"Déboursé" dans le régime international

Bonjour à toutes et tous,

à force de pointer du doigt des dysfonctionnement ou des étrangetés  , je pourrais (involontairement) laisser croire que, dans les départements réunis d'Italie, la règlementation postale était allègrement bafouée...  

que nenni ! Chaque bureau disposait bien de son exemplaire des IGP, de 1792 puis de 1808 !

Voici un intéressant déboursé : lettre rédigée à Lyon le 2 juillet 1807 et adressée en port dû à Turin, le destinataire devra s'acquitter de 6 décimes à l'arrivée (tarif de 1806 pour une distance de 305 km).

Arrivée à destination, point de destinataire, il est parti pour Milan : le contrôleur annule donc la taxe que le bureau aurait dû percevoir  6  et appose son timbre au verso DBsé. DE TURIN . On trouve aussi le dateur règlementaire  Juilt .









Il y aurait un hic... Turin est préfecture d'un département français, et Milan est la capitale d'un Etat étranger : le royaume d'Italie.

Sauf qu'en 1803 une convention postale a été signée : les usagers de la poste peuvent envoyer entre les 2 Etats leurs lettres complètement en port dû ou complètement affranchies.




Ainsi la lettre poursuit son chemin : au verso le dateur MIL°. LUG° / 10 atteste de l'arrivée à Milano le 10 juillet.
Le destinataire va s'acquitter de 69 centimes de lire ( 69 en haut à gauche de la suscription) et une partie sera restituée à l'office français par l'office milanais suivant les règles définies par la convention : c'est la raison d'être du cachet LR2 frappé faiblement au dessus du timbre de Lyon.


Ouf ! enfin une lettre qui suit le règlement   !  


L.

Mare Nostrum a écrit:

Ouf ! enfin une lettre qui suit le règlement   !  

L.

Bonsoir,

tel Jules C. qui parlait de lui à la 3° personne, je me cite moi-même...


C'eut été trop beau, je m'explique...

L'office milanais dispose de quatre timbres pour mentionner le montant restitué aux postes françaises sur les lettres qui arrivent en port dû, le remboursement à la France étant décroissant :

LR4 pour les lettres mises en dépêche à Paris
LR3 à Lyon
LR2 à Chambéry
LR1 à Turin

... ici une lettre de Lyon qui n'était pas destinée au départ à rejoindre Milan, et qui a été mise en dépêche par Turin... et on y appose à Milan LR2     

Ce n'est pas cohérent, mais cette fois les employés de la poste française n'y sont pour rien !

L.

Voici à quoi ressemble une lettre Turin - Milan (de 1803 celle-ci) :





Le destinataire paie 10 soldi, le Royaume d'Italie n'adopte la lire divisée en 100 centimes qu'avec la loi de finance de 1807.

L.

Bonjour Laurent,

Mare Nostrum a écrit:

L'office milanais dispose de quatre timbres pour mentionner le montant restitué aux postes françaises sur les lettres qui arrivent en port dû, le remboursement à la France étant décroissant :

LR4 pour les lettres mises en dépêche à Paris
LR3 à Lyon
LR2 à Chambéry
LR1 à Turin

Ce n'est pas Milan qui possède et utilise ces timbres, ce sont bien les bureaux d'échange français.
Milan utilise les timbres LI et LT

Emmanuel.

vals59 a écrit:

Ce n'est pas Milan qui possède et utilise ces timbres, ce sont bien les bureaux d'échange français.
Milan utilise les timbres LI et LT

Emmanuel.

Bonjour Emmanuel,

mauvaise formulation de ma part, oui : Milan informe sur la nature exacte des lettres qu'elle transmet (originaires du Royaume ou ayant transité par lui) ; la France indique, elle, la distance parcourue sur son territoire pour avoir le remboursement proportionnel.

ici c'est donc Turin qui a curieusement apposé le LR2... On aurait pu penser que chaque bureau d'échange ne disposait que du timbre relatif à son propre rayon de distance ?

Laurent.

Bonjour Laurent,

Mare Nostrum a écrit:

ici c'est donc Turin qui a curieusement apposé le LR2... On aurait pu penser que chaque bureau d'échange ne disposait que du timbre relatif à son propre rayon de distance ?

C'est probablement Lyon qui a frappé son LR2. On aurait ainsi une lettre qui a fait Lyon-Turin, puis Turin-Lyon en déboursé et enfin Lyon-Milan avec une adresse corrigée.

Emmanuel.

Bonjour,

Turin est une direction composée habilitée à opérer les déboursés, on peut aussi penser que c'est à Turin qu'une connaissance a indiqué la nouvelle adresse du destinataire, et que la lettre a poursuivi son chemin ?


L.

et puis un aller-retour  " Turin - Lyon, puis Lyon (Turin) Milan " ne cadrerait pas avec la date : lettre écrite le 2 juillet, livrée à Milan le 10.

L.

On notera par ailleurs que la documentation sur l'application de cette convention reste lacunaire : on possède le texte de la convention de 1803 mais l'aspect tarifaire reste peu clair ensuite. Les lettres que l'on peut observer présentent des taxations différentes pour une même destination, que ce soit en arrivée dans le royaume d'Italie ou en France.
Et puis la littérature "spécialisée" (E. Ohnmeiss, M. Panza, ...) n'est pas non plus d'une grande clarté, faute de références règlementaires toujours certaines...

Laurent a écrit:

Turin est une direction composée habilitée à opérer les déboursés, on peut aussi penser que c'est à Turin qu'une connaissance a indiqué la nouvelle adresse du destinataire, et que la lettre a poursuivi son chemin ?

OK, le LR2 est logique dans la mesure où c'est une lettre en port dû qui est entrée dans le service à Lyon. Donc la taxe à recouvrer est calculée à partir d'un trajet démarrant à Lyon.
Est-ce que Turin possédait uniquement un LR1? on peut penser que non puisque qu'en tant que bureau d'échange, il devait recevoir des dépêches provenant de Départements éloignés du royaume d'Italie.

La convention dit: "Les lettres non affranchies du premier rayon de la République française (le plus voisin de la frontière de la République italienne) et qui doivent être timbrées LR1 seront payées par l'Office italien à raison de 11 décimes par 30 grammes".
C'est l'origine de la lettre qui doit être la plus voisine de la frontière, pas forcément le bureau d'échange.

Emmanuel.

Voici la carte que l'on trouve, sous une forme ou une autre, dans les ouvrages italiens.

Je ne sais pas quelle en est la source règlementaire exacte...



Bon dimanche,
Laurent.