Rome, 1809 : fonds d'encriers... et chronique d'une mort (postale) annoncée

Bonsoir à toutes et tous,

ci dessous trois lettre postées à Rome dans le second semestre 1809 : la première en août et timbrée en rouge, la seconde en octobre et timbrée en bleu, la troisième en décembre et timbrée en noir.



Point de de blagues, d'esprit fantasque ou de joyeux luron  chez les commis du bureau ex-pontifical... 

Les Etats romains ont été annexés à l'Empire sur une décision de Napoléon au printemps, à l'été les postes de Rome sont passées sous direction française : pour marquer le coup, on leur a fourni un nouveau timbre POSTA DI ROMA... mais manifestement on n'a pas jugé utile de remplir les encriers ! 
Et pour cause, cette structure est en sursis et disparaîtra au soir du 31 décembre pour être remplacée par la poste départementale française le lendemain avec, à terme, le règlementaire timbre 116 / ROME.

L.

Si j'avais une lettre timbrée en vert  , j'aurais les 4 couleurs utilisées durant les 5 mois d'usage de ce timbre.

Bonsoir à toutes et tous,

"et au bureau français de Rome*, alors ?", brûlez-vous de me demander...

Et bien, comme dirait Johnny : noir, c'est noir. Mais au moins le timbre circulaire est-il plutôt original, voire même plaisant : 



Lettre, adressée à Gênes (département français éponyme depuis 1805), rédigée le 9 mai 1809 : elle est confiée au bureau puis au courrier de France à Rome et elle parvient à destination le 14 mai. 

Le bureau de direction de Gênes appose en arrivée le timbre d’entrée ROME PAR GÊNES (et son dateur au verso) et perçoit auprès du destinataire la somme de 6 décimes, port d’une lettre entre Rome et les départements de la 28° Division militaire, conformément au § 2 du décret impérial du 19 septembre 1806 :



L.


* La France entretient un bureau de poste et des courriers près son ambassade à Rome depuis la fin du XVI° siècle (et selon les relations diplomatiques du moment), tout comme les Espagnols, les Génois, les Piémontais, les Toscans, les Autrichiens,... Inutile de dire que le pape fait les gros yeux, mais bon, à ne pas vouloir signer de conventions postales pour un échange réciproque de dépêches, on n'a que ce qu'on mérite.   

Mare Nostrum a écrit:

* La France entretient un bureau de poste et des courriers près son ambassade à Rome depuis la fin du XVI° siècle (et selon les relations diplomatiques du moment), tout comme les Espagnols, les Génois, les Piémontais, les Toscans, les Autrichiens,... Inutile de dire que le pape fait les gros yeux, mais bon, à ne pas vouloir signer de conventions postales pour un échange réciproque de dépêches, on n'a que ce qu'on mérite.   

Bonjour à toutes et tous,

en cette année 1809, seuls deux autres offices étrangers sont encore présents (en sursis en fait) à Rome : la poste de Milan et la poste de Naples.
Sont-elles pour autant "étrangères" ? Le royaume d'Italie, avec Milan pour capitale a pour souverain un certain... Napoléon. Et le royaume de Naples un certain Joseph... Bonaparte. Voilà le pourquoi du sursis qui durera jusqu'au 31 décembre 1809.

En attendant, au bureau romain de la poste de Milan, on timbre "original", le cadre rappelant un peu les enseignes des légions romaines :


Lettre du 21 mai 1807, destinée à Empoli (Toscane) : le courrier de Milan la dépose à Florence avant de poursuivre sa route sur Bologne.

L.

Bonsoir,

après examen du texte de la lettre présentée ci-dessus, je vous en propose un extrait... comme quoi le "sur-tourisme" ne date pas d'aujourd'hui !



Ne croyez pas que nous soyons aussi privés de festivités. Rome regorge
d'étrangers accourus ici du fin fond de l'Italie
pour l'imminente sanctification. Moi qui n'aime pas la foule, 
je la verrai de loin : et puis, il me suffit de voir S. Pierre, et le pape
de me l'imaginer comme dans la description dont
j'ai déjà envoyé un exemplaire à Alessandrini. 


L.

Bonsoir,

je me suis trompé de titre pour ce fil, ce n'est plus Chronique d'une mort annoncée, mais Une journée sans fin ! 

Nous voici au 1er janvier 1810, les bureaux et cachets présentés ci-dessus ont disparu, la Poste départementale française est officiellement activée.

On pouvait donc s'attendre au net et règlementaire timbre 116 / ROME, oui, et bien non, voici ce que l'on trouve :


Lettre de Rome pour Alatri, 30 janvier 1810, port dû de 2 décimes

Pour disposer du 116 / ROME, encore eut-il fallu qu'il fut commandé à temps... et il n'arrivera que début mars, d'où ce cachet provisoire.

La littérature italienne (Oehnmeiss pour ne pas le citer, et d'autres après lui) suggère que l'on a attendu la validation par le Sénat du décret d'annexion pris par Napoleon en 1809 (des fois qu'il refuse de le faire !) avant de lancer la fabrication des griffes.

La vérification des dates contredit cela : la séance du Sénat ratifiant l'annexion a eu lieu le 17 février 1810... et R de Fontaines (DP 81) a retrouvé dans les archives de l'Administration des postes l'ordre de fabrication et d'envoi des timbres : il est daté du 2 février.

L.

Bonsoir à toutes et tous,

j'en parle, j'en  parle, mais telle l'Arlésienne (  ) on ne voit rien venir. Alors le voici, ce timbre 116 / ROME. Je ne l'ai qu'en version PP, mais d'une frappe bien nette :


7 avril 1812, taxe 3 décimes portée au verso. Le conte Curzio Catucci est le frère du maire de Narni.


Le palais Catucci à Narni.

Voilà, Acta est fabula comme disait l'autre.

L.

Bonsoir à toutes et tous,

voilà donc qu'au 1er janvier 1810 l'organisation postale départementale française est officiellement établie dans les ex-Etats romains.



Voici une lettre écrite à Rome le 20 janvier 1810 et adressée à Florence, département de l'Arnò, où elle arrive le 23 (dateur au verso). Comme expliqué ci-dessus, le timbre de type départemental n'est pas encore parvenu à Rome, pourtant direction postale, et on utilise ce modèle provisoire ROME en langue française.
Pour autant, l'entrée en vigueur du tarif de 1806, appliqué dans tout l'empire, n'a pas traînée et a donc été quasi immédiate. 



Lettre de 16 grammes (elle contenait une pièce jointe mentionnée dans le texte) pour une distance de 201 à 300 km, soit 5 décimes x 2,5 arrondis au décime supérieur = 13.


L.