Effectivement.
Avant 1760, la poste ne traite pas le service intérieur de Paris. Il y a des boîtes dans les quartiers, mais on n'y relève que le courrier pour la province et l'étranger, et pareillement les facteurs ne distribuent à domicile que les lettres de la province et l'étranger. "
Les lettres qui seront jetées dans les boîtes de Paris pour Paris ne seront point portées à leur adresse, elles seront mises au rebut ...", prévient alors l'Almanach.
La fameuse Déclaration du Roi de 1759 (voir la page des liens sur ce site) entérine la création à Paris d'une "
poste intérieure, extrêmement utile". C'est une régie spécifique, indépendant de la grande poste, qui possède une dizaine de bureaux, des boîtiers, des facteurs, tout ça pour la circulation de Paris pour Paris (et éventuellement la banlieue et même l'extérieur, mais ce n'est pas son but premier).
Elle est absorbée par la grande poste en 1780, mais continue le service de Paris jusqu'à la fin de la décennie, la limite est floue, on connait (Vaillé) un texte de 1788 donnant congé au Trésor du bail du bureau principal de la Petite Poste de Paris, ce qui semblerait indiquer qu'elle n'existe plus au 1er juillet 1788. Mais les lettres de Paris pour Paris continuent de circuler en port payé préférentiel jusqu'en 1795, et les facteurs à recevoir les lettres à la main. Après, il s'agit d'un service commun, identique au service ordinaire pour l'extérieur. Mais un décret de juin 1795 (21 prairial an III) établit un tarif spécial pour les petites postes (y compris pour celles de province), ce qui entretient la confusion sur la continuité de leur existence sur le modèle antérieur.
Le terme est employé systématiquement, y compris par l'Administration, pour désigner le service intérieur des villes pendant quasiment tout le XIXème siècle (et encore parfois au XXème), même s'il ne correspond plus à rien de postalement spécifique (indépendant du fonctionnement de la grande poste).
Ci-dessus une lettre significative pour Clermont en 1833, courrier familial d'un frère pour son frère, en port dû, rien de spécial. L'adresse mentionne un "bureau de la petite poste, rue Saint-Genès". A ma connaissance (mais je ne connais pas tout, loin s'en faut), il n'y a jamais eu de petite poste à Clermont, par contre une boîte de la grande poste y est connue avant 1836, au coin des rues Saint-Genès et Saint-Esprit (centre historique, ces rues existent encore). A l'époque, une boîte pouvait être installée chez un commerçant (un boîtier), il est fort possible que le boîtier de la rue Saint-Genès ait été le sieur Peyronnet, un bottier boîtier, peut-être boiteux.
Bref, il faut distinguer ce que recouvrent les termes. Jusqu'à 1795 (?), la Petite Poste est une régie urbaine distincte du service extérieur, avec ses propres bureaux, facteurs, boîtiers, son
modus operandi. A partir de 1795 (?), il s'agit d'une appellation usuelle désignant simplement la partie urbaine du service général de la poste, sans particularité autre que tarifaire.
A mon humble avis ...
D.