, je serais heureux de l'apprendre.

Si la machine de Tiranty a été autorisée par les PTT françaises le 30 mars 1923 (avant même le dépôt de brevet...), il faut savoir qu'elle n'était pas la première agréée, devancée par la Kinnard (du nom d'un ingénieur anglais qui travaillait alors pour la Universal Postal Frankers UPF).
Pourtant, la Kinnard obtient la lettre B et la Tiranty la A. C'est à cette époque que l’administration décida de favoriser une construction nationale et elle finit par décourager Kinnard qui, dégoûté, quitta UPF qui ne le défendait pas beaucoup pour fonder NEOPOST, groupe qui rachètera plus tard l'activité machines à affranchir du groupe Havas!).

Tiranty a accepté d'être nommé membre d'honneur de la Société des Collectionneurs d'Affranchissements Mécaniques à sa fondation en 1928. cette association fusionna en 1931 avec l'Union Marcophile dont Tiranty sera adhérent à partir de 1932.
Il décéda à l'âge de 90 ans le 21 avril 1973.

Bonif a écrit:

Ses ateliers de construction étaient situés 10 rue de la Vacquerie à Paris 11e: à ce sujet, si un parisien ou grand connaisseur de la capitale pouvait me confirmer le véritable nom de la société installée à cette adresse en 1924, je serais heureux de l'apprendre.

Bonsoir Laurent,

La CAMP, Société de Construction d'Appareils Mécaniques de Précision, tout simplement ? Je dis tout simplement parce qu'il me semble que CAMP est connue dans le domaine des EMA.

Cela dit ma source est très vague :

http://lafabriquedeparis.blogspot.fr/2011/06/rue-de-la-vaquerie-lancienne-usine-camp.html

Bruno

Bonjour,

Merci Bruno.
Cette source, que j'avais consultée il y a deux ans, parle des débuts de la CAMP dans les années 1930.
Peut-être est-ce un peu plus tôt, ce qui conforterait mon hypothèse que Tiranty avait besoin d'un constructeur de machines en série sur place à Paris ?
La boucle serait ainsi bouclée puisque Havas, dès son rachat du droit exclusif d'exploitation de la machine à Tiranty le 23 novembre 1923, bénéficiait d'un fabricant sans avoir à investir plus spécialement dans ce domaine nouveau.

Quelqu'un a-t-il un ou des annuaire(s) professionnel(s) parisien(s) de ces années 1923-1924 où apparaîtrait le nom de l'entreprise installée à cette adresse (CAMP ou une autre) ?

Bonsoir, 
J'arrive largement « après la bataille ». 
Pour ce qui concerne la dernière question de Bonif, un moyen existe, mais il faut être parisien. Sauf erreur de ma part, la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, possède la collection complète (ou une grande partie) des Bottin. À une certaine époque, j'y avais trouvé des précisions sur la maison Klein qui  fabriquait les machines Garcia, et aussi des machines Daguin, ainsi que certains timbres horodateur… mais je m'écarte du sujet !
Lulu

Bonif a écrit:

Bonsoir,



Tiranty a accepté d'être nommé membre d'honneur de la Société des Collectionneurs d'Affranchissements Mécaniques à sa fondation en 1928. cette association fusionna en 1931 avec l'Union Marcophile dont Tiranty sera adhérent à partir de 1932.

Bonjour Laurent, et à tous,

Très intéressant,
Je me permet cependant une petite rectification, Tiranty sera membre de l'Union Marcophile dès 1929, sous le N°127

http://docs.philateliques.free.fr/fm/marco2.php?recherche=tiranty

Je peux l'affirmer car j'ai mis à jour tous les sommaires de l'UM jusqu'au N°100, et même après...
Par contre aurais-tu de la documentation émis par la Société des Collectionneurs d'Affranchissements Mécaniques, je n'ai jamais vu ceux-ci...



@+

Michel

Bonjour à tous,

Merci Lulu, à ma prochaine visite à la BHPT, la consultation des annuaires parisiens est prévue.

Merci Michel de cette rectification concernant Philippe Tiranty, dont il serait intéressant de savoir ce que sont devenues les archives en tant qu'inventeur de la première machine à affranchir française.
Je vais chercher des informations sur la SCAM mais je n'ai jamis vu un bulletin émanant de cette association.
Là aussi, je peux demander aux membres du Comité de l'UM que je rencontrerai à Jurançon le mois prochain.
L'article cite Charles LEBAILLY, qui a commencé très tôt à se faire adresser des plis en provenance de bureaux temporaires ou oblitérés par les premières flammes de propagande touristique (il était postier).

La Société des Collectionneurs d'Affranchissements Mécaniques.
(source: n° 5 du 25 juin 1928 et n° 8 du 29 octobre 1928 du "Messager Philatélique").

Cette association a été créée et présidée par Gaston TOURNIER.
L'Assemblée Générale constitutive se serait déroulée début juillet 1928 à Paris.
Paul DUGENDRE en était le vice-président (n° 1), Charles LEBAILLY le secrétaire général (n° 3) et Georges CHAPIER le trésorier (n° 4). Que des noms de marcophiles bien connus, en somme.
Philippe TIRANTY en a accepté d'être membre d'honneur (sous le n°5) dès l'automne 1928.

La fusion de cette association avec l'Union Marcophile aurait eu lieu en 1931.