Bonjour,
Il arrive qu'un cachet à date nous surprenne lorsqu'il indique que le la lettre n'a pas été postée là où elle aurait dû normalement l'être.
La banque Claude-Lafontaine & Prevost de Charleville était un établissement bien réglé. Son courrier, de 1848 à 1920 environ, est uniformément déposé au bureau de poste de Charleville, mais l'on rencontre deux exceptions : des plis oblitérés Gare de Charleville, à partir de 1875 environ, et qui ne sont pas le sujet aujourd'hui, et des plis oblitérés du bureau de Mézières, rencontrés sur la période 1840-1858 et plus du tout après à ma connaissance. Pourquoi ?
Les deux communes, aujourd'hui réunies, sont limitrophes. Mézières (bureau de poste en 1654) est une ancienne place forte royale, dont l'enceinte limitera l'extension au XIXe siècle. Charleville, fondée en 1608 par le duc de Nevers et Rethel pour faire pièce à Mézières, devient à son tour bureau de direction en 1823, et se développe de façon importante entre 1860 et 1880. Voici un joli plan de 1753, il y en a un autre de 1856 peu différent et moins esthétique :
Les quelques plis de la banque, oblitérés de Mézières au lieu de Charleville, que je connais, ont des destinations variées : Lunéville, Lyon, Bordeaux, Angoulême...
Jusqu'en 1858, pas de chemin de fer à Charleville ou à Mézières. Le courrier national prend la malle postale Sedan-Reims qui passe par Mézières et Rethel. A Reims, la malle continue sur Paris par Soissons jusqu'en 1854, puis emprunte le train Reims-Epernay-Paris à partir de cette date (ambulant Paris à Sedan par Epernay, limité à Reims jusqu'en 1858).
L'annuaire des postes de janvier 1857 nous indique les horaires de départ du courrier pour Paris, à Charleville et à Mézières :
Charleville 17h30
Mézières 18h45
On constate que le bureau de Charleville bénéficie d'un délai assez confortable pour expédier à Mézières sa dépêche destinée à prendre la malle vers Reims et Paris. C'est autant de temps dont ne bénéficient pas les usagers, et l'on peut dès lors supposer qu'il pouvait être avantageux pour la banque d'aller parfois confier directement, à pied, à cheval ou en voiture, du courrier de dernière heure au bureau de Mézières.
En septembre 1858, le chemin de fer de Reims, après avoir atteint Rethel en juin, desservait enfin Charleville et sa gare construite à cet effet, et le bureau de Mézières n'offrait plus aucun avantage aux usagers de Charleville.
La lettre ci-dessous, Mézières + pc 1991 d'avril 1858, illustrerait la fin de cette période d'avant le train. Elle est de qualité "peut mieux faire", mais ce n'est pas la faute de son aimable vendeur, j'ai nommé Dado. Au verso un Paris à Strasbourg de jour.
Bien entendu, ces élucubrations peuvent être fausses ou du moins perfectibles. Alors ne vous gênez pas !
Bruno