Quelques éléments d'interrogations sur la distribution !

Bonjour à tous, 
Cela n'a pas vraiment de lien avec les difficultés de distribution actuelles mais …………………..!


Pour en revenir à un sujet d'étude qui me questionne au sujet des marques "d'arrivée à Montpellier" voici quelques questions liées à la notion de distribution : 
(Je remets ici une illustration..... c'est plus jolie qu'un seul texte !)

Nous sommes le 6 Thermidor de l’AN III (25 Juillet 1795) pour la datation de la lettre







Ma question, peut-être naïve, est Les lettres étaient-elles distribuées ?

Je m'explique, l'IHP indique "La distribution à domicile est l'exception avant 1830 et de ce fait,les lettres, en dépit de l'inscription de l'adresse du destinataire, sont le plus souvent délivrées au guichet du bureau de poste…"


"L'instruction générale de 1792 prescrit (pour les lettres en poste restante) au directeur de noter le mois d'arrivée de la lettre au bureau si elle n'est pas retirée dans les deux jours"

Enfin l'article de JF Lauprêtre (FM 338) précise au niveau de la distribution des lettres : (Instruction générale de 1792) Toute lettre qui, après deux jours, n'aura pas été remise à celui auquel elle est adressée, sera dès le second jour annotée, au revers, de l'énonciation du mois dans lequel elle sera arrivée au bureau"

Ma question reviens donc à cette formulation, peut-on considérer que les lettres n'étaient pas "distribuées" (au sens de l'acheminement jusqu'au domicile, d'ailleurs il n'y a pas "d'adresse" proprement dite) et que dans le cas du bureau de Montpellier les lettres qui n'ont pas été "délivrées" (c'est-à-dire dont le destinataire n'est pas venu prendre possession) le jour même et qui sont mises en instance sont "marquées" dès le 1er jour (et non après deux jours comme "règlementaire")

Si la notion de datation des lettres est proposée le plus souvent pour "prévaloir de la célérité de la poste", je ne pense pas que cela soit le cas dans l'apposition de ce "timbre de fabrication locale" qui a mon sens ne valide pas une distribution mais une mise en instance. 

Qu'en pensez-vous ?

Merci
Jean-Samuel

bonjour,

Jean-Samuel a écrit:

Ma question, peut-être naïve, est Les lettres étaient-elles distribuées ?

On peut répondre, pour 1795, comme le (normand) premier ministre : oui et non.

Citation :

l'IHP indique "La distribution à domicile est l'exception avant 1830 et de ce fait,les lettres, en dépit de l'inscription de l'adresse du destinataire, sont le plus souvent délivrées au guichet du bureau de poste…"
"L'instruction générale de 1792 prescrit (pour les lettres en poste restante) au directeur de noter le mois d'arrivée de la lettre au bureau si elle n'est pas retirée dans les deux jours"
(Instruction générale de 1792) Toute lettre qui, après deux jours, n'aura pas été remise à celui auquel elle est adressée, sera dès le second jour annotée, au revers, de l'énonciation du mois dans lequel elle sera arrivée au bureau"

Le distribution à domicile est l'exception avant 1830, comme le port payé, mais ça ne l'empêche pas d'exister, sous l'Ancien Régime, dans les petites postes. Il existe une petite poste à Montpellier, d'après Belloc (Les postes françaises, Paris, Firmin-Didot 1886), qui effectuait certainement la distribution à domicile des lettres locales. A partir d'un arrêt du Conseil d'Etat du 31 mai 1786, les bureaux de la grande poste sont autorisés à distribuer les lettres nées dans leur ressort. On retrouve ça dans l'article XX de l'IG de 1792, qui précise qu'un directeur auquel le Directoire ne paye pas de facteur n'est pas tenu de faire porter les lettres à leur adresse, ce qui se conçoit. Les lettres doivent alors être retirées au guichet. Pour la distribution à domicile, les facteurs ne doivent pas monter dans les maisons, ils appellent le destinataire qui vient dans la rue.

Les lettres en poste restante (datées au dos) doivent en porter la mention sur la suscription. Les lettres restantes (non distribuées) sont datées au bout de deux jours. Ce sont deux choses différentes. Les lettres restantes non réclamées sont envoyées aux rebuts.

Bref, une lecture attentive des articles XX et XXII de l'IG de 1792 s'impose, dans un premier temps.

D.

Jean-Samuel a écrit:

a mon sens ne valide pas une distribution mais une mise en instance. 
Qu'en pensez-vous ?

Sinon, oui, je suis d'accord, mise en distribution (ou à disposition au guichet, si tu préfères), datation à partir des deux jours d'instance.

D.

Merci, 

tout à fait d'accord et c'est ce que propose comme interprétation Mr Lauprêtre……………………………. toutefois "à Montpellier" il semble que quelques interprétations aient été faites des textes. 

•  Si nous prenons l'hypothèse de l'existence d'une distribution à cette époque (1795) qui ne soit pas réservée aux services administratifs mais y inclus des particuliers, le négociant "Blouquier" était suffisamment important (et surtout aux vus des pléthores de lettres qui lui étaient envoyées) pour que cette destination soit intégrée dans la tournée d'un facteur (que devait surement posséder le bureau de Montpellier) mais cela pose le problème d'une mise en instance pour "non distribution" car vue l'importance du domaine il devait "toujours" y avoir quelqu'un de présent à la réception du domaine.
  

(Cela laisse deux points à vérifier : l'existence d'une distribution incluant des particuliers et "l'adresse" du domaine vérifiant la possibilité d'être inclus dans un tournée)

•  Si nous prenons l'hypothèse d'une mise à disposition des lettres au guichet, la présence de marques d'arrivée est plus compréhensible lorsque le destinataire n'est pas venu le chercher (voir peut-être ici un paramètre de distance bureau de poste - domaine à rechercher !) ; mais cela indique un interprétation des textes de la datation de la mise en instance, quoique : 
  

En effet si le texte de l'IG de 1792 indique : 
"Toute Lettre qui, après deux jours, n'aura pas été remise à celui auquel elle est adressée, sera dès le second jour annoté, au revers, de l'énonciation du mois dans lequel elle sera arrivée au Bureau" 

La section des "rebuts" indique :
"Toutefois il ne doit remplir la première formalité qu'après avoir épuisé tous les moyens propres à faire distribuer les Lettres ; mais l'annotation du mois doit nécessairement être faite au plus tard deux jours après l'arrivée de chaque Lettre qui pendant ces deux jours n'a pas été remise"

La présence de marques d'arrivée du jour même de l'envoi et de façon "systématique" du jour même de la réception (ici départ de Marseille le 6 et marque du 7 thermidor !) laisse penser que "après deux jours" et "au plus tard deux jours" aient pu être (pour des facilités de traitement ?) interprétés par "le jour de non distribution".

J'espère ne pas "surinterpréter" le document par rapport aux textes …………………………..??  

Jean-Samuel

Bonjour,

Comme le rappelle Doudad, la Ferme des Postes indiquait dans l’Instruction Générale relative au service des Postes de 1792 que « dans aucun cas un directeur n’est tenu d’envoyer distribuer les lettres dans les bourgs et villages qui forment l’arrondissement de son bureau » (IG 1792, 2ème section, article XX). 

Par la suite, il a été demandé aux bureaux dont la recette était supérieure à 2000F de recruter un facteur (Bail du 1er prairial an VI). Cette obligation était enfin étendue aux bureaux simples à partir de l’Instruction Générale de 1808 (article 755).

Je n'ai pas beaucoup fait avancé le schmilblick !

Bonne journée

Grc